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“La prise en charge mentale des migrants est absolument vitale”

Wilma van den Boogaard est infirmière, coordinatrice médicale pour Médecins sans frontières et chercheuse opérationnelle au sein de LuxOR (Luxembourg Operational Research), l’unité de recherche opérationnelle de MSF qui participe au développement de la recherche médicale sur le terrain. Elle a mené de nombreuses missions à l’étranger, la dernière en date fut au Liban de 2017 à 2019 dans un camp palestinien où vivent de nombreux réfugiés syriens. Elle a également participé à une étude sur la santé mentale des migrants dans le camp de Moria, en Grèce. Wilma van den Boogaard témoigne des difficultés psychologiques rencontrées par ceux qui ont dû fuir leur pays d’origine et se sont retrouvés coincés dans des camps.

Interview dans Le Quotidien 22 juillet 2021

Soins gratuits : «Un silence assourdissant»

  • Le «Ronnen Dësch» ne souhaite pas de discussions stériles, mais un passage à l’acte concret.

    Photo : archives lq/pierre matge

Treize organismes de la société civile regroupés au sein du groupe de travail «Ronnen Dësch» demandent une couverture sanitaire universelle dans une lettre ouverte adressée à divers ministères et à l’ensemble des parlementaires. Une réponse se fait encore attendre. «Nous avons conscience qu’ils sont occupés à régler les problèmes liés à la pandémie, note Serge Kollwelter du «Ronnen Dësch». Cependant la situation actuelle montre l’importance de l’accès à la sécurité sociale et aux soins pour tous.»

Le sujet n’est pas neuf. Il est inscrit au programme de coalition. Et pourtant, rien ne bouge. «Ce n’est pas un sujet porteur en termes politiques. Il ne concerne que très peu de personnes et ne demandera pas de dépenses extraordinaires», poursuit Serge Kollwelter. Ignorer ces personnes sous prétexte du nombre ou de leur origine peut cependant, à terme, entraîner un problème de santé publique. «Ces personnes risquent de développer des pathologies dont les traitements vont être onéreux et gréver le système de santé», estime-t-il. Le groupe propose une Gesondheetshëllef, un fonds de solidarité, financée par le budget de l’État, qui permettrait de garantir ces soins gratuits.

Le nombre de personnes concernées est une nébuleuse en permanente évolution : personnes au tiers payant, sans-abri, jeunes entre 18 et 25 ans sans emploi, personnes en situation irrégulière… Les profils sont divers. «Il faut avoir une adresse pour avoir une couverture sociale et cotiser. En ce moment, la CNS tolère les adresses de correspondance auprès d’associations, mais il faut une base légale. Il suffit de changer de gouvernement pour que cette tolérance s’arrête», explique Serge Kollwelter.

Quant aux jeunes, pour toucher le Revis (revenu d’inclusion sociale), il faut être âgé de 25 ans minimum. «Un jeune qui n’a ni famille ni formation en cours est livré à la générosité des offices sociaux. Les cotisations sur base volontaire devraient être prises en charge par les offices sociaux. Le ministère de la Famille devrait faire en sorte que les prestations de base soient les mêmes dans toutes les communes, poursuit-il. Il faut plus qu’une recommandation.» Cette situation touche également les jeunes réfugiés.

La santé publique en jeu

Sans couverture sociale, pas de suivi médical préventif possible, de traitement ou de prise en charge d’urgence. Des gens meurent sur nos trottoirs. «Le problème est (re)connu. Nous attendons que la politique passe à l’action, indique Serge Kollwelter. Nous avons été patients assez longtemps. Ce silence assourdissant de la part des décideurs commence à poser question.» La pandémie à elle seule ne peut pas être une réponse.

