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Refus de statut au Luxembourg

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La colère des associations après la mort de 27 migrants dans la Manche : « C’était des hommes, des femmes, des enfants, des humains »

Le Monde 25 novembre  2021 par

Le canot pneumatique s’est-il dégonflé ? Son plancher s’est-il écroulé sous le poids des hommes ? Un porte-conteneurs, comme il en transite plein dans ce détroit, l’a-t-il fait chavirer accidentellement ? Dans la matinée du jeudi 25 novembre, on ignorait encore tout ou presque des circonstances du naufrage mercredi après-midi d’une petite embarcation de migrants qui tentaient de rejoindre les côtes anglaises depuis le littoral français. Mais c’est un drame sans précédent qui s’est déroulé au large de Calais (Pas-de-Calais). Au moins vingt-sept personnes, dont sept femmes et trois jeunes, sont mortes noyées dans la Manche. Un tel bilan est inédit.

Le président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré mercredi que « la France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière ». Mais elle l’est, de fait, déjà devenue. A voir les corbillards entrer l’un après l’autre dans la zone portuaire de Calais – où les secours ont débarqué les corps des nombreuses victimes, c’est cette image qui dominait. « Combien de morts vous faudra-t-il ? », interroge une pancarte brandie parmi un groupe de quelques dizaines de personnes, des militants associatifs surtout, venues se réunir devant le port.

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Il y a des bougies posées sur les pavés, dans un hommage funèbre. « Quand on dit que les frontières tuent, c’est vraiment ça », souligne Alexine Fougner, 27 ans, engagée à Calais auprès d’une association qui aide les personnes migrantes vivant dans les campements à recharger leurs téléphones. « C’était des hommes, des femmes, des enfants, des humains. On devrait être 5 000 ce soir et on est 50, se désole Olivier Maillard, militant calaisien de 49 ans. L’empathie s’épuise dans ce pays. »

Des bougies ont été allumées en mémoire des migrants morts en mer, sur le quai Paul Devot, à Calais, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2021. AIMEE THIRION POUR « LE MONDE »

La mer était calme

D’après les premiers éléments d’information partagés par les autorités et le parquet de Lille – où une enquête a été ouverte –, la majorité des victimes seraient des Kurdes, d’Irak ou d’Iran. Deux hommes rescapés ont par ailleurs été pris en charge à l’hôpital de Calais, vraisemblablement de nationalité irakienne et somalienne.

Leur embarcation serait partie des environs de Loon-Plage, une commune proche de Dunkerque (Nord). Il est probable que les personnes venaient des campements voisins de Grande-Synthe. Dans l’après-midi, c’est un bateau de pêche qui a signalé des corps en mer, tout près des eaux anglaises, avant qu’un patrouilleur de la marine nationale, une vedette de la gendarmerie maritime et un canot tous temps de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Calais soient dépêchés sur la zone. « Le bateau a été retrouvé dégonflé, il flottait encore un peu », rapporte Bernard Barron, président de la SNSM de Calais. Les naufragés étaient à l’eau.

Mardi, le temps était propice aux traversées. La mer était calme. Pas de vent, pas de brume. « Ça devait arriver, c’était écrit, réagit Alain Ledaguenel, président de la SNSM de Dunkerque, dont les équipages bénévoles ont réalisé plusieurs dizaines de sauvetages cette année, fréquemment appelés en renfort des bateaux de l’Etat. On sait que les moyens des secours en mer sont insuffisants. »

Le phénomène dit des small boat est apparu en 2018 mais il a explosé en 2021. Depuis le début de l’année, plus de 25 000 migrants ont ainsi réussi à rejoindre l’Angleterre et près de 8 000 ont été secourus, en détresse, et ramenés sur les côtes françaises. Les canots pneumatiques sur lesquels ils embarquent souvent à plus de 30 « viennent de Chine, sont très fragiles, étroits et longs, avec des moteurs qui ne sont pas suffisamment puissants, explique M. Ledaguenel. A bord, ils n’ont même pas de compas pour se diriger. Ils n’ont aucun feu de navigation, sont indétectables au radar et quand ils sont éloignés des côtes, la portée d’un téléphone n’atteint pas le rivage. Si celui qui est à la barre n’a pas de point de repère, il ne va pas savoir compenser la dérive due au courant de marée et va se trouver déporté et, rapidement, en panne sèche. » « La Manche est une autoroute, ajoute son collègue Bernard Barron. Imaginez qu’un canot surchargé se retrouve dans le sillage d’un pétrolier, surpris par le remous de ses hélices. Ca fait comme un tsunami qui déferle ».

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« Hypocrisie immonde »

Mercredi soir, le premier ministre anglais, Boris Johnson, et Emmanuel Macron ont convenu de « l’urgence » d’intensifier la lutte contre les traversées. Le chef de l’Etat a appelé à « accélérer le démantèlement des réseaux criminels », demandant un « renforcement immédiat des moyens de l’agence Frontex » et une « réunion d’urgence des ministres européens concernés par le défi migratoire ». Depuis l’hôpital de Calais où il s’était déplacé en début de soirée, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a, lui aussi, voulu attribuer « la responsabilité de ce drame » aux « passeurs ».

Une rhétorique qui exaspère le milieu associatif. « C’est une hypocrisie immonde de dire qu’on va lutter contre les passeurs. Ce sont eux qui les ont fabriqués, tempête Vincent de Coninck, chargé de mission migrants au Secours catholique de Calais jusqu’en 2018. J’ai connu au début des années 2010 une période où les gens passaient sans argent. C’est la sécurisation à outrance qui a fait les réseaux. »

Des bénévoles et des membres d’associations se sont regroupés à l’entrée du quai Paul Devot, à Calais, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2021. AIMÉE THIRION POUR « LE MONDE »

De fait, le phénomène des traversées de la Manche est apparu concomitamment au tarissement des passages en camion, résultat notamment de la sécurisation technique du port de Calais et du tunnel sous la Manche. Les ceintures de barrières coiffées de barbelés n’ont de cesse de fleurir dans la ville.

