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Des livres pour les jeunes Ukrainiens

  • Plus d’une centaine de livres ont été remis à la bibliothèque créée pour les réfugiés ukrainiens au Rollingergrund.

RUHelp – Russians against the war, ASBL luxembourgeoise qui aide les personnes touchées par la guerre en Ukraine, a fourni des livres et jeux de société à une bibliothèque créée pour les réfugiés ukrainiens dans des locaux mis à la disposition par la Ville de Luxembourg au Rollingergrund. Avec le soutien du ministère de la Culture, la bibliothèque, qui représente un lieu d’accueil et d’accès à la culture pour les réfugiés ukrainiens, a été officiellement inauguré le 15 juin. Avec le soutien d’Olga Alexandrova, l’une des 100 écrivains ukrainiens les plus vendues, également réfugiée de la guerre au Luxembourg, des livres en ukrainien ont été commandés à la Fondation «Library Krajina» basée à Kiev, dont 384 sont des livres pour enfants, 378 livres du programme scolaire et 183 classiques de la littérature mondiale. Les livres, d’une valeur totale de près de 5 000 euros, ainsi que 32 jeux de société d’une valeur de 940 euros, ont été achetés grâce aux recettes du concert caritatif d’Alena Beava et Vadym Kholodenko, organisé par RUHelp le 29 avril dernier.

À la mi-avril, le ministre des Affaires étrangères, de l’Immigration et de l’Asile, Jean Asselborn, faisait état d’environ 3 000 réfugiés ukrainiens, dont 1 000 enfants en âge d’être scolarisés, présents sur le territoire luxembourgeois, qui ont fui leur pays depuis l’offensive russe en Ukraine. L’Organisation internationale pour les migrations indique que les personnes réfugiées ont généralement plus de risques de souffrir de dépression, d’anxiété et de trouble de stress post-traumatique. L’association luxembourgeoise RUHelp – Russians against the war a décidé de soutenir une bibliothèque pour les réfugiés ukrainiens, en mettant la priorité aux enfants, afin de leur offrir un lieu d’évasion et de réconfort. L’association précisait par voie de communiqué que «RUHelp – Russians against the war rassemble des personnes qui s’opposent fermement à la terrible guerre déclenchée par le régime du président russe et sont prêtes à faire ce qui est en leur pouvoir pour l’arrêter et soutenir les personnes touchées par celle-ci. Nos membres estiment qu’il est primordial d’assurer un lien avec la culture aux personnes qui fuient l’invasion russe, et plus spécifiquement les enfants. La bibliothèque offre un accueil chaleureux, un endroit sûr, où les livres ont pour rôle d’offrir un moment d’évasion et de répit au milieu des épreuves».

Une bouffée d’air en été pour les réfugiés

21 août 2021 Le Quotidien

Marion et Julie font part de l’enthousiasme des réfugiés à participer aux ateliers d’été organisés par Passerell.

Photo : alain rischard

À l’angle de la rue de Strasbourg, dans le centre culturel Gare, l’ambiance est particulièrement studieuse pour un mois d’août. Face à un tableau blanc, une vingtaine d’élèves suivent consciencieusement un cours de français ciblé ce jour-là sur les prépositions : à, dans, sur… Très concentrés, masque sur le nez, tous prennent des notes et s’appliquent à comprendre les subtilités de la langue française, expliquées parfois au moyen de l’anglais, qu’ils semblent déjà maîtriser. De l’autre côté du tableau, ils sont moins nombreux, c’est le cours d’anglais justement. Dans une autre salle se déroule également un cours de luxembourgeois ainsi qu’un second cours de français, avancé celui-là.

C’est la sixième année consécutive que l’ASBL Passerell organise ces «Ateliers d’été», des cours et des activités destinés aux réfugiés, que ceux-ci aient obtenu le statut, qu’ils soient en procédure ou qu’ils aient été déboutés. Quatre après-midi par semaine, pendant 2 h à 2 h 30, ils ont rendez-vous au centre culturel pour suivre des cours de la langue qu’ils auront choisie : français (c’est le cours le plus plébiscité), luxembourgeois (qui affiche également complet) et anglais.

