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« En déléguant le contrôle de ses frontières à des pays voisins, l’Europe encourage le “chantage migratoire” »

Le Monde  30-31 mai 2020     Philippe Bernard

L’immigration constitue l’arme ultime des pays du Sud, « un atout entre les mains des faibles pour faire pression sur les puissants ». L’UE doit imaginer des mécanismes de régulation pour ne pas être à la merci d’Etats sans grand scrupule, souligne Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

Chronique. Derrière chaque immigré, il y a un émigré dont les origines bousculent l’ordre national du pays d’accueil. En s’exilant, aucun être humain ne fait une croix sur sa vie passée, a analysé subtilement le sociologue Abdelmalek Sayad dans La Double Absence (Seuil, 1999). A l’échelle collective, les migrations ne concernent pas seulement les pays de destination ; elles sont avant tout une réalité internationale mettant en jeu des rapports de force géopolitiques.

Le Maroc, en ouvrant soudainement sa frontière avec l’enclave espagnole de Ceuta, lundi 17 mai, laissant filer vers l’Union européenne (UE) quelque 8 000 de ses ressortissants, souvent très jeunes, pour faire pression sur Madrid à propos du Sahara occidental, a mis en lumière cette réalité trop souvent occultée : l’immigration constitue l’arme ultime des pays du Sud, un atout entre les mains des faibles pour faire pression sur les puissants. Non seulement les hommes peuvent être chassés de chez eux par les guerres, les persécutions et la pauvreté, attirés par les lumières des pays nantis, mais ils constituent autant de pièces sur l’immense échiquier des relations diplomatiques.
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Cette réalité n’est pas nouvelle. En 1980, Fidel Castro avait mis dans l’embarras le président américain Jimmy Carter en ouvrant les vannes de l’émigration au port de Mariel, provoquant un afflux incontrôlé de migrants, parmi lesquels de nombreux délinquants libérés de prison pour l’occasion par les autorités. Et, depuis plusieurs décennies, la pression migratoire des pays latino-américains constitue un enjeu central des relations entre le Mexique et les Etats-Unis et de la vie politique américaine.
Rôle de gendarme

En Europe, le « chantage migratoire » a pris une dimension courante avec la construction de l’espace Schengen, où la libre circulation a pour corollaire le contrôle strict des frontières extérieures. Depuis les années 1990, la politique européenne d’« externalisation » a consisté à reporter ce contrôle sur les pays voisins, singulièrement ceux du Maghreb et, plus récemment, la Turquie. L’Union européenne sous-traite aux Etats qui la bordent la charge d’empêcher l’entrée de migrants illégaux. En contrepartie, elle finance des installations de surveillance, des centres de rétention et de garde-côtes, elle octroie des facilités en matière de visas pour les ressortissants des pays en question, exige la signature d’accords les obligeant à réadmettre les illégaux et le durcissement de leur législation sur l’immigration.
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Sous la pression de l’UE, plusieurs Etats africains ont été amenés à considérer comme un délit le fait de quitter leur sol. Le « droit de quitter tout pays y compris le sien », considéré comme fondamental du temps où l’URSS le bafouait, n’a pas résisté au rapport de force inégal entre l’Afrique et l’Union européenne. Il est pourtant inscrit à l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Alors que l’UE incite de fait à le relativiser, ce droit est aussi consacré par la Convention européenne des droits de l’homme.

Ainsi, en déléguant le contrôle de ses frontières, l’Europe encourage-t-elle l’exercice de ce « chantage migratoire » qui la vise. Des hommes forts au pouvoir aux abords de l’UE ont su et savent user et abuser du pouvoir que leur donne ce rôle de gendarme. Mouammar Kadhafi a longtemps excellé à ce jeu tragique, bloquant l’embarquement de migrants des côtes libyennes ou, au contraire, encourageant des départs massifs, selon l’état de ses relations avec l’UE, en particulier l’Italie. En 2010, un an avant sa chute, le dictateur libyen avait réclamé « au moins 5 milliards d’euros par an » à l’UE pour « éviter une Europe noire ».