« Il n’y avait pas de passeurs avant que la frontière ne soit verrouillée, corrobore Olivier Cahn, membre du Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (Cesdip). Si on considère le nombre de traversées, de naufragés et de morts, on est à la fin d’un système. La répression seule ne fait que renforcer les organisations mafieuses et augmenter le prix du passage. »

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Des procédures de migration compliquées par le Brexit

« Cela fait des mois qu’on alerte le ministère de l’intérieur en disant que sans voies légales de migration, on va vers davantage de drames, ajoute Lucie Bichet, juriste au sein de l’ONG Safe Passage. On n’a jamais eu de réponse. » Safe Passage soutient notamment des mineurs isolés et des familles qui souhaitent rejoindre légalement le Royaume-Uni. « Depuis le Brexit, les procédures de réunification familiale sont extrêmement compliquées, constate Mme Bichet. Avant, le règlement de Dublin nous permettait d’accompagner des dizaines de personnes [le règlement européen prévoit qu’un demandeur d’asile peut rejoindre un membre de sa famille situé dans un autre pays de l’Union européenne que celui dans lequel il est enregistré]. Cette année, en s’appuyant sur le droit interne britannique, on n’a pu obtenir qu’un seul visa. Nous n’avons plus de solution. »

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« Il faut organiser une répartition équitable des demandeurs d’asile entre nos deux pays », estime Thierry Le Roy, président de France terre d’asile, pour qui « les traités bilatéraux du Touquet et de Sangatte [qui localisent la frontière en France] font obstacle à ce que les gens puissent demander l’asile au Royaume-Uni ». D’après une étude de l’ONG britannique Refugee Council, depuis 2020, 98 % des personnes arrivées en small boat au Royaume-Uni y ont demandé l’asile. La majorité est de nationalité iranienne, irakienne, soudanaise ou syrienne.

Pour beaucoup, l’Angleterre est aussi devenu un recours ultime. Patron de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, Didier Leschi constate que lors des démantèlements de campement à Calais, seul « un migrant sur deux ou trois accepte d’être hébergé ». Les autres préfèrent rester sur le littoral dans l’attente d’un passage.

A proximité du port de Calais, mercredi soir, ils étaient quelques-uns à s’être abrités sur les quais de chargement d’un hangar logistique. Leurs récits d’exil disent à quel point ils sont les perdants du système européen d’asile, qui veut qu’une personne ne peut solliciter la protection que d’un seul Etat membre.

Des migrants soudanais et eryhtréens dorment dans la rue, près du quai Paul Devot, à Calais, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2021. AIMEE THIRION POUR « LE MONDE »
Des affaires de migrants réfugiés dans les rues de Calais, dans la nuit du 24 au 25 novembre 2021. AIMEE THIRION POUR « LE MONDE »

Beaucoup de ceux qui échouent à Calais ou à Grande-Synthe n’ont pas réussi à obtenir une protection internationale et errent en Europe depuis parfois plusieurs années. Mohamed Moge, un Soudanais de 19 ans, a déjà passé un an et demi en Sicile avant de se rendre en Allemagne. En vertu du règlement de Dublin, il a été renvoyé en Italie. Aujourd’hui, il a l’Angleterre comme horizon.

« Je n’ai pas d’attache là-bas mais je dois y aller pour trouver un futur », explique-t-il. Son compatriote, Ali Abdi, est arrivé en Italie en 2019. « J’avais 17 ans, témoigne-t-il. Au bout de sept mois, je suis parti demander l’asile au Luxembourg. Il m’a été refusé. J’ai deux sœurs et deux frères au pays. Ma mère me demande souvent de leur envoyer de l’argent. J’ai besoin d’aller en Angleterre, par camion ou par la mer. Je resterai ici jusqu’à en mourir. » En mer, certains sauveteurs en sont à espérer que la météo tourne au mauvais temps pour dissuader les gens de tenter la traversée. Ils voudraient que le vent se lève.

Julia Pascual Calais (Pas-de-Calais), envoyée spéciale

Le plan d’intégration de l’UE

Il y a 1 an le plan d’intégration de l’UE fut mis en route:

Today, 24 November 2021, marks one year since the European Commission announced its new EU Action Plan on Integration and Inclusion 2021-2027.

The Action Plan outlines concrete steps, provides guidance and delineates funding for initiatives that promote inclusion for everyone. It is centred around multi-stakeholder partnerships, including close cooperation with migrant-led organisations. Its main actions include:

  • Inclusive education and training from early childhood to higher education, focusing on easier recognition of qualifications and continued language learning;
  • Improving employment opportunities and skills recognition to fully value the contribution of migrant communities, and women in particular, and ensure that they are supported to reach their full potential;
  • Promoting access to health services, including mental healthcare, for people with a migrant background;
  • Access to adequate and affordable housing, funded through the European Regional Development Fund (ERDF), European Social Fund Plus (ESF+), Asylum and Migration Fund (AMF) and Invest EU.