Ce dernier cours suscite peut-être un peu moins l’enthousiasme, pour la simple raison que «beaucoup parlent déjà anglais, au moins un minimum», indique Marion Dubois, chargée de projets à Passerell, qui a elle-même donné des cours de langue au sein de ces ateliers par le passé. Le français est par contre «de loin la langue le plus prisée», puisque c’est celle qu’on leur apprend à leur arrivée au Luxembourg et qui semble être la langue administrative la plus utilisée à leur égard. «Souvent, une fois qu’ils maîtrisent le français, ils suivent alors les cours de luxembourgeois.»

La pratique avant tout

Les cours sont donnés avec «une approche sur mesure», explique Julie, chargée de coordonner tous les ateliers cette année et à qui il arrive quelquefois de dispenser des cours de français et d’anglais. «On leur demande parfois s’ils ont des thématiques particulières qu’ils aimeraient aborder et il y a souvent consensus en fonction de leurs besoins, des situations qu’ils rencontrent tous les jours. Ce qu’ils veulent surtout, c’est de la pratique, car dans les centres de formation ou les lycées, ils ont déjà une approche plus théorique des langues.»

Pour travailler avec des élèves d’horizons différents, les bénévoles se servent de polycopiés établis par Passerell, mais aussi de moyens détournés, comme la musique. «On leur apprend beaucoup de choses à partir de chansons, car cela favorise l’apprentissage pour l’esprit humain. Par exemple, je leur ai appris le son “u”, typique de la langue française, avec des chansons. Quelle fierté quand ils ont su le prononcer après deux heures de cours!», lance Julie, tout sourire.

La méthode fonctionne indéniablement : en quelques semaines, les «français débutants», qui pour certains ne connaissaient pourtant pas même l’alphabet, sont désormais capables de faire des phrases simples, de différencier le singulier du pluriel, le féminin du masculin… Et peuvent ainsi mettre en pratique ce qu’ils ont appris dans leur vie quotidienne. «On leur donne beaucoup de vocabulaire courant, qu’ils vont pouvoir utiliser rapidement», confirme Julie.

Yosef, 20 ans, est érythréen. Lui-même a suivi les cours de Marion Dubois au cours des ateliers d’été l’an dernier. S’il ne parlait pas un mot de la langue de Molière lorsqu’il les a commencés, aujourd’hui, il s’exprime avec une certaine fluidité dans cette langue qu’il a choisi d’apprendre, car elle s’avère très utile pour «la vie de tous les jours : acheter des choses, travailler». Il fait d’ailleurs partie des trois «jobs étudiants» qui ont pu être recrutés cette année grâce au soutien de l’Œuvre Grande-Duchesse Charlotte et de la Ville du Luxembourg.

Créateur de lien social

Parler des films qu’ils ont vus, de ce qu’ils ont fait durant leur journée… Il s’agit bien sûr d’apprendre durant ces ateliers, mais aussi d’échanger, encore et toujours, malgré les différences culturelles. «En cours de français avancé, j’avais beau expliquer un concept à un monsieur, il ne le comprenait pas. Un élève le lui a expliqué avec ses mots à lui, alors qu’ils sont tous deux de nationalité différente, et il a compris! Car ils se retrouvent dans le même processus. Les cours sont vraiment un lieu d’échange, les élèves se posent des questions sur leur pays d’origine, trouvent les points communs dans leurs langues. Jusque-là, cela s’est toujours fait dans le respect et la bonne humeur. On passe vraiment de très chouettes journées», témoigne Julie.

Les élèves qui suivent les cours sont représentatifs des populations exilées au Luxembourg : Érythréens, Afghans, quelques Syriens, Ivoiriens ou Nigérians… «La plus jeune a 13 ans, le plus âgé, la quarantaine» indique Julie. Mais le gros des troupes est constitué d’adolescents, qui apprennent visiblement à une vitesse déconcertante. «Les jeunes absorbent tout très vite!»