Pas de couverture sociale, c’est également faire une croix sur des traitements pour des pathologies psychiques. «Nous attendons depuis longtemps déjà que les consultations chez les psychologues soient prises en charge par la Caisse nationale de santé», ajoute Serge Kollwelter, qui rappelle que la lettre ouverte fait également état de la question de l’interprétariat en matière de soins : «La langue pratiquée par les médecins peut ne pas être la nôtre. Quand on va chez un médecin, on a envie de bien comprendre et d’être bien compris. La Croix-Rouge a un service d’interprétariat, mais il est payant.» Dès lors, comment s’offrir un tel service quand on n’a déjà pas ou à peine les moyens de s’offrir des soins? Les soins de santé ne se résument pas à prescrire des médicaments.

«Nous voulons que les personnes exclues du système de santé ou qui ont du mal à y accéder puissent obtenir de l’aide. Nous ne voulons pas créer une polémique. C’est une question de santé publique avant tout, précise-t-il. Si ces personnes sont en bonne santé, elles ne risquent pas de nous rendre malades.» Le «Ronnen Dësch» ne souhaite pas de discussions stériles, mais un passage à l’acte concret. «La santé de chaque individu a un impact sur celle de toute la société.»

Lettre ouverte aux Ministres Asselborn, Cahen, Lenert et Schneider

Les associations regroupées au sein du groupe de travail SANTE du Ronnen Desch ont adressé une lettre ouverte aux 4 Ministres directement concernés par la Couverture Sanitaire Universelle.

Elles y présentent leur propositions et renouvellent leur disponibilité de dialogue.

Echos de presse :

Webinaire : Migration et Santé Mentale

Webinaire Médecins Sans Frontières Jeudi 20 mai 2021 à 18h30 – en ligne

Migration et santé mentale – Modalités thérapeutiques de prise en charge des principales sources de troubles mentaux dans les populations migrantes

Intervenants

  • Docteur Al Chaabani Souheil, psychiatre et ethno-thérapeute et professeur d’ethnopsychiatrie à la HEPL (Haute-école de la Province de Liège)
  • Mme Maïssa Al Chaabani, psychologue clinicienne et transculturelle
  • Mme Wilma van den Boogaard, Operational Research Advisor LuxOR (Unité de recherche opérationnelle à Luxembourg)

Modération

  • Roger Martinez-Dolz, directeur général de Médecins Sans Frontières à Luxembourg.

Programme

Au cours de ce webinar, vous en apprendrez plus sur :

  • Les principales sources de désordre mental dans les populations migrantes et exilées
  • Les motivations et les trajectoires de l’exil et du déplacement
  • Les modalités de prise en charge, comme les situations transculturelles par exemple
  • Le tout sera illustré par des exemples de prise en charge par MSF au travers de traumatismes sur les chemins et dans les pays transitoires.

En fin de webinar, vous aurez l’opportunité d’échanger avec les intervenants et d’en apprendre plus sur la prise en charge des patients.

Informations & inscriptions : cliquez ici https://msf.lu/fr/actualites/au-luxembourg/webinar-migration-et-sante-mentale

Création d’un Observatoire National de la Santé

La Loi du 2 mars 2021 créé l’Observatoire National de la Santé avec les objectifs suivants:

Art. 2. (1)L’Observatoire a pour missions :

1° d’évaluer :
a) l’état de santé de la population en termes de morbidité et de mortalité ;
b) les comportements à risque de la population en améliorant la connaissance de l’information sur les déterminants de la santé ;
c) la qualité, l’efficience et l’accessibilité du système de santé et d’identifier les inégalités de santé entre les différents groupes de population.
2° d’étudier l’évolution et l’adéquation des ressources en professionnels de la santé intervenant au sein du système de santé pour répondre aux besoins sanitaires de la population.
3° de publier et diffuser :
a) les informations sur l’état de santé de la population et le système de santé résultant de l’évaluation effectuée par l’Observatoire ;
b) les résultats des études relatives aux ressources en professionnels de la santé.
4° de proposer au ministre les priorités de santé publique visant à améliorer l’état de santé de la population, le système de santé et l’état des ressources en professionnels de la santé.
5° d’établir la carte sanitaire visée à l’article 3 de la loi du 8 mars 2018 relative aux établissements hospitaliers et à la planification hospitalière.