Wie Frontex eine deutsche NGO einschüchtert

Europäische Grenzschutzagentur

Wie Frontex eine deutsche NGO einschüchtert – trotz Widerstand des Europaparlaments

Die EU-Grenzschutzagentur verlangt von der kleinen Organisation »Frag den Staat« die Erstattung von 10.000 Euro Anwaltskosten. Frontex-Chef Leggeri stellt sich damit demonstrativ gegen das Europaparlament.
Frontex-Chef Fabrice Leggeri in Bulgarien
Frontex-Chef Fabrice Leggeri in Bulgarien

Foto: Hristo Rusev / Getty Images

»Fabrice Leggeri nimmt das Europaparlament nicht ernst.«

Arne Semsrott, »Frag den Staat«

Face aux migrations, les limites et les dérives de l’Europe-forteresse

Faute de politique commune, l’Europe ne semble avoir aucune prise sur le phénomène migratoire et s’émeut à chaque arrivée de migrants, même si les chiffres sont sans comparaison avec 2015. Une impuissance qui nourrit le discours des droites populistes.

Le Monde  30-31 mai 2020 Jean-Pierre Stroobants

Le dramatique incendie du camp de réfugiés de Moria, en Grèce, en septembre 2020, avait relancé les débats sur la nécessité d’une politique migratoire européenne. En revanche, les récents naufrages de plusieurs embarcations ou l’arrivée de plus de 2 000 migrants en l’espace de vingt-quatre heures à Lampedusa, en Italie, à la mi-mai, n’ont pas eu beaucoup d’effet sur ces discussions, reléguées au second plan et bloquées par les désaccords entre les Vingt-Sept.

L’arrivée récente de milliers de Marocains, dont de nombreux jeunes, à Ceuta, en Espagne, a montré, quant à elle, que des pays savaient désormais user de la migration comme d’un instrument au service de leur politique internationale ou de leurs intérêts. En voulant « punir » Madrid pour sa position à l’égard du Sahara occidental, le Maroc indiquait qu’il avait – comme la Turquie avant lui – bien compris l’impact d’un tel geste sur les opinions d’Européens qui ont le sentiment que, faute d’une véritable politique, l’Europe n’a toujours pas de prise sur le phénomène migratoire.
INFOGRAPHIE LE MONDE

Le nombre des passages illégaux de frontières en 2020 (114 000 de janvier à novembre) a été le plus bas depuis six ans et a diminué de 10 % par rapport à 2019, selon Frontex. Cela n’empêche pas la droite populiste, ou certains membres de la droite « classique », de continuer à agiter le thème d’un afflux massif et incontrôlé.
INFOGRAPHIE LE MONDE
Eviter une crise comme celle de 2015-2016

La réalité aujourd’hui, même si les institutions européennes le contestent, est plutôt celle d’une Europe-forteresse. Qui aide, forme et finance les gardes-côtes libyens, modère ses critiques contre la dérive autoritaire de la Turquie pour ne pas détruire l’accord conclu en 2016 sur le contrôle des flux migratoires, ou ferme les yeux sur les accusations, répétées depuis des mois, visant la Grèce, la Croatie ou la Hongrie. Ces Etats membres sont mis en cause pour leur stratégie de refoulements illégaux (ou « pushbacks ») de demandeurs d’asile.

Seuls les eurodéputés ont montré récemment un intérêt pour cette question en refusant, symboliquement, de contresigner le budget 2019 de Frontex, l’agence des gardes-frontières et gardes-côtes. Cette structure, appelée à se développer considérablement, est investie de la mission d’aider des Etats à protéger les frontières de l’Union. Elle nie en bloc toute participation aux « pushbacks ».
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Après l’épisode de Moria, Bruxelles avait hâté la publication de son « pacte global pour la migration », censé éviter la réédition d’une crise comme celle de 2015-2016, marquée par 2,3 millions de passages illégaux des frontières extérieures.

Balançant entre « solidarité et responsabilité », comme le soulignent à l’envi ses promoteurs, ce projet introduit de nouvelles procédures pour accélérer et simplifier l’examen des demandes d’asile avant même que les migrants pénètrent sur le territoire européen. Il modifie le système de demande lui-même, renforce la protection des frontières extérieures et crée de nouveaux outils pour la gestion des crises.
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Le texte contourne la difficulté des accords de Dublin, qui obligent actuellement le pays de première arrivée à gérer l’examen d’une demande d’asile. La procédure ne serait pas abolie, comme le réclament l’Italie et la Grèce, mais la situation d’un migrant serait examinée avant son passage de la frontière. Il passerait ensuite par la procédure d’examen, avant d’être admis – ou renvoyé – plus rapidement.

Les pays d’Europe centrale et orientale reçoivent, eux, la promesse d’un renoncement aux mécanismes de relocalisation obligatoire et aux quotas par pays proposés par la Commission présidée par Jean-Claude Juncker (2014-2019). En échange, on leur demanderait de participer activement aux retours et d’apporter une « contribution flexible », notamment financière, à cette nouvelle politique, censée se concrétiser en 2024.
Entre « légers progrès » et blocages

L’ensemble a un objectif très politique, résumé à l’époque par Margaritis Schinas, le vice-président chargé de la controversée « promotion » du mode de vie européen : « Dire aux populistes que l’Europe apporte des solutions aux problèmes migratoires. » Avec une allusion transparente à la prochaine présidentielle française.

La négociation a-t-elle progressé, ce projet verra-t-il le jour ? A Bruxelles, les plus optimistes parlent de « légers progrès ». D’autres évoquent la persistance d’un blocage organisée par les pays du groupe de Visegrad (Hongrie et Pologne en tête, qui refusent carrément le sujet, République tchèque et Slovaquie, dans leur ombre, défendant le statu quo actuel).
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L’actuelle présidence portugaise de l’Union a rapidement manifesté sa volonté de ne pas faire du pacte l’une de ses priorités. Il est très probable que la Slovénie, qui prend la suite, de juillet à décembre, ne s’en souciera pas davantage. Le pays ayant à sa tête le premier ministre Janez Jansa, proche du populiste Viktor Orban, son homologue hongrois.