Ali, 14 ans, venu d’Afghanistan, arrive justement au centre culturel avec deux copains. Il a décidé de participer à ces ateliers d’été, quand bien même il va déjà à l’école le reste de l’année. «On voulait apprendre à parler encore mieux français! Il y a des verbes que je ne maîtrise pas», témoigne-t-il avec enthousiasme.

Il faut dire aussi que venir aux ateliers est une excellente occasion de sortir du foyer, de la routine, de se retrouver. «Ces ateliers sont de bons créateurs de lien social», confirme Marion Dubois. «Vivre en foyer, c’est déjà très pesant, mais être assigné à résidence, dans un endroit hostile comme la SHUK au Kirchberg, l’est encore plus. C’est donc une bouffée d’air pour eux.»

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en dépit de la mise en suspens de nombre de ses activités, l’ASBL Passerell a tout fait pour maintenir l’an dernier ses ateliers d’été, dans le respect des mesures sanitaires bien sûr. «La pandémie a été dure pour tout le monde, mais tout particulièrement pour eux», rappelle Julie.

Après l’effort, le réconfort! La fin de la semaine est toujours axée sur des moments plus détente lors des ateliers de Passerell. Le vendredi est ainsi dévolu aux sorties. Les apprenants ont pu se rendre cet été à l’Escher Déierepark, au Parc Merveilleux à Bettembourg et au Luxembourg Science Center à Differdange – «ils ont adoré!», souligne Julie.

La semaine dernière, ils sont tous allés au cinéma, dans une salle entièrement privatisée, pour voir le film Jungle Cruise. «C’est un Disney, donc relativement facile à comprendre et, surtout, pas violent», précise Julie. Cette semaine, ils devaient visiter la capitale. Le 27 août, dernier jour de ces ateliers 2021, tous se rendront à la Schueberfouer. «Ils avaient des étoiles dans les yeux lorsqu’on le leur a proposé!, raconte Julie. D’autant que l’an dernier, cela n’avait pas été possible.»

Participer à l’intégration des réfugiés

«Mine de rien, on les aide. Un des réfugiés que nous avons eus est reparti dans un autre pays. À son arrivée ici, il ne parlait aucune autre langue que la sienne et comme il ne savait pas où il allait repartir ensuite, on lui a appris une langue qu’il pourrait parler n’importe où, en l’occurrence l’anglais. Il m’a récemment envoyé un message pour me remercier de le lui avoir appris», fait savoir Julie. «Contrairement à tous les clichés que les gens pourraient avoir, les réfugiés qui participent à nos ateliers sont incroyablement gentils, respectueux et serviables»,poursuit la jeune femme, qui retire beaucoup de satisfaction à mettre en place les ateliers pour les réfugiés. «J’ai l’impression de les avoir aidés à ma manière, d’avoir fait le bien autour de moi, à mon niveau bien sûr, et d’avoir contribué à leur intégration, au moins pour une petite partie.»

La réputation des ateliers d’été de Passerell n’est plus à faire et leur succès va croissant. Plus de 150 personnes s’y sont inscrites en 2021. «On espère que ça durera le plus longtemps possible!», lance Marion Dubois.

Hariko, «une maison ouverte à tout le monde»

Le Quotidien 3 mai 2021

Ces deux projections m’ont un peu bouleversée… » Marianne Donven ne cache pas une certaine émotion en évoquant Hariko et le documentaire intitulé Hariko Monument – une histoire d’art et d’inclusion , réalisé par Laetitia Martin et projeté mercredi et jeudi derniers au Kinepolis Kirchberg. « Certains spectateurs avaient les larmes aux yeux , confiet-elle. Certains n’avaient pas compris tout ce qu’on faisait à Hariko. Et d’autres nous ont demandé pourquoi un tel lieu n’existe plus en Ville »
En septembre 2015, bâtiment du 1 Dernier Sol à Luxembourg-Bonnevoie – qui abritait auparavant Sogel – reprend vie en accueillant le projet Hariko. Le «Gramsci Monument» réalisé par l’artiste suisse Thomas Hirschhorn dans le Bronx en 2013 est la principale source d’inspiration du projet Hariko, porté par Marianne Donven et la Croix-Rouge luxembourgeoise. La philosophie est simple : rendre l’art accessible à tout le monde. Hariko consiste à créer un lieu de création artistique, de réflexions et d’échanges. À travers des ateliers animés par des artistes, il offre un accès à diverses formes d’expression artistique à des jeunes âgés de 12 à 26 ans issus de milieux défavorisés, ainsi qu’à des jeunes attirés par le projet. Peintres, graffeurs, illustrateurs, danseurs…, au total une trentaine d’artistes – comme Sumo, Sophie, Medawar, Stick, Lucie Majerus, Victor Tricar, etc. – prennent part au projet dès le début et mènent des ateliers à destination des jeunes. Très vite Hariko compte plusieurs centaines de membres. « C’est une maison ouverte à tout le monde », rappelle Marianne Donven.