En mars 2020, le président turc, Recep Tayyip ­Erdogan, a manipulé les migrants en prétendant que la frontière de l’UE était ouverte, afin d’obtenir la renégociation de l’accord de 2016 aux termes duquel Ankara s’engageait à barrer la route de l’Europe aux réfugiés syriens, moyennant 6 milliards d’euros.
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En refusant de délivrer les « laissez-passer consulaires » indispensables au retour des migrants illégaux reconduits à la frontière, les pays d’origine disposent d’un autre levier. Ce refus de réadmettre les sans-papiers est l’une des principales raisons pour lesquelles seules 30 % des décisions de reconduite prises dans l’Union sont exécutées. La coopération en matière de renseignement antiterroriste est une autre monnaie d’échange.
Victimes des persécutions et du cynisme

Le grand marchandage des migrations ne fait que commencer. Les pays du pourtour de la Méditerranée en connaissent les effets potentiellement délétères sur les sociétés européennes (raidissement des opinions, montée de l’extrême droite) et sur l’UE elle-même, amenée à malmener ses propres principes. Les tensions économiques et sociales exacerbées par le Covid-19 alliées aux faibles contrepoids démocratiques expliquent pourquoi un pays comme le Maroc, à l’instar d’Etats subsahariens, peut inciter sa jeunesse à risquer sa vie en Méditerranée.

Si l’Europe veut éviter de se trouver à la merci des politiques de certains Etats sans grand scrupule, elle doit imaginer des mécanismes permanents et solidaires de régulation des migrations qui lui permettent de rester fidèle à sa tradition d’ouverture et d’asile. Inquiétante à cet égard apparaît la grande panne du « pacte pour l’immigration » présenté comme un compromis acceptable par les Vingt-Sept. A la fois forteresse et incapable de gérer de façon cohérente les entrées comme les sorties, l’UE est enferrée dans une impasse migratoire.

Si les migrants représentent une richesse sur bien des plans, ce sont aussi des enjeux diplomatiques. Une politique humaine à leur égard ne peut ignorer qu’ils peuvent être victimes non seulement de persécutions et de la pauvreté, mais aussi du cynisme et du mépris des dirigeants de leur pays ou de ceux qu’ils traversent.

Philippe Bernard

Mapping key migrant-led organisations across the EU

Migrant participation has been increasingly hailed as a prerequisite to meaningful policymaking and implementation in the field of integration. Notably, the new Action Plan on Integration and Inclusion, published by the European Commission (EC) to promote integration across the EU in the 2021-2027 period, specifically urges to step-up the participation of migrants in all stages of the integration process. With this scope, the Commission launched at the end of 2020 an Expert Group on the view of migrants to directly hear from third-country nationals (TCNs) in the conception and implementation of asylum, migration and integration policies.

With close to 34 million EU residents born outside the EU (Eurostat, Population data 2019) and large historic diasporas across the EU countries, ensuring migrant participation and representation should be an easy task. Yet, little is actually known about how migrants are able to associate across the different EU countries. What types of structures do they organise through in the different EU regions? Are migrants even able to form their own associations? What activities do they engage in on a national and local level, and are there any successes that can be traced back to them?

With this analysis, EWSI provides a glimpse into some of the most active – and, where possible, policy-relevant – migrant-led structures in the 27 EU countries (EU-27). The analysis is exploratory in nature, as the list of migrant-led structures is not exhaustive but focused on prominent examples identified by our network through desk research.

The report here

L’Europe forteresse n’est pas la solution !

Les ministres de l’Intérieur de l’Union Européenne se rencontrent ce jeudi pour, entre autres sujets, aborder les migrations et l’asile.

Si 2021 a commencé avec l’espoir d’une année forcément meilleure que 2020, en matière d’asile, l’espoir est constant mais se heurte malheureusement à la dure réalité du renforcement de l’Europe forteresse !

Le premier signe, loin d’être prometteur, est l’échec annoncé du nouveau Pacte Migration et Asile proposé par la Commission Européenne. Malgré une proposition qui est loin de pouvoir être décrite comme généreuse dans le sens d’une meilleure protection des réfugiés, le Conseil de l’Union Européenne n’a pas réussi à avancer avec les négociations. Si d’un côté, les pays qui sont confrontés aux arrivées importantes de réfugiés trouvent que la solidarité n’est pas suffisamment ancrée dans la proposition de l’exécutif européen, de l’autre côté, les pays moins friands à accueillir des réfugiