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Les inondations au Pakistan provoquent des « migrations climatiques »

« Il est essentiel de considérer les migrations engendrées par les catastrophes climatiques comme une réalité présente »

Publié le 09 septembre 2022 à 10h00 Mis à jour le 09 septembre 2022 à 10h00 Temps de Lecture 3 min.

En 2010, le Pakistan était ravagé par de terribles inondations, qualifiées par l’ONU de plus grave désastre humanitaire depuis la fondation de l’organisation en 1945. Cette année-là, les personnes déplacées par des catastrophes climatiques atteignaient le nombre de 38 millions, un record qui s’expliquait largement par les déplacements massifs provoqués par les inondations au Pakistan.

Douze ans plus tard, le pays est aujourd’hui ravagé par des inondations dantesques, qui ont submergé un tiers de la superficie du pays, soit l’équivalent de la moitié de la France métropolitaine. Ces inondations, liées à des pluies de mousson exceptionnellement abondantes et à la fonte des glaciers des contreforts de l’Himalaya, suivaient une vague de chaleur exceptionnelle, au cours de laquelle les températures dans le pays avaient régulièrement dépassé les 50 °C. En mars 2021, le Pakistan avait annoncé le lancement d’un plan national d’adaptation, pour améliorer la résilience du pays face aux impacts du changement climatique. Mais que peut l’adaptation face à des inondations qui touchent des dizaines de millions de personnes ?

Fournir une compensation financière

Dans le deuxième volet de son dernier rapport, publié le 28 février, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat avertissait qu’en plusieurs endroits du globe les limites de l’adaptation risquaient d’être franchies : en d’autres termes, qu’il deviendrait impossible de s’adapter, et que l’on aurait d’autre choix que de faire le bilan des pertes et dégâts matériels. C’est cette réalité qui fonde un segment des négociations climatiques abordé il y a un peu moins de dix ans : les « pertes et préjudices » (loss and damage), segment de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui entend chiffrer ces pertes et fournir une compensation financière aux pays touchés.

Si les pays industrialisés ont récemment pris conscience, à la faveur d’événements extrêmes, de la nécessité de développer pour eux-mêmes des politiques d’adaptation, ailleurs dans le monde, c’est la question de l’habitabilité qui est posée par le changement climatique. En 2021, sont 24 millions de personnes ont été déplacées par des événements climatiques, un chiffre auquel il faut ajouter celles qui sont déplacées par des impacts plus progressifs du changement climatique, comme la montée des eaux ou la dégradation des sols. Nul doute que le triste record de 2010 sera battu cette année, cette fois encore en raison de la situation au Pakistan.

Pourtant, nous continuons généralement à appréhender ces « migrations climatiques » comme un risque futur, qu’il serait encore possible d’éviter par une réduction rigoureuse de nos émissions de gaz à effet de serre. Alors que nous voyons systématiquement la question à travers le prisme des projections de centaines de millions de déplacés d’ici au milieu ou à la fin du siècle, ce qui nous conduit à ignorer l’actualité criante de ces déplacements, ou à les regarder comme des migrations d’un type nouveau, distinctes des facteurs traditionnels de migration, que ceux-ci soient politiques, économiques ou culturels.

Changements dans la distribution géographique de la population

L’environnement, pourtant, a toujours joué un rôle majeur dans la distribution géographique de la population sur la planète. Les zones aux sols plus fertiles, ou aux climats plus tempérés, ont ainsi été davantage peuplées que les autres. Et, à travers l’histoire, des catastrophes naturelles ont conduit à des déplacements importants de populations : si la Californie est aujourd’hui l’Etat le plus riche et le plus peuplé des Etats-Unis, elle le doit largement à la migration du Dust Bowl (« bassin de poussière ») qui vit, dans les années 1930, des dizaines de milliers de familles quitter les plaines de l’Oklahoma, de l’Arkansas et du Texas, en raison de la sécheresse, combinée à la Grande Dépression.

Le bouleversement climatique actuel, à l’évidence, compte parmi les perturbations de l’environnement les plus importantes qu’a connues l’humanité : il est donc logique qu’il entraîne lui aussi certains changements dans la répartition géographique de la population, évolutions auxquelles nous ne sommes pas du tout préparés.