(2)Afin de pouvoir exercer les missions déterminées au paragraphe 1 er, l’Observatoire :

1° définit un tableau de bord d’indicateurs, de préférence comparables au niveau international ;
2° centralise les informations et les données disponibles ;
3° réalise des analyses et élabore des études ainsi que des rapports.

Contribution de la Coordination du Ronnen Desch à la consultation nationale sur l’intégration

Lettre introductive :  ( le document complet : ici )

 

Luxembourg, le 24 novembre 2020

Madame Corinne Cahen                                                                                                                                Ministre de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région

Madame la Ministre,

La coordination du Ronnen Desch vous remercie de l’avoir consultée en vue de la relance de la politique d’intégration.

Nous vous prions de bien vouloir noter que la présente contribution relève de la seule responsabilité de la coordination du Ronnen Desch et ne saurait engager d’aucune manière les nombreuses personnes et organisations participant aux plénières ou à des groupes de travail.

Nous avons intégré des éléments soulevés lors de plénières, respectivement celles qui nous sont parvenues suite à la diffusion de votre appel à la consultation.

Ceci dit, permettez – nous quelques remarques d’ordre plus général:

  • Notre contribution propose un éventail de réflexions et d’actions à approfondir et n’a pas la prétention d’être exhaustive.
  • L’intégration a une dimension holistique soulignée par les nombreux Ministères qui sont concernés, selon la composition du comité interministériel il s’agirait de pas moins de 13. Dès lors la présente contribution en concerne plusieurs ainsi que d’autres acteurs officiels et de la société civile. Nous estimons qu’une politique d’intégration multifactorielle comprenant de nombreux acteurs mérite un pilote, à savoir un.e responsable politique à la tête d’un comité (interministériel) ouvert à la société civile, comme c’est le cas pour le comité interministériel de la coopération. Ce comité pourrait être accompagné d’un Conseil Supérieur de l’Intégration indépendant à l’instar du Conseil Supérieur du Développement Durable.
  • La publicité de toutes les contributions à la présente consultation nous semble indispensable, d’une part par souci de transparence, d’autre part pour permettre aux parlementaires d’en prendre connaissance en vue du débat d’orientation que vous souhaitez à la Chambre des Députés.

Permettez – nous d’exprimer le regret de l’absence d’éléments d’évaluation (intermédiaire) des programmes et projets en cours notamment du PAN Intégration: ils auraient pu éclairer toutes celles et tous ceux appelés en consultation et faire valoir tout ce qui se fait d’ores et déjà en matière d’intégration.

Encore un souci transversal, à savoir la prise en compte des questions de genre et de sexualité, et surtout les questions des minorités sexuelles et de genre, dans les réflexions, les actions et les politiques d’intégration. Une politique qui veut “repenser et de redessiner la politique d’intégration au Luxembourg” se doit aussi de penser et d’intégrer les difficultés et les réalités des personnes LGBTIQ+ (migrantes, luxembourgeoises, non-luxembourgeoises, DPI/BPI) dans ses démarches – de la conception, à la budgétisation, de la mise en oeuvre jusqu’à l’évaluation des dispositifs et des mesures destinés à favoriser l’intégration de toutes les personnes qui vivent sur le territoire du Luxembourg.

Vous trouvez ci – dessous un tableau qui établit quelques constats dont découlent certains défis qui demandent des réponses. Une évaluation de tous les domaines nous semble indispensable de même qu’un relevé actualisé de la mise en œuvre des différents aspects de la politique d’intégration.

Avec nos salutations très distinguées,

La coordination du Ronnen Desch

 

«On meurt encore dans la rue»