L’Allemagne elle-même n’est pas parvenue à faire vraiment bouger les lignes durant sa présidence, en 2020, et a refusé l’idée d’une action limitée à une « coalition des volontaires ». Aux yeux de Berlin, c’eût été l’abandon des principes de coopération et de solidarité avec, à la clé, une fragmentation supplémentaire du bloc communautaire.
Signal positif

Quelques signes encourageants ont pourtant été enregistrés depuis 2019, n’éteignant pas totalement l’espoir de la Commission – « s’unir autour de nos valeurs communes et notre responsabilité humanitaire ». Quatorze Etats membres de l’UE ont approuvé le « mécanisme de solidarité » pour la relocalisation en 2019 et, à la fin de 2018, 152 pays (hormis les Etats-Unis, dirigés alors par Donald Trump, et le groupe de Visegrad) ont signé, à Marrakech, le pacte global pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Même s’il n’est pas juridiquement contraignant, ce texte pourrait favoriser une meilleure coopération internationale.
Lire aussi : « En déléguant le contrôle de ses frontières, l’Europe encourage l’exercice de ce “chantage migratoire” qui la vise »

La progression limitée de l’extrême droite xénophobe aux élections européennes, couplée à la montée en puissance des écologistes, favorables à une politique raisonnée de la migration, a aussi été perçue comme un signal positif. Il reste que si les réponses à la question migratoire tardent, l’Europe, hésitante et divisée, restera à la merci d’une nouvelle crise. Divers sondages montrent que ce thème pourrait très rapidement s’inscrire à nouveau en tête des préoccupations des citoyens.

 

« En déléguant le contrôle de ses frontières à des pays voisins, l’Europe encourage le “chantage migratoire” »

Le Monde  30-31 mai 2020     Philippe Bernard

L’immigration constitue l’arme ultime des pays du Sud, « un atout entre les mains des faibles pour faire pression sur les puissants ». L’UE doit imaginer des mécanismes de régulation pour ne pas être à la merci d’Etats sans grand scrupule, souligne Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

Chronique. Derrière chaque immigré, il y a un émigré dont les origines bousculent l’ordre national du pays d’accueil. En s’exilant, aucun être humain ne fait une croix sur sa vie passée, a analysé subtilement le sociologue Abdelmalek Sayad dans La Double Absence (Seuil, 1999). A l’échelle collective, les migrations ne concernent pas seulement les pays de destination ; elles sont avant tout une réalité internationale mettant en jeu des rapports de force géopolitiques.

Le Maroc, en ouvrant soudainement sa frontière avec l’enclave espagnole de Ceuta, lundi 17 mai, laissant filer vers l’Union européenne (UE) quelque 8 000 de ses ressortissants, souvent très jeunes, pour faire pression sur Madrid à propos du Sahara occidental, a mis en lumière cette réalité trop souvent occultée : l’immigration constitue l’arme ultime des pays du Sud, un atout entre les mains des faibles pour faire pression sur les puissants. Non seulement les hommes peuvent être chassés de chez eux par les guerres, les persécutions et la pauvreté, attirés par les lumières des pays nantis, mais ils constituent autant de pièces sur l’immense échiquier des relations diplomatiques.
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Cette réalité n’est pas nouvelle. En 1980, Fidel Castro avait mis dans l’embarras le président américain Jimmy Carter en ouvrant les vannes de l’émigration au port de Mariel, provoquant un afflux incontrôlé de migrants, parmi lesquels de nombreux délinquants libérés de prison pour l’occasion par les autorités. Et, depuis plusieurs décennies, la pression migratoire des pays latino-américains constitue un enjeu central des relations entre le Mexique et les Etats-Unis et de la vie politique américaine.
Rôle de gendarme

En Europe, le « chantage migratoire » a pris une dimension courante avec la construction de l’espace Schengen, où la libre circulation a pour corollaire le contrôle strict des frontières extérieures. Depuis les années 1990, la politique européenne d’« externalisation » a consisté à reporter ce contrôle sur les pays voisins, singulièrement ceux du Maghreb et, plus récemment, la Turquie. L’Union européenne sous-traite aux Etats qui la bordent la charge d’empêcher l’entrée de migrants illégaux. En contrepartie, elle finance des installations de surveillance, des centres de rétention et de garde-côtes, elle octroie des facilités en matière de visas pour les ressortissants des pays en question, exige la signature d’accords les obligeant à réadmettre les illégaux et le durcissement de leur législation sur l’immigration.
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Sous la pression de l’UE, plusieurs Etats africains ont été amenés à considérer comme un délit le fait de quitter leur sol. Le « droit de quitter tout pays y compris le sien », considéré comme fondamental du temps où l’URSS le bafouait, n’a pas résisté au rapport de force inégal entre l’Afrique et l’Union européenne. Il est pourtant inscrit à l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Alors que l’UE incite de fait à le relativiser, ce droit est aussi consacré par la Convention européenne des droits de l’homme.

Ainsi, en déléguant le contrôle de ses frontières, l’Europe encourage-t-elle l’exercice de ce « chantage migratoire » qui la vise. Des hommes forts au pouvoir aux abords de l’UE ont su et savent user et abuser du pouvoir que leur donne ce rôle de gendarme. Mouammar Kadhafi a longtemps excellé à ce jeu tragique, bloquant l’embarquement de migrants des côtes libyennes ou, au contraire, encourageant des départs massifs, selon l’état de ses relations avec l’UE, en particulier l’Italie. En 2010, un an avant sa chute, le dictateur libyen avait réclamé « au moins 5 milliards d’euros par an » à l’UE pour « éviter une Europe noire ».

