Dignité retrouvée ? 

En théorie, la procédure semble plus «humaine» que ne l’a laissé transparaître la polémique déclenchée en fin de semaine dernière sur l’expulsion de familles des structures d’accueil pour réfugiés. Non, les demandeurs d’asile déboutés n’ont pas seulement cinq jours avant de devoir plier bagage, le délai ultime est fixé à huit jours. Une échéance toujours très raccourcie, mais selon les explications livrées par le ministre Max Hahn, en charge de l’accueil des personnes cherchant refuge au Luxembourg, la période de transition entre le moment où la demande d’asile est rejetée et le jour où les personnes concernées doivent quitter la structure est fixée à 30 jours.

La nouvelle Maison du retour, en réalité des conteneurs installés dans un hall d’exposition, est aujourd’hui censée faire le relais avant que les demandeurs d’asile déboutés quittent le territoire. Le ministre vante le fait que le retour volontaire vers le pays d’origine se fait d’une «manière digne». Les personnes renvoyées sont accompagnées pour obtenir les documents de voyage nécessaires ainsi que pour trouver un logement, un emploi ou une formation. Une aide financière pouvant aller jusqu’à 3 000 euros par personne ou 4 500 euros par famille est aussi accordée.

La réalité est bien plus dure. Tous ces dispositifs n’ont pas empêché qu’une mère avec ses deux enfants se soit retrouvée à la rue, en plein hiver et sans véritable soutien de la part des autorités. Le ministre Max Hahn a attendu la fin de sa réponse à une question parlementaire des pirates pour annoncer qu’il accordait un sursis à cette famille. Par écrit, et non pas face à la Chambre, lorsque les députés de quatre partis d’opposition ont tenté en vain, mercredi soir, de forcer le gouvernement à stopper toute expulsion de personnes vulnérables des structures d’accueil de l’État.

L’État est dans son droit d’expulser des demandeurs d’asile déboutés. Une nouvelle fois se pose toutefois la question de savoir si la communication est défaillante ou si l’exécutif conservateur-libéral a voulu cacher une application plus stricte des règles sur l’immigration. Il faudra plus que la promesse du ministre d’«augmenter la qualité de vie des plus vulnérables» pour réparer le mal qui est fait.