Il est mort dans mes bras cet hiver» , avait répondu Steve (nom d’emprunt), marginal idéaliste, alors que je m’inquiétais il y a quelques mois de ne plus avoir croisé Bernard, un sympathique sans domicile fixe qui avait élu domicile dans le quartier quand il ne traînait pas devant l’Alma Bourse. «Un truc aux poumons» , avait précisé Steve. Sa petite bande et lui ont ramené Bernard chez eux et l’ont veillé jusqu’au bout parce que personne ne doit mourir seul dans la rue. Malheureusement, qui dit en marge de la société, dit en marge des systèmes de soins et de santé. Une réalité contre laquelle Médecins du Monde se bat par des actions concrètes au quotidien et en revendiquant la couverture sanitaire universelle pour tous. Les leçons tirées lors de la crise du Covid-19 par l’association appuient ses convictions.
Au Luxembourg, être sans domicile fixe, sans emploi ou en situation irrégulière prive des hommes et des femmes de soins de santé élémentaires et nécessaires. «Le mal-logement est un marqueur de précarité aux conséquences lourdes sur la santé. Il entraîne des difficultés à suivre un traitement médical, des difficultés dans le suivi des rendez-vous médicaux, une incapacité à prendre soin de soi et à avoir des comportements préventifs. Les gens laissent traîner leurs maladies et arrivent chez nous à un stade trop avancé» , expliquait hier Sylvie Martin, la directrice générale de Médecins du Monde (MdM).
L’année passée, 884 personnes ont poussé la porte d’un des centres de soins de Médecins du Monde au Luxembourg pour pouvoir obtenir des soins gratuits (2 285 au total depuis 2015). Cela représente près de trois mille consultations assurées par des professionnels de santé bénévoles. 95 % des bénéficiaires de l’aide de l’association vivent sous le seuil de pauvreté et 79 % n’ont aucune couverture de santé. 66 % de ces personnes n’avaient encore jamais eu recours aux services de l’association avant. Le nombre de cas ne cesse d’augmenter. «Ils ont doublé depuis le début du confinement. Nous craignons de rencontrer de plus en plus de personnes sans assurance sociale à cause de la crise économique qui fait suite à la crise sanitaire» , indique Sylvie Martin. «Il nous arrive de devoir refuser du monde. Sur le long terme, cela va devenir de plus en plus difficile d’être disponible pour tout le monde. Le nombre de personnes sans assurance maladie a augmenté de 10 % entre 2018 et 2019.» Lire la suite

Le LFR et la journée internationale des Réfugiés

Communiqué de presse du Collectif Réfugiés Luxembourg (LFR)

Luxembourg, le 18 juin 2020

La Journée Mondiale des Réfugiés, célébrée le 20 juin, est l’occasion de mettre en lumière le droit d’asile en tant que droit fondamental au niveau international, européen et national.

Le Collectif Réfugiés Luxembourg – Lëtzebuerger Flüchtlingsrot profite de l’occasion pour dresser le bilan sur la situation au Luxembourg et faire le rappel de ses actions.

Le Collectif fait part de ses réflexions et revendications avec des avis et échanges avec les différents Ministères et Administrations.

Le Collectif a suivi, pris note et réagi aux mesures exceptionnelles adoptées par le gouvernement du Luxembourg pour faire face à la crise déclenchée par l’épidémie du Covid-19 et notamment des mesures adressées aux demandeurs et bénéficiaires de protection internationale. Le LFR salue le travail du gouvernement dans ce contexte si particulier ainsi que les efforts réalisés pour protéger les personnes vulnérables.

Le LFR a également le plaisir de compter sur la mobilisation de deux nouveaux membres – Fondation de la Maison Porte Ouverte et Ryse Asbl.

Cette année, le Collectif met en avant deux recommandations concrètes à travers une pétition:

1. La mise en œuvre de l’engagement du gouvernement de porter à six mois (minimum) après l’octroi du statut le délai légal pour introduire une demande de regroupement familial

2. Annuler au moins les décisions de transferts Dublin pour toutes les personnes arrivées avant le 15 juin 2020.

Droit d’asile en Europe : un droit fondamental

Un projet de règlement grand-ducal portant introduction de certaines mesures temporaires relatives à l’application de la loi modifiée du 29 août 2008 sur la libre circulation des personnes et l’immigration a récemment été déposé. Il a pour objet la prolongation dans le temps des effets de certaines des mesures du règlement grand-ducal du 18 mars 2020 dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, en dérogation de la susmentionnée loi de 2008.