En mars 2020, le président turc, Recep Tayyip ­Erdogan, a manipulé les migrants en prétendant que la frontière de l’UE était ouverte, afin d’obtenir la renégociation de l’accord de 2016 aux termes duquel Ankara s’engageait à barrer la route de l’Europe aux réfugiés syriens, moyennant 6 milliards d’euros.
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En refusant de délivrer les « laissez-passer consulaires » indispensables au retour des migrants illégaux reconduits à la frontière, les pays d’origine disposent d’un autre levier. Ce refus de réadmettre les sans-papiers est l’une des principales raisons pour lesquelles seules 30 % des décisions de reconduite prises dans l’Union sont exécutées. La coopération en matière de renseignement antiterroriste est une autre monnaie d’échange.
Victimes des persécutions et du cynisme

Le grand marchandage des migrations ne fait que commencer. Les pays du pourtour de la Méditerranée en connaissent les effets potentiellement délétères sur les sociétés européennes (raidissement des opinions, montée de l’extrême droite) et sur l’UE elle-même, amenée à malmener ses propres principes. Les tensions économiques et sociales exacerbées par le Covid-19 alliées aux faibles contrepoids démocratiques expliquent pourquoi un pays comme le Maroc, à l’instar d’Etats subsahariens, peut inciter sa jeunesse à risquer sa vie en Méditerranée.

Si l’Europe veut éviter de se trouver à la merci des politiques de certains Etats sans grand scrupule, elle doit imaginer des mécanismes permanents et solidaires de régulation des migrations qui lui permettent de rester fidèle à sa tradition d’ouverture et d’asile. Inquiétante à cet égard apparaît la grande panne du « pacte pour l’immigration » présenté comme un compromis acceptable par les Vingt-Sept. A la fois forteresse et incapable de gérer de façon cohérente les entrées comme les sorties, l’UE est enferrée dans une impasse migratoire.

Si les migrants représentent une richesse sur bien des plans, ce sont aussi des enjeux diplomatiques. Une politique humaine à leur égard ne peut ignorer qu’ils peuvent être victimes non seulement de persécutions et de la pauvreté, mais aussi du cynisme et du mépris des dirigeants de leur pays ou de ceux qu’ils traversent.

Philippe Bernard

Mapping key migrant-led organisations across the EU

Migrant participation has been increasingly hailed as a prerequisite to meaningful policymaking and implementation in the field of integration. Notably, the new Action Plan on Integration and Inclusion, published by the European Commission (EC) to promote integration across the EU in the 2021-2027 period, specifically urges to step-up the participation of migrants in all stages of the integration process. With this scope, the Commission launched at the end of 2020 an Expert Group on the view of migrants to directly hear from third-country nationals (TCNs) in the conception and implementation of asylum, migration and integration policies.

With close to 34 million EU residents born outside the EU (Eurostat, Population data 2019) and large historic diasporas across the EU countries, ensuring migrant participation and representation should be an easy task. Yet, little is actually known about how migrants are able to associate across the different EU countries. What types of structures do they organise through in the different EU regions? Are migrants even able to form their own associations? What activities do they engage in on a national and local level, and are there any successes that can be traced back to them?

With this analysis, EWSI provides a glimpse into some of the most active – and, where possible, policy-relevant – migrant-led structures in the 27 EU countries (EU-27). The analysis is exploratory in nature, as the list of migrant-led structures is not exhaustive but focused on prominent examples identified by our network through desk research.

The report here

L’Europe forteresse n’est pas la solution !

Les ministres de l’Intérieur de l’Union Européenne se rencontrent ce jeudi pour, entre autres sujets, aborder les migrations et l’asile.

Si 2021 a commencé avec l’espoir d’une année forcément meilleure que 2020, en matière d’asile, l’espoir est constant mais se heurte malheureusement à la dure réalité du renforcement de l’Europe forteresse !

Le premier signe, loin d’être prometteur, est l’échec annoncé du nouveau Pacte Migration et Asile proposé par la Commission Européenne. Malgré une proposition qui est loin de pouvoir être décrite comme généreuse dans le sens d’une meilleure protection des réfugiés, le Conseil de l’Union Européenne n’a pas réussi à avancer avec les négociations. Si d’un côté, les pays qui sont confrontés aux arrivées importantes de réfugiés trouvent que la solidarité n’est pas suffisamment ancrée dans la proposition de l’exécutif européen, de l’autre côté, les pays moins friands à accueillir des réfugiés trouvent que la proposition de la Commission va trop loin. Nous sommes ainsi dans une situation où même un accord sur le minimum dénominateur commun semble impossible.

Si les perspectives s’annoncent plutôt sombres, la réalité quotidienne l’est déjà. Les refoulements de personnes qui veulent demander l’asile en Europe sont devenus monnaie courante à pratiquement toutes les frontières extérieures.

En Grèce, pays où sont toujours « parqués » des milliers de réfugiés, aussi bien la garde côtière nationale que les agents de Frontex sont accusés de les repousser vers la Turquie. Toujours en Méditerranée, l’Italie et Malte continuent à travailler main dans la main avec les gardes côtes libyens, pour éviter les arrivées de bateaux sur leur territoire. Les naufrages continuent et la Méditerranée renforce son statut de cimetière.

Dans les îles Canaries, confrontées à une augmentation des arrivées depuis plusieurs mois, l’incapacité des autorités à gérer humainement et rationnellement la situation, fait de l’archipel une prison à ciel ouvert, avec des violences envers les réfugiés, presque quotidiennes.

En Bosnie, après l’incendie du camp de Lipa fin décembre 2020, la situation humanitaire est devenue catastrophique. Bloqués à la frontière avec la Croatie, des milliers de personnes attendent un geste de l’Union Européenne qui fait de la Bosnie un « parking » pour migrants indésirables.