Pendant deux ans, Laetitia Martin a filmé la vie du Hariko de Bonnevoie pour en faire un documentaire.


Le Hariko offrait, à Bonnevoie, un accès à diverses formes d’expression artistique à des jeunes âgés de 12 à 26 ans.

Au cours de l’année 2016, Laetitia Martin découvre Hariko. « À ce moment, je veux réaliser un pilote sur Sophie Medawar (NDLR: artiste plasticienne) dans le cadre d’un pilote sur des artistes féminines européennes , raconte la réalisatrice. Elle a son atelier à Hariko. Et là, j’arrive dans ce lieu… Un lieu authentique où on agit, un lieu qui permet de trouver le meilleur des gens. Un lieu qui remplit un rôle d’inclusion dans la société luxembourgeoise. À chaque fois, j’ai envie d’y retourner. »

«L’art par l’inclusion ou l’inclusion par l’art»
L’idée d’un documentaire s’impose très vite à Laetitia Martin. Elle pose sa caméra à Hariko et y filme la vie du lieu : « J’ai 1 000 heures de rushes… » « Des passerelles sociales se sont créées au Hariko , estime la réalisatrice. Hariko c’est l’art par l’inclusion ou l’inclusion par l’art. Les jeunes ont pu découvrir et connaître d’autres codes. Il y a eu des projets ambitieux qui ont été réalisés comme des pièces de théâtre ou des spectacles de danse. Il y a eu des vrais échanges entre les artistes et les jeunes de tous les horizons. J’ai aussi constaté que l’art pouvait entrer dans la vie et aussi être une question de survie. »
Au fil des ans, Hariko est un peu devenu « une maison de la cohésion sociale, un lieu de rencontres et d’échanges entre les jeunes qui arrivent et ceux qui sont déjà là, souligne Marianne Donven. L’art se prête bien à créer un espace de rencontre pour les gens de tous les horizons ».
Mais l’une de ses caractéristiques dans l’acte de naissance de Hariko était son côté éphémère. Au départ, le bâtiment était laissé à disposition pendant un an. Mais de prolongation en prolongation de la mise à disposition du bâtiment, Hariko est resté à Bonnevoie jusqu’à la fin de l’année 2018. Et Laetitia Martin aussi. « Dès le départ, ma volonté était de rester jusqu’à la fin. » Et la réalisatrice a tout capté de ces derniers moments…. Après les deux projections de la semaine dernière au Kinepolis du Kirchberg, le documentaire Hariko Monument – une histoire d’art et d’inclusion (82 minutes) pourrait être prochainement projeté ailleurs dans le pays voire dans des écoles et peut-être ailleurs : « Le documentaire est là pour donner des idées à d’autres en Europe », estime la réalisatrice.
Aujourd’hui le projet Hariko est toujours présent dans le pays à Eschsur-Alzette et à Ettelbruck ( lire encadré ), mais plus à Luxembourg. « La ville est un carrefour , souligne Laetitia Martin. C’est dommage que la capitale se prive d’un tel lieu unique. Un lieu de rendez-vous ouvert et chaleureux. Un lieu où on n’est pas en train de catégoriser ou d’orienter les jeunes. Un lieu de liberté.»