La situation dramatique du Pakistan nous montre à quel point il est essentiel de considérer les déplacements de population engendrés par les catastrophes climatiques comme une réalité présente, et non comme une hypothétique crise migratoire en formation. Cette rhétorique est bien plus susceptible d’amener les gouvernements à fermer davantage leurs frontières qu’à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il est contre-productif de considérer la tragédie pakistanaise comme le signe avant-coureur d’une crise à venir : c’est aujourd’hui que des réponses doivent être apportées ; c’est aujourd’hui qu’une gouvernance internationale de l’asile et des migrations doit se mettre en place face à cette réalité.

Si les limites de l’adaptation sont dépassées, c’est alors que des points de rupture sociale peuvent être atteints, qui risquent de faire basculer des sociétés entières dans l’instabilité. C’est la raison pour laquelle le Pakistan ne peut être abandonné à son sort face au défi de l’habitabilité, car c’est au fond la question fondamentale que le changement climatique nous pose à tous : celle de notre capacité à habiter la Terre.

François Gemenne est chercheur en science politique, coordinateur des projets de recherche européens Habitable, sur les conditions d’habitabilité, et Magyc, sur la crise de l’asile en Europe.

Passerell va poursuivre son travail

Passerell vient en aide aux bénéficiaires et déboutés de la protection internationale pour faire connaître et faire valoir leurs droits.

Le Quotidien  7 septembre 2022

L’ASBL Passerell va réussir à maintenir son activité grâce aux dons, même si son équipe a dû être réduite.

L’ASBL Passerell va pouvoir continuer son travail auprès des migrants. L’association avait débuté l’été en annonçant que si elle ne trouvait pas rapidement de nouveaux financements, elle se verrait contrainte de stopper une grande partie de son activité de soutien aux demandeurs, bénéficiaires et déboutés de la protection internationale pour connaître et faire valoir leurs droits. Une campagne d’appel aux dons avait été lancée dans la foulée pour tenter de maintenir à flot les missions de l’association.

Aujourd’hui, Passerell pousse un ouf de soulagement. «Grâce à la mobilisation et aux dons de dizaines de particuliers, entreprises et ASBL, l’association est en mesure de conserver une partie de son activité salariée et ainsi continuer à veiller au respect des droits humains et à accompagner les personnes venues demander la protection internationale au Luxembourg», a annoncé l’association. La présidente Catherine Warin a tenu à remercier toutes les personnes qui se sont mobilisées pour arriver à ce résultat.

Mais le travail de Passerell est toujours en sursis, rappelle l’association. Les dons, «conséquents», n’ont pas permis de conserver l’équipe initiale de trois chargées de projet à temps plein et d’un interprète à temps partiel et, à partir d’octobre, une salariée, assurera seule la supervision quotidienne des missions de l’ASBL. L’association demande à nouveau un soutien des pouvoirs publics afin de pérenniser ses missions de Passerell.

Le gouvernement s’active

Les difficultés de Passerell s’inscrivent dans une problématique plus large, poursuit l’association : ni le ministère de la Justice ni le ministère des Affaires étrangères ne subventionnent à grande échelle des organismes actifs dans la défense des droits humains. «Dans un État qui siège désormais au Conseil des droits de l’homme des Nations unies et qui affiche son ambition de soutenir les organisations qui œuvrent pour le respect des droits fondamentaux, cela nous questionne aujourd’hui sur l’engagement réel des pouvoirs publics à soutenir ces organisations», explique Passerell.

Le ministre Jean Asselborn a précisé, hier, en marge d’une conférence de presse sur l’Ukraine (lire en page 2) que le gouvernement «penche sur la possibilité d’augmenter l’enveloppe financière pour soutenir les associations engagées dans le domaine des droits de l’homme». Un subside de 7 000 euros aurait déjà été versé cet été à Passerell, suivi d’une autre aide financière émanant de la Justice.

Le ministre de l’Immigration a aussi tenu à souligner que l’État prend d’office en charge les frais d’avocat pour chaque demandeur d’asile qui décide de faire un recours en justice contre la décision prise par les autorités luxembourgeoises.

Un sort difficile pour les étudiants africains réfugiés en Ukraine

Luxemburger Wort
Les étudiants sont souvent renvoyés dans leur pays d’origine alors qu’ils ne sont pas assurés d’un retour sûr et stable.

Des dizaines d’Africains fuyant la guerre en Ukraine se battent pour obtenir une protection juridique au Luxembourg, où des procédures longues et complexes les poussent souvent à tenter leur chance ailleurs en Europe.