Le collectif se veut rassuré que les personnes désirant solliciter la protection internationale ou pour d’autres raisons humanitaires soient autorisées à entrer sur le territoire du Grand-Duché de Luxembourg. Il s’agit effectivement d’un droit fondamental et les personnes ne peuvent pas être privées de protection.

Cependant, à l’heure actuelle, le droit d’asile est remis en question aux frontières extérieures de l’Europe. Il est urgent de travailler solidairement avec tous les États volontaires pour préserver et protéger le droit d’asile.

Assurer aux demandeurs de protection internationale logés en Grèce des conditions de vie dignes et une procédure d’asile conforme aux règlements européens

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, notre premier souhait est que les réfugiés les plus vulnérables soient à l’échelle européenne déplacés vers des logements sûrs en Grèce ou soient transférés vers d’autres États-membres de l’Union Européenne.

Les récentes décisions qui ont permis la relocalisation d’un certain nombre de mineurs non-accompagnés, grâce à la solidarité de quelques pays européens, dont le Grand-Duché de Luxembourg, sont un début prometteur et nous adressons nos vifs remerciements aux pays accueillants.

Dans ce contexte difficile, nous avons expressément sollicité les institutions européennes pour que, sans délai, des mesures soient mises en place, pour tous les réfugiés qui vivent dans des camps insalubres, surpeuplés, afin qu’ils soient déplacés et puissent être logés dans des conditions dignes et appropriées qui permettraient avant tout de protéger leur santé et d’assurer leur sécurité tout en évitant le risque d’un nouveau foyer de contamination sur le territoire européen.

Suspendre les transferts Dublin

Les raisons pour lesquelles les transferts en application du Règlement (UE) n° 604/2013 du Parlement européen et du Conseil, dit « Règlement Dublin III », dit « règlement Dublin » sont actuellement impossibles indépendamment de la volonté des demandeurs.

Le principe de solidarité européenne appelle à la plus grande patience avant un retour à la normale des transferts de personnes vers quelque pays que ce soit. En effet, le risque sanitaire n’est pas derrière nous. Il s’est installé dans nos vies pour une durée indéterminée.

Les personnes en attente d’un éventuel transfert Dublin sont des exilés qui demandent une protection. Derrière un homme assigné à la SHUK, il peut y avoir une femme et des enfants en danger dans leur pays d’origine. Or la suspension des transferts maintient ces personnes dans un sentiment d’insécurité car ils sont durablement tenus à l’écart de la procédure d’asile.

Il ne nous apparait pas justifié de retarder l’accès à la procédure d’asile pour une durée totalement incertaine à ce jour, des mesures de plus en plus restrictives étant adoptées par les États membres, notamment le Grand-Duché, depuis l’aggravation de la pandémie.

Nous demandons et recommandons de mettre fin aux procédures prévues par le règlement Dublin III pour le transfert vers d’autres d’États membres et que le Luxembourg se déclare compétent.

En particulier, le LFR a toujours soutenu que les Demandeurs de Protection Internationale (DPI) sujets au transfert vers un autre État-membre de l’Union européenne soient logés dans des structures plus aptes que la SHUK, dont l’organisation par tentes n’offre pas un accueil digne. Le LFR a voulu réitérer ce point lors de la crise sanitaire au cours de laquelle de nombreuses personnes logés à la SHUK ont été affectées par le Covid-19. Le Collectif a notamment des clarifications à à l’Inspection Nationale Sanitaire (INSA) concernant le rassemblement de plusieurs personnes malades et confinées sous les tentes en plastique de la SHUK, où la respiration est, par définition plus difficile. Le LFR continuera à revendiquer un logement plus apte pour tous les DPI au-delà de la crise sanitaire.

SHUK – Assignation à résidence

Le Collectif prend note que, pendant la période de confinement, de plus en plus de DPI ont été destinataires de mesures d’assignation à résidence, notamment à la SHUK. Nonobstant qu’il soit compréhensible que, dans la situation de crise sanitaire, des mesures spécifiques soient adoptées pour assurer que, parmi les autres, tous les demandeurs soient logés et repérables, le LFR considère que l’assignation à résidence de manière systématique à la SHUK s’avère être une privation de liberté disproportionnée, d’autant plus que les conditions d’accueil à la SHUK sont difficilement conciliables avec des considérations purement sanitaires.

