Un budget de 10,5 millions pour le vivre-ensemble
le Quotidien 28 mars 2024
La loi sur le vivre-ensemble interculturel est entrée en vigueur le 1er janvier de cette année et le ministère de la Famille et de l’Intégration met progressivement en place les instruments qui la composent. Dans une circulaire adressée aux communes au début de l’année, le ministre Max Hahn les encourage à signer le «pacte communal du vivre-ensemble interculturel» qui met l’accent sur l’accès à l’information et la participation de toutes les personnes résidant ou travaillant sur le territoire de la commune, ainsi que sur la lutte contre toute forme de discrimination.
Hier, les premiers pactes nouvelle génération ont été signés par treize communes, dont Hesperange – ce n’est pas rien de le souligner eu égard aux déclarations malheureuses de son bourgmestre, Marc Lies, au sujet des «voleurs de poules». La loi initiée par l’ancienne ministre Corinne Cahen introduit des incitatifs financiers pour les communes signataires, une bonne cinquantaine déjà, en incluant les projets pilotes du vivre-ensemble en place depuis 2021.
Le nouveau pacte propose des aides financières qui peuvent être allouées aux communes, comme une subvention annuelle pour les frais d’un coordinateur pacte communal, une subvention pour couvrir les frais de mise en œuvre du pacte communal et une subvention annuelle de cinq euros pour chaque résident de la commune et chaque travailleur transfrontalier dont le lieu de travail se trouve dans la commune et qui est adhérent au pacte citoyen.
Face aux députés réunis en commission à qui il présentait son budget, le ministre Max Hahn confirme que l’enveloppe allouée au vivre-ensemble connaît une augmentation d’environ 45 % en 2024, atteignant ainsi environ 10,5 millions d’euros pour un budget général du ministère qui s’élève à quelque 2,4 milliards d’euros en 2024 et augmente d’environ 10 % par rapport au budget de 2023.
L’ancienne ministre, actuelle échevine aux Affaires sociales qui a la politique d’intégration dans ses attributions, est plus qu’enthousiaste à l’idée de mettre en musique ce qu’elle a posé sur le papier. Corinne Cahen, qui préside aujourd’hui la commission du vivre-ensemble interculturel de la capitale, peut compter sur des membres «hyper-engagés» pour mettre en place un système permettant aux citoyens de signer le pacte. Les actions de sensibilisation vont se mettre en place dans les communes, comme les commissions d’ailleurs.
Les frontaliers peu concernés
La nouveauté de ces commissions consiste à embarquer les frontaliers qui peuvent, eux aussi, représenter une force de proposition pour les questions d’intégration qui les concernent. Force est de constater que, dans la capitale, là où ils sont le plus nombreux, ils ne se sont pas bousculés pour se porter candidats. «Nous avons un membre qui est un ancien frontalier et un autre membre qui ne réside pas dans la commune, mais qui y travaille», détaille Corinne Cahen en admettant que les frontaliers sont les grands absents de la commission.
La création d’un tiers-lieu apparait comme la prochaine étape. «Nous recherchons où l’établir», déclare l’échevine. La commune de Junglinster a déjà le sien, une maison citoyenne qu’elle met à la disposition de l’association Ôpen.
Parmi les instruments de la nouvelle loi figure le Conseil supérieur du vivre-ensemble interculturel qui remplace l’ancien Conseil national des étrangers (CNE). Les candidatures issues des rangs des commissions communales doivent parvenir au ministère d’ici le 31 mars, selon la circulaire du ministère de la Famille. Ce conseil, composé de fonctionnaires, de la société civile et des communes, sera présidé par un représentant de l’État et non plus par un citoyen représentant les étrangers, ce que regrettent certains observateurs, à commencer par la Chambre de commerce.
Elle s’inquiète du remplacement d’un citoyen représentant les étrangers, estimant que ce changement radical «n’est pas en adéquation avec la volonté de renforcer le vivre-ensemble et de permettre la construction d’un avenir commun».