Combattre le sans-abrisme et non les sans-abris !

Avec la fermeture de la « Wanteraktioun » à partir du 15 avril 2025, qui a offert à 300 personnes un logement d’urgence pendant les mois les plus froids de l’année, autant de personnes démunies se retrouvent à nouveau à la rue.

Ceci constitue la  parfaite illustration du manque de politique prévenant le sans-abrisme au Luxembourg.

A l’heure actuelle, le Luxembourg ne dispose d’aucune analyse du phénomène du sans-abrisme, qui gagne pourtant du terrain à vue d’œil. Déjà les chiffres issus des recensements sont partiels et contestés par les acteurs du terrain. Quant à une stratégie nationale contre le sans-abrisme, on la cherche vainement et le plan d’action national contre la pauvreté promis par le gouvernement se fait toujours attendre.

Cela dans un pays où le risque de pauvreté touche à présent une personne sur cinq et un enfant sur quatre, où le logement social est une denrée rare, où on arrive à 15 expulsions par mois en moyenne, où le nombre total de logements « housing first » atteint tout juste 46 unités et où il faut attendre des mois pour accéder à un lit dans un centre d’hébergement. À noter que l’accès à ces centres est réduit aux personnes bénéficiant de droits sociaux au Luxembourg, laissant de côté toute une population de migrants pauvres, mais aussi de résidents qui n’ont plus d’adresse et qui, pour cette raison, n’ ont pas accès au REVIS non plus. Toutes ces personnes sont donc bien forcées de dormir à la belle étoile.

Quant au centre « Don Bosco » au Limpertsberg et à l’ancien bâtiment « Creos » à Mersch, pour lesquels l’État exige un loyer de la part des résidents, ils sont qualifiés depuis longtemps « dans un état pitoyable » et « non-conformes aux normes exigées par le Haut-Commissariat pour les réfugiés ».

Faut-il rappeler que les représentants politiques des pays membres de l’Union européenne, dont le Luxembourg, ont signé le 21 juin 2021 à Lisbonne une déclaration ayant pour objectif l’éradication du sans-abrisme jusqu’en 2030 ?

Il est donc urgent

  • d’établir des statistiques précises et fiables sur le sans-abrisme dans notre pays,
  • de mettre en place des structures suffisantes pour satisfaire les besoins primaires des sans-abris (nourriture, hygiène de base, vêtements, soins médicaux),
  • d’abolir les lois et règlements qui soumettent l’accès à l’aide sociale et médicale à la condition de disposer d’une adresse officielle,
  • de développer des aides bas-seuil couvrant les trois sphères essentielles de la vie : logement, travail et vie sociale .

Nous constatons avec consternation que la réaction actuelle du gouvernement à la montée du sans-abrisme et de la pauvreté se résume au projet de loi « Platzverweis renforcé » visant à bannir les mendiants et les sans-abris des centres urbains par les mesures liberticides d’éloignement et d’interdiction de lieu.

Ainsi, au lieu de combattre la mendicité, ce gouvernement tend à combattre les mendiants et au lieu de combattre le sans-abrisme, ce gouvernement tend à combattre les sans-abris.

C’est honteux !

Communiqué par « Solidaritéit mat den Heescherten »                         Luxembourg, le 17 avril 2025