Le LFR réitère sa demande de fermeture de la SHUK et d’un arrêt du recours systématique à une assignation à résidence en cas de doute sur une application du règlement Dublin III, et prône pour une décision motivée de manière individualisée avant toute prise de décision d’assignation à résidence.

Assurer que les traitements médicaux pour le Covid-19 soient accessibles à tous

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19 à Luxembourg, le LFR  a recommandé aux Ministres des affaires étrangères et de l’immigration, ainsi que de la santé, que toute personne infectée par le virus, y compris les demandeurs et bénéficiaires de protection internationale, mais aussi les personnes se trouvant à Luxembourg de manière irrégulière, puissent avoir accès aux soins médicaux, et de rendre publique et accessible cette information. Le LFR salue les efforts entrepris par lesdits ministères pour assurer l’accès universel aux soins médicaux en situation de crise, et espère que ce premier pas puisse s’étendre également à tout type de soin médical, quelle que soit la situation de la personne.

En raison du nombre particulièrement important de cas positifs de Covid-19 à la SHUK, et des particularités de cette structure, que le LFR a toujours considéré comme incompatible avec les exigences légales de l’accueil des demandeurs d’asile, le LFR a souhaité aborder avec l’Inspection nationale sanitaire (INSA) une série de questions essentielles, concernant le traitement des malades atteints du Covid-19, à la SHUK ou dans toute structure d’hébergement de demandeurs de protection internationale à Luxembourg. Les plus importantes de ces questions concernent la vérification des conditions pour la mise en isolement des malades, de l’existence d’un espace dédié aux personnes testées positives au Covid-19, d’alternatives au traitement des malades dans les mêmes locaux de la SHUK, d’une adéquate séparation, dans ces conditions, parmi les malades et non malades du Covid-19, des modalités d’application des tests de dépistage, etc.

Intégration : Regroupement familial, allocation mensuelle, PIA et accès au marché de l’emploi

La coalition gouvernementale avait à l’origine présenté un programme ambitieux en matière d’asile et d’intégration. Les années sont passées et nous constatons que, en pratique, les développements dans ces matières sont lents et limités.

Le regroupement familial

L’une des propositions contenue dans l’accord de coalition gouvernementale était d’augmenter les délais de 3 à 6 mois pour qu’une personne ayant obtenu le statut de protection internationale puisse solliciter le regroupement familial des membres de sa famille sans devoir présenter une preuve de logement et des ressources équivalentes au salaire social minimum. Le regroupement familial constitue un droit fondamental, le droit de vivre en famille ! Le Collectif demande que ces délais soient effectivement revus et augmentés à 6 mois.

Allocation mensuelle

Le LFR prône une augmentation des allocations mensuelles pour les DPI, actuellement fixées à 25€/mois, dans le cadre d’un dispositif d’autonomisation des personnes et ceci dès leur arrivée au Luxembourg. Effectivement une telle somme ne permet pas à une personne de vivre dignement.

Une adaptation dudit montant permettrait d’offrir un traitement plus digne aux demandeurs de protection internationale. Le LFR demande que ce montant soit adapté.

PIA (Parcours d’intégration accompagnée)

Le PIA vise à organiser un cadre pour permettre un parcours d’intégration soutenant l’autonomisation des individus et plaçant l’intégration au cœur de l’accueil.

Le Gouvernement a délaissé le développement du PIA qui était initialement organisé essentiellement en trois phases et dont la phase 1 et la phase 2 (en partie) avaient très bien démarré. Malheureusement, nous constatons que la mise en place des phases suivantes de ce plan, notamment la phase 3, qui aurait dû cibler les bénéficiaires de la protection internationale (BPI), en substance s’est arrêtée et nécessite urgemment une nouvelle impulsion.

Le LFR demande la relance de la deuxième phase du PIA, ainsi que la mise en place de la troisième phase du PIA. Le LFR regrette que la société civile ne soit plus impliquée.