Non loin de là, la Hongrie, malgré la condamnation le 17 décembre 2020 par la Cour de Justice Européenne pour violation du droit européen à cause des refoulements de réfugiés, poursuit les pratiques de push-back violents, à tel point que Frontex a décidé de suspendre ses activités dans le pays pour ne pas cautionner les agissements des autorités magyares : une première dans l’Union Européenne !

Après la crise de l’accueil de 2015, la forteresse Europe s’est davantage renforcée, ayant comme conséquence directe l’explosion du trafic, l’empreinte de routes de plus en plus dangereuses par les réfugiés et indirectement la mort de ceux qui pensaient pouvoir y trouver une nouvelle vie.

Dans un récent rapport du Conseil de l’Europe, rendu public ce 9 mars 2021, Dunja Mijatovic, la Commissaire aux droits de l’homme, lance un appel de détresse pour les droits de l’homme ! Ce rapport dresse un constat catastrophique de l’approche des Etats européens qui concentrent tous leurs moyens à empêcher les réfugiés et les migrants d’atteindre les côtes européennes au détriment des droits de l’homme et de la dimension humanitaire.

Le rapport contient 35 recommandations, toutes destinées à prendre des mesures concrètes pour endiguer ce recul dans la protection des vies et des droits des réfugiés et des migrants. Le Conseil de l’Europe appelle, entre autres, à développer des voies de migrations sûres et légales, à mettre fin aux refoulements et aux autres mesures qui entrainent le retour des réfugiés et des migrants vers des lieux où ils sont exposés à de graves violations des droits de l’homme,…

Pour la Commissaire, il est grand temps que les pays européens mettent fin à ces tragédies honteuses et adoptent des politiques migratoires respectueuses des droits humains.

Il est donc temps pour l’Union européenne de cesser l’externalisation à ses frontières de la prise en charges des migrants et candidats réfugiés, de peser de tout son poids pour que cessent les pratiques illégales aux frontières, où des gens qui fuient la violence et la misère sont soumis à des violations flagrantes et répétées des droits humains.

Il est temps également que l’Union européenne mette en place un nouveau système d’attribution des responsabilités qui soit équitable, donne la priorité à la famille et aux liens plus larges et garantisse le respect des règles par des incitations positives (par exemple, les droits de libre circulation lors de la reconnaissance du statut) plutôt que des sanctions. C’est la seule réponse institutionnelle efficace et durable.

Il est temps enfin que l’Union européenne mette en place des voies sûres et légales afin que les personnes fuyant la persécution, la guerre et les conflits ou se déplaçant pour d’autres raisons puissent se mettre en sécurité ou avoir accès à des possibilités de mobilité sans avoir à compter sur des passeurs et des réseaux mafieux.

La crise sanitaire actuelle va nous obliger à réinventer nos modes de vie. En matière d’asile, l’Europe devra aussi s’engager sur un changement de paradigme, dans le sens d’une vraie solidarité et responsabilité partagées. Fermer les portes et regarder ailleurs n’est pas une solution, c’est, au contraire, aggraver le problème.

« Il s’agit là d’une question de vie ou de mort – et il en va de la crédibilité de l’engagement des pays européens en faveur des droits humains », prévient la Commissaire.

Collectifréfugiésluxembourg-lëtzebuergerflüchtlingsrot

11 mars 2021

François Gemenne : on a tous un ami noir (Fayard 2020)

Raymond Weber, note de lecture  Brennpunkt 3. Welt

– La « crise » des réfugiés » et le « problème » des migrations continuent, même en ce début d’année 2021, où la crise du coronavirus reste omniprésente dans la presse, à occuper la Une des journaux : morts en Méditerranée, conditions de vie scandaleuses dans les camps en Grèce (Moria) ou en Bosnie-Herzégovine (Lipa), destruction de campements à Paris et à Calais. Nous nous trouvons ici devant un « shutdown de l’humanité en Europe » (Heribert Prantl dans la Süddeutsche Zeitung) : c’est une situation indigne d’une Europe, Prix Nobel de la Paix 2012 et d’une Communauté/Union qui se veut garante de « valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, d’état de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme », comme le précise l’article 2 des Traités de l’Union Européenne.

Frontex: abus et dérives !

Vorwürfe gegen EU-Grenzschutzagentur: Langsam wird es unbequem

Das Europäische Amt für Betrugsbekämpfung (Olaf) ermittelt gegen Frontex und soll sogar Büros der Geschäftsführung durchsucht haben. Auch Menschenrechtsverletzungen werden dem EU-Grenzschutz vorgeworfen. Bis kommenden Freitag muss die Agentur zudem Fragen des 
EU-Ombudsmans beantworten.

Besuch bei den Truppen: EU-Grenz-
schutzagenturdirektor Fabrice Leggeri (vierter von links) im August 2018 auf einem Frontex-Schiff im Hafen von Algeciras, Spanien. (Foto: EPA-EFE/A. Carrasco Ragel)

Die EU-Grenzschutzagentur Frontex kommt aus den negativen Schlagzeilen nicht heraus. Am Montag berichtete das Nachrichtenportal „EUobserver“ darüber, wie die Behörde sich alljährlich mit einem großen Event selbst gefeiert und dafür zwischen 2015 und 2019 schlappe 2,1 Millionen Euro ausgegeben hat. Die rauschenden Feste waren aber offenbar nicht der Grund, weshalb nun das Europäische Amt für Betrugsbekämpfung (Olaf) Ermittlungen gegen Frontex aufgenommen hat.