Refugiados da Ucrânia caminham numa estrada após atravessarem o posto de controlo da fronteira com a Moldávia perto da cidade de Palanca.
4 structures d’accueil pour réfugiés vont bientôt fermer

Soufiane Bouirig – un étudiant marocain en médecine dentaire de 24 ans originaire d’Ukraine – a cherché refuge au Luxembourg juste après le début de la guerre, pensant qu’il serait facile de s’y déplacer parce qu’il parle français.

Mais le Grand-Duché lui a refusé le statut de protection temporaire que l’UE accorde aux réfugiés de guerre. Il a donc déménagé au Portugal, où il a obtenu ce statut, et est sur le point de commencer à travailler comme assistant dentaire.

«J’en avais tellement marre que je ne voulais pas faire appel», raconte Soufiane Bouirig – qui parle russe et ukrainien – dans une interview. Il souhaite toujours retourner à Poltava, la ville de l’est de l’Ukraine où il a étudié, car c’est là qu’il se sentait le plus chez lui.

Faire appel de la décision au Luxembourg aurait signifié une attente d’au moins trois mois, explique-t-il, passés dans différents logements pour réfugiés à travers le pays.

Soufiane Bouirig
Soufiane Bouirig

L’UE autorise les réfugiés de guerre ukrainiens à travailler et à aller à l’école. Ceux qui n’ont pas la nationalité ukrainienne «ne relèveront du régime de protection temporaire que s’ils ne peuvent pas retourner dans leur pays d’origine de manière durable et dans des conditions sûres», a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères en juillet.

 

Au Luxembourg, les personnes originaires d’Afrique et d’autres pays hors d’Ukraine ont beaucoup plus de chances d’essuyer un refus. À la fin du mois de juin, le Luxembourg avait refusé la protection à 108 personnes. Parmi elles, 25 étaient nigérianes, 13 camerounaises, 12 marocaines et 41 autres provenaient d’autres pays tiers.

Ce chiffre contraste fortement avec les 97 % de personnes qui avaient bénéficié de la protection temporaire à la fin du mois de juillet, sur un total de 4.563 réfugiés.

Une grande marge de manoeuvre

Les réfugiés sont convoqués à une réunion pour un premier entretien, et pour un second, en cas de problème. Ils peuvent faire appel d’un refus, mais cela ne leur donne pas le droit de rester au Luxembourg en attendant le résultat.


WO fr , PK Lukraine , Association des Ukrainiens du Luxembourg , vlnr Olena Klopta , Nicolas Zharov , Inna Yaremenko Foto:Guy Jallay/Luxemburger Wort
«Six mois après, c’est toujours aussi difficile»

Les règles laissent au Luxembourg une grande marge de manœuvre pour décider qui peut rester et qui ne peut pas. La notion de «conditions durables et sûres» n’est pas claire, explique Frank Wies, avocat luxembourgeois spécialisé dans les droits de l’homme. Et si la Commission européenne a donné son avis sur la manière d’interpréter cette expression, cette recommandation n’est pas contraignante pour les tribunaux luxembourgeois.

 

Un étudiant africain avait tout vendu pour financer ses études et tous les autres liens avec son pays d’origine avaient cessé à la mort de sa grand-mère. L’affaire a été portée devant un tribunal luxembourgeois, où l’étudiant s’est vu répondre que si «vous pouvez aller en Ukraine tout seul, vous pouvez aussi [retourner] dans votre pays d’origine.»

Les Afghans et les Syriens d’Ukraine ont tendance à obtenir plus facilement la protection temporaire en raison de la violence dans ces pays, souligne Frank Wies.

«Vous devez vous battre»

Kevin Nguefack Tonleu est un Camerounais de 28 ans qui a étudié l’informatique à Kharkiv avant la guerre. Il est arrivé au Luxembourg le 29 mars, où il a dû attendre jusqu’à début juin pour un entretien avec le bureau de l’immigration.

Nguefack Tonleu Kevin, originaire du Cameroun.
Nguefack Tonleu Kevin, originaire du Cameroun.
Photo: D. R.

Le Luxembourg a refusé sa demande et il a dû quitter le pays pendant qu’il faisait appel de la décision. Nguefack Tonleu est maintenant en Allemagne, mais «c’était plus facile au Luxembourg, car je parle français et anglais». Désireux de poursuivre ses études au Grand-Duché, il attend une réponse de l’université.