L’accès au marché du travail

Une question cruciale liée à l’intégration est celle de l’accès au marché du travail. La méthode nationale a longtemps écarté les DPI en cours de procédure de mesures d’intégration au motif qu’une partie d’entre eux avait vocation à être déboutée. Le LFR est convaincu que cette stratégie doit être revue car elle entraîne l’inactivité forcée et éloigne du marché de l’emploi les personnes qui vont rester dans notre pays.

En mars 2019, lors d’une entrevue avec le Ministre du Travail, le LFR avait présenté ses propositions en matière d’accès au marché du travail pour les DPI. Cependant, nous ne constatons aucune évolution, et presque aucun changement n’a été fait à ce jour, alors que cela était également mentionné dans l’accord de coalition. Entre autres, le LFR propose et se bat pour :

• La mise en place d’un diagnostic individualisé des DPI afin d’identifier rapidement leurs compétences et leurs besoins;

• L’accès des DPI à des mesures d’activation telles que le travail communautaire, stages en entreprise, volontariat pour les jeunes, etc.;

• Une réforme approfondie de l’Autorisation d’occupation temporaire (AOT);

• La suppression de la préférence communautaire pour les DPI, après 12 mois de procédure.

«Ils ont retrouvé leur dignité»

« Quand Médecins du Monde nous a contactés pour savoir si nous pouvions héberger ses patients, nous avons tout de suite dit oui , affirme Nathalie Richalot, la directrice de l’hôtel Ibis (157 chambres) situé à côté de l’aéroport du Findel. Nous leur avons juste demandé si les patients étaient atteints du Covid-19 ou non (NDLR : ils ne le sont pas) afin de pouvoir nous organiser. »
Contrairement à d’autres établissements hôteliers du pays, l’hôtel Ibis est resté ouvert depuis le début de la crise du coronavirus. « Nous nous sommes posé la question, bien évidemment , détaille Nathalie Richalot. Dès la fin février, nous avons été impactés puisque nos habituels clients italiens de Ferrero ne venaient plus. Mi-mars, nous avons dû fermer le bar et le restaurant et cela a eu un nouvel impact. Nous avons décidé de fermer l’Ibis Budget (71 chambres) et de garder l’Ibis ouvert pour accueillir les personnels de Cargolux et de Luxembourg Air Rescue, qui ont énormément travaillé pendant cette période. Notre localisation a fait que nous sommes restés ouverts. Et en restant ouverts, nous aidons à la résolution de la crise. »

Mais il a fallu se réorganiser : adopter les gestes barrières, créer un sens de circulation dans l’hôtel, mettre en place un room service, installer des vitres en plexiglas à la réception… Et sur les 56 salariés des deux hôtels, seuls une dizaine travaillent tous les jours, les autres sont en chômage partiel ou en congé pour raisons familiales.
Les pertes sont conséquentes. « Nous avons fait entre moins 60 et moins 70 % de chiffres d’affaire fin mars par rapport à la même période l’année dernière , estime Nathalie Richalot. Avec la reprise des chantiers le 20 avril, c’est un peu reparti. Nous avons donc rouvert l’Ibis Budget le 4 mai. Nous avons hâte que les vols reprennent à l’aéroport (NDLR : à partir de vendredi) et, surtout, qu’on nous dise quand nous pourrons rouvrir le bar et le restaurant et de quelle manière. Ça va reprendre, mais pas comme avant, alors on s’adaptera. Nous sommes prêts. »

Ein Drittel der Geflüchteten positiv auf Covid-19 getestet

In der Notunterkunft für Geflüchtete auf Kirchberg SHUK wurden über ein Drittel der 60 Bewohner positiv auf Covid-19 getestet. Ein Mit- arbeiter berichtet, dass in der Einrichtung die Sicherheits- maßnahmen zur Eindämmung der Corona-Pandemie nicht eingehalten würden. Auch der „Lëtzebuerger Flüchtlingsrot“ (LFR) äußert Bedenken.
Der Leiter der SHUK weist die Vorwürfe zurück.

Luc Laboulle, tageblatt 2/3 Mai 20202