Bereits am 7. Dezember 2020 sollen Beamte des Olaf die Büros des Frontex-Geschäftsführers Fabrice Leggeri und seines Kabinettchefs Thibauld de La Haye Jousselin durchsucht haben. Die Aktion stehe im Zusammenhang mit Vorwürfen gegenüber Frontex, über illegale Zurückweisungen von Asylsuchenden entlang der EU-Außengrenze informiert oder gar daran beteiligt gewesen zu sein, berichtete die griechische Zeitung „ekathimerini“ vergangene Woche. Gegenüber verschiedenen Medien bestätigte der Olaf die Ermittlungen, schwieg sich über die Gründe dafür jedoch aus.

Der Druck auf Leggeri steigt. Bei einer Debatte des Europaparlaments zur humanitären Situation an den EU-Außengrenzen am vergangenen Dienstag wurden der nicht anwesende Frontex-Direktor und seine Organisation mehrmals scharf kritisiert. „Die EU ist manchmal selbst ein Teil des Problems“, sagte der luxemburgische DP-Abgeordnete Charles Goerens und betonte: „Frontex hat die Pflicht, das humanitäre Recht zu respektieren.“ Andere wurden noch deutlicher. Für Leggeri dürfe es eigentlich nur zwei Alternativen geben: „Entweder er tritt zurück oder wir werfen ihn raus!“, forderte die spanische Abgeordnete Sira Rego von der Fraktion Vereinte Europäische Linke/Nordische Grüne Linke (GUE/NGL).

Mit dieser Haltung ist Rego längst nicht mehr allein. Spätestens seit Leggeri am 1. Dezember, knapp eine Woche vor der mutmaßlichen Durchsuchung seines Büros, im Europaparlament Rede und Antwort stehen musste, haben viele Abgeordnete von seinen Manövern genug. Abermals hatte der Beamte sich darauf versteift, für eine Beteiligung von Frontex an den sogenannten Pushbacks gebe es keine Beweise. Die Fraktion der Sozialdemokraten forderte ihn darauf noch am selben Tag zum Rücktritt auf; man habe jedes Vertrauen in Leggeri verloren.

Anschuldigungen, bei Pushbacks mitzumischen, werden seit vielen Jahren immer wieder gegen Frontex laut. Vergangenen Oktober jedoch präsentierte ein journalistisches Netzwerk um das deutsche Nachrichtenmagazin „Spiegel“ und die Online-Plattform „Bellingcat“ eine Recherche mit vielen Belegen, die den Druck auf die EU-Grenzschutzagentur erhöhte (die woxx hatte darüber in der Ausgabe 1607 berichtet). So sollen beispielsweise im April 2020 knapp zwei Dutzend Flüchtlinge, die bereits die griechische Insel Samos erreicht hatten, von der dortigen Küstenwache wieder auf einem Gummifloß ausgesetzt und in Richtung der türkischen Küste abgedrängt worden sein. Ein Frontex-Flugzeug habe all dies überwacht. Auch an der ungarischen Grenze zu Serbien sollen Beamte der EU-Agentur angesichts von Menschenrechtsverletzungen und Tausenden von Pushbacks systematisch „die Augen verschließen“, so das ungarische Helsinki-Komitee, eine NGO mit Sitz in Budapest, Anfang Januar auf detaillierte Dokumente gestützt.

Auf Berichte wie diese hin hatte der Ombudsman der Europäischen Union, Emily O‘Reilly, im November eine offizielle Untersuchung gegen Frontex eingeleitet; der Olaf zog offenbar nach. Ermittelt wird von der Betrugsbekämpfungsbehörde nicht allein wegen der Pushbacks, wie das Nachrichtenportal „politico“ von vier nicht namentlich genannten Beamten aus der Frontex-Zentrale in Warschau erfahren haben will. Angeblich stehen auch Vorwürfe wegen Belästigung und Fehlverhalten am Arbeitsplatz im Raum. Mehrere Beamte hätten die EU-Agentur aus diesem Grund in den vergangenen Monaten verlassen.

Bild: EU 2015/ EC – Audiovisual Service / Angelos Tzortzinis

„Aktiv widersetzt“

Frontex-Chef Leggeri bestreitet nach wie vor jede Beteiligung seiner Behörde an den illegalen Zurückweisungen. Dennoch sah er sich vergangenen Herbst auf Druck der zuständigen EU-Kommissarin Ylva Johansson genötigt, einer internen Untersuchung zuzustimmen. Man wolle die Vorwürfe genau prüfen, so Leggeri im November, begleitet von einem Versprechen: „Ich bin entschlossen, das Büro des Grundrechtsbeauftragten zu stärken und dessen Budget schrittweise zu erhöhen.“

Nach Informationen von „ekathimerini“ hat der ranghöchste Frontex-Beamte in der Vergangenheit jedoch exakt das Gegenteil getan. Laut einer Person, die mit den internen Vorgängen in der Behörde vertraut sei, habe sich Leggeri der vorgesehenen Neueinstellung von 40 Mitarbeiter*innen für das genannte Büro „aktiv widersetzt“, zitiert das Blatt aus einem Dokument. Noch 2020 habe er auf entsprechende Nachfragen aus seinem Team geantwortet, deren Rekrutierung habe „keine Priorität“. Den an Einsätzen vor Ort beteiligten Kräften habe er zu verstehen gegeben, dass „die Meldung von Pushbacks, an denen Frontex-Personal beteiligt ist, weder für Beliebtheit noch für Beförderung“ innerhalb der Agentur hilfreich sei. Das passt ins Bild, denn auch der „Spiegel“ hatte im Oktober vom Korpsgeist innerhalb der Grenzschutztruppe berichtet: Nationale Sicherheitskräfte für beobachtete Rechtsverstöße zu melden, sei unter den Frontex-Beamten „verpönt“.

