L’immigration en Europe préoccupe plus d’un Luxembourgeois sur cinq
Virgule 19 décembre
La dernière édition de l’Eurobaromètre, enquête d’opinion réalisée pour le compte de la Commission européenne, dévoile une hausse des préoccupations liées à l’immigration, au Luxembourg et en Europe.
Situation économique, perspectives d’avenir, défis, mais aussi confiance dans les institutions européennes et position quant à l’élargissement de l’Union… Tous les six mois, l’opinion des citoyens des États membres est scrutée dans les moindres détails grâce à l’Eurobaromètre. Au Luxembourg, 504 personnes ont été interrogées entre le 23 octobre et le 17 novembre derniers, et leurs réponses réservent quelques surprises.
À six mois des élections, les Luxembourgeois plébiscitent l’UE
Au chapitre de l’état des lieux, aucun changement n’est à signaler. Malgré l’inflation persistante, neuf personnes interrogées sur dix continuent de percevoir la situation du Grand-Duché comme «bonne», soit la même proportion qu’à l’hiver dernier. Ils sont un peu moins nombreux (86%) à juger que la situation de l’économie luxembourgeoise est «bonne», ce qui place tout de même le Grand-Duché en première place à l’échelle de l’UE. Le Luxembourg se positionne ainsi devant ses voisins qui sont 48% en Belgique, 44% en Allemagne, et seulement 25% en France à juger la situation «bonne» dans leur économie respective. À l’échelle européenne, la moyenne est de 35%.
Concernant l’avenir, résidents luxembourgeois comme européens sont un peu plus partagés. Les répondants luxembourgeois sont 21% à s’attendre à une amélioration de la situation du pays, contre 32% à une détérioration, tandis que 44% pensent que rien n’évoluera dans les 12 prochains mois. Également interrogés sur la situation économique du Vieux Continent, les résidents sont particulièrement pessimistes, 50% pensant que la situation sera moins bonne dans l’année à venir, contre seulement 28% à l’échelle de l’U
Une tendance européenne
D’autres réponses permettent de décrypter cette vision, à savoir les «défis» cités par les résidents. Sans grande surprise, le logement est en pole position des problèmes les plus importants auxquels doit faire face le Luxembourg actuellement. Cette thématique est citée par 53% des résidents. Juste derrière, on retrouve l’inflation (48%), le changement climatique (17%) et l’insécurité (14%). «Ces thèmes ont marqué la campagne des élections législatives, et plus généralement l’actualité, ce qui explique leur prévalence», a commenté Anne Calteux, représentante de la Commission européenne au Luxembourg.
L’immigration arrive en cinquième position des défis les plus importants au Luxembourg selon les répondants, qui ont été 13% à citer cette thématique comme «problème». Par rapport à l’Eurobaromètre de l’hiver dernier, cela représente une hausse de six points de pourcentage. Une augmentation significative de la prévalence de cette problématique se remarque également à l’échelle européenne, puisque l’immigration arrive en deuxième position des défis les plus fréquemment cités (20%, soit une hausse de 11 points de pourcentage).
Les pays voisins du Luxembourg sont dans la même dynamique, 20% des Belges estimant que l’immigration fait partie des problèmes les plus importants auxquels doit faire face la Belgique, soit une augmentation de huit points. La France enregistre pour sa part une hausse de neuf points, passant de 8% à 17%. Mais l’augmentation la plus spectaculaire revient à l’Allemagne, 44% des répondants allemands ayant cité l’immigration comme défi pour leur pays, soit 29% de plus qu’à l’hiver dernier.
Vers une réforme de la politique européenne?
Si les résidents luxembourgeois sont un peu plus d’un sur dix à s’inquiéter de l’immigration au sein des frontières nationales, ils sont davantage à citer ce thème comme étant un défi au sein même de l’Union européenne. Après l’inflation (31%), l’immigration arrive en seconde position des problèmes les plus fréquemment cités par les répondants luxembourgeois, avec 26%. À l’échelle de l’UE, l’immigration est même la plus citée, arrivant ex æquo avec la guerre en Ukraine (28%).
L’inflation inquiète 92% des Luxembourgeois
«Il faut prendre au sérieux et suivre de près cette tendance à considérer l’immigration comme un problème. C’est une question qui va particulièrement nous préoccuper lors des prochains mois, avec les élections européennes, dans un contexte de la montée du populisme en Europe», a réagi Anne Calteux à la lumière de ces résultats.
Alors que la nécessité d’une réforme de la politique européenne en matière d’asile avait notamment été évoquée par Jean Asselborn, ancien ministre des Affaires étrangères et européennes, trois quarts des résidents luxembourgeois se sont prononcés en faveur d’un régime d’asile européen commun (72%). Ils ont été tout autant à se prononcer en faveur d’une politique européenne commune en matière de migration, soit une baisse de 14 points par rapport au baromètre de l’été 2023, tandis que deux résidents du Luxembourg sur dix donnent un avis défavorable à cette proposition. Enfin, sur la question d’un renforcement des frontières extérieures de l’UE avec davantage de garde-frontières et de garde-côtes européens, 68% des répondants du Luxembourg marquent leur accord.
Moins favorable à l’immigration hors-UE
Malgré cette hausse des préoccupations liées à l’immigration, les répondants luxembourgeois restent nombreux à estimer que le Luxembourg devrait aider les réfugiés (89%). Au niveau de l’Union, 72% des répondants partagent cet avis. La majorité des Luxembourgeois (81%) estiment par ailleurs que les réfugiés contribuent positivement au Luxembourg, plaçant le pays en deuxième position, juste derrière la Suède, sur cette réponse. Dans l’UE, seuls 52% des répondants ont marqué leur accord face à cette affirmation.
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Cependant, les répondants luxembourgeois n’éprouvent pas le même désir d’accueil concernant l’immigration des personnes venant d’autres États membres de l’Union européenne (86% d’avis positifs) et l’immigration en provenance de pays situés en dehors de l’Union (61%). À l’été 2023, les résidents du Grand-Duché étaient encore 75% à évoquer un sentiment positif quant à l’immigration hors UE. Malgré cette baisse, seuls 33% des répondants ont affirmé que l’immigration des personnes venant d’un pays tiers leur évoquait un sentiment négatif, contre 50% à l’échelle européenne.