 

«Vous devez vous battre pour obtenir le statut de protection, vous devez faire tout ce qui est en votre pouvoir», confie de son côté Jean-Badell Tchapda, un étudiant camerounais de 29 ans qui a fui Kharkiv assiégée. Ayant obtenu un statut de protection au Luxembourg avec l’aide d’un avocat, il cherche maintenant à trouver un emploi.

Une chose qui rend la situation plus difficile pour les étudiants est que la politique de l’UE s’adresse aux réfugiés ayant une résidence permanente en Ukraine, dit Frank Wies, ce qui n’est pas le cas de nombreux étudiants étrangers – même si le Luxembourg a tendance à être généreux dans son interprétation des règles en examinant tous les permis de séjour, dit l’avocat Wies.

Les procédures peuvent également être longues pour les 5.000 Ukrainiens qui sont venus au Luxembourg, étant donné que les bureaux de l’immigration sont débordés et que les structures d’hébergement sont presque complètes. Mais presque tous reçoivent le statut de protection.

Frank Wies connaît ainsi un Ukrainien qui n’a pas été accepté. Originaire de Syrie, cette personne avait obtenu le statut de réfugié en Autriche. Il a ensuite déménagé en Ukraine où il a échangé son passeport contre des papiers ukrainiens.

Mohamed Lamine Bakayoko, sa femme et son fils en Ukraine.
Mohamed Lamine Bakayoko, sa femme et son fils en Ukraine.
Photo: Mohamed Lamine Bakayoko

Mohamed Lamine Bakayako, un Ivoirien de 32 ans, a fui la région de Lviv où il est résident permanent, a-t-il dit. Il a laissé derrière lui sa femme ukrainienne, qui voulait rester près de sa famille, dont certains membres combattaient à la guerre – pour découvrir que le Luxembourg lui refusait le statut de protection.

Il avait apporté une copie du passeport de sa femme et son certificat de mariage, mais contrairement à d’autres étrangers qui ont fui l’Ukraine – certains qui «n’étaient même pas mariés» et ne sont venus qu’avec leur petite amie – le Luxembourg n’a pas voulu qu’il reste.

«Il a fallu improviser parce que les choses devaient aller vite», explique l’avocat Wies, ce qui peut expliquer le cas de Bakayoko.

Site du Syvicol au sujet des réfugiés d’Ukraine

L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le 24 février 2022, a suscité parmi les autorités locales et régionales à travers l’Europe et au-delà une vague d’indignation sans pareil.

Dans une résolution, le comité du SYVICOL a fermement condamné cette agression odieuse et appelé les communes à la solidarité et au soutien du peuple ukrainien. De nombreuses communes n’ont pas hésité à s’engager selon leurs moyens pour apporter le plus rapidement possible de l’aide à la population souffrante. Cependant, les hostilités perdurent et l’envergure des destructions ne cesse de croître. Le besoin de support sera donc de long terme.

Sur le plan européen, un certain nombre d’initiatives se sont développées pour permettre aux autorités locales qui le souhaitent de soutenir le peuple ukrainien de différentes manières.

Sur la présente page, le SYVICOL partage avec les communes luxembourgeoises les informations dont il dispose grâce à ses relations avec différentes organisations internationales. Il collabore également avec l’Association des villes ukrainiennes et peut établir le contact entre celle-ci et les communes qui le souhaitent.

Vous y trouverez également des initiatives inspirantes de communes luxembourgeoises ainsi qu’un certain nombre d’informations officielles communiquées par les autorités luxembourgeoises, de même que les coordonnées d’ONG actives en faveur de l’Ukraine.

La page sera constamment tenue à jour, donc n’hésitez pas à la visiter régulièrement.

 

Accès au site en français

Accès au site en anglais

Facilitation de l’inscription

La loi du 22 juillet 2022  abolit la clause de la durée de résidence de 5 ans pour tous les citoyens non-luxembourgeois, qu’ils soient citoyens de l’UE ou venant d’un pays tiers.

Dès maintenant, chaque résident peut participer aux élections communales, quelle que soit sa durée de résidence dans la commune.

Un autre changement important pour renforcer la participation politique concerne le délai d’inscription des ressortissants non-luxembourgeois sur les listes électorales. Le délai d’inscription des ressortissants non-luxembourgeois sur les listes électorales passe de 87 jours à 55 jours avant les élections. 

A noter qu’au Luxembourg Ressortissants de Pays Tiers et citoyens de l’UE ont les mêmes droits de voter et de se faire élire pour tous les postes de responsabilité communale