Angesichts all dessen wurde am Dienstag im Plenum erneut die Einrichtung einer parlamentarischen Untersuchungskommission gefordert. Der deutsche Abgeordnete Erik Marquardt von der Fraktion der Grünen hält eine solche für wichtiger als die auf Leggeri fokussierte Personaldiskussion. „Es ist es ja nicht primär die Verfehlung einer einzelnen Person, die wir beobachten, sondern es handelt sich um ein systematisches Problem“, sagte Marquardt gegenüber der woxx: „Frontex agiert nicht losgelöst von der Politik, sondern setzt im Grunde einen politischen Willen an den EU-Außengrenzen um, den viele Mitgliedsstaaten auch recht offen artikulieren.“ Zögerlichkeit, wie sie beispielsweise innerhalb der sozialdemokratischen Fraktion (S&D) hinsichtlich der Bildung eines Untersuchungsausschusses besteht, versteht er daher nicht. Er hofft jedoch, dass viele der Abgeordneten rasch überzeugt werden können.

„Außer Kontrolle“

Seine holländische Fraktionskollegin Tineke Strik ist skeptischer. „Ich glaube nicht, dass so etwas schnell zustande kommt“, sagte sie dem „EUObserver“ mit Blick auf das geforderte Gremium. Diskussionen werde es nicht zuletzt darüber geben, wie umfassend das Mandat eines solchen Ausschusses gestaltet ist, ob dieser sich also nur auf Frontex fokussiert oder auch das Handeln der Europäischen Kommission sowie der Mitgliedsstaaten miteinbezieht. Mindestens ein Viertel der Abgeordneten muss für die Bildung des Ausschusses votieren.

Die spanische Abgeordnete Sira Rego wiederholte am Dienstag den von verschiedener Seite gemachten Vorwurf, Frontex sei als EU-Agentur „außer Kontrolle“ geraten. Für Erik Marquardt stellt sich mit dem geforderten Ausschuss daher letztlich die Frage, wie ernst das Parlament sich selber nimmt: „Es geht darum, dass man die Ermittlungen nicht einfach nur anderen überlässt, also etwa dem Olaf und dem Ombudsman.“ Immerhin seien dank der Olaf-Untersuchung nun vielleicht Abgeordnete zu erreichen, „die die Kritik an Frontex bislang als Menschenrechtsoptimismus oder so etwas abgetan haben“. Letztlich sei jedoch auch der Olaf darauf angewiesen, „dass es politische Entscheidungsträger gibt, die aus den Ermittlungsergebnissen dann auch die entsprechenden Konsequenzen ziehen“.

Von den genannten Institutionen abgesehen, liegt das Augenmerk bislang auf der Frontex-internen Untersuchung. Ende November wurde vom Verwaltungsrat der Agentur eine Arbeitsgruppe eingesetzt, die eine etwaige Beteilung von Frontex-Beamten an Pushbacks und anderen Grundrechtsverstößen untersuchen soll. Die Übergabe eines ersten Berichts hierzu an den Verwaltungsrat war für dessen Sitzung an diesem Donnerstag geplant, dem Redaktionsschluss dieser Zeitung. Im Frontex-Verwaltungsrat sitzen neben zwei Vertreter*innen der EU-Kommission auch Repräsentant*innen der Grenzschutzbehörden aller Mitgliedsstaaten. Für Luxemburg übernimmt der Leiter der Flughafenpolizei, Christian Steichen, dieses Amt.

Eine von Ombudsman Emily O’Reilly im November an Frontex übergebene Liste von Fragen muss die EU-Agentur bis Freitag kommender Woche (29. Januar) beantworten, wie die Pressestelle der EU-Bürger*innenbeauftragten auf Anfrage der woxx zum Stand der Untersuchung mitteilte: „Der Ombudsman wird die Antworten dann analysieren, bevor über die nächsten Schritte entschieden wird.“ Der Fragekatalog richte sich unter anderem auf den Beschwerdemechanismus für Flüchtlinge und Migrant*innen gegenüber Frontex sowie auf die Rolle des Menschenrechtsbeauftragten der Organisation. Die eigene Arbeit sehe man von den nun aufgenommenen Ermittlungen des Olaf nicht tangiert.

Die kostspieligen Jahresfeiern, so ließ Frontex übrigens verlauten, seien für die Zukunft nicht mehr vorgesehen.

4 mineurs non accompagnés accueillis

Four Unaccompanied Minors from Greek Camp Relocated to Luxembourg

Luxembourg Airport; Luxembourg’s Ministry of Foreign and European Affairs has announced the arrival in Luxembourg of four unaccompanied minors from the Moria camp in Greece.

In accordance with the commitments made by the Minister of Immigration and Asylum, Jean Asselborn, following the fire which destroyed the Moria camp on the Greek island of Lesbos at the beginning of September 2020, Luxembourg is participating in the relocation of refugees from Greece with the aim of alleviating the precarious situation in the country’s overcrowded refugee camps.

Following the arrival of two families of Afghan origin on 29 September and 30 November 2020, four unaccompanied minors from the Moria camp arrived in the Grand Duchy today, Thursday 7 January 2021. The children are Afghan and Burundian nationals.

With the arrival of these four young people, in addition to the twelve unaccompanied minors having already arrived on 15 April 2020, Luxembourg has fulfilled its commitments made in 2020 to Greece by relocating a total of 25 refugees, including sixteen unaccompanied minors.

Earlier today, representatives of the Directorate of Immigration of the Ministry of Foreign and European Affairs and the National Reception Office (Office national de l’accueil – ONA) welcomed the new arrivals at Luxembourg Airport.

It is expected that relocated applicants for international protection will go through the asylum procedure in Luxembourg as provided for by the law of 18 December 2015 on international protection and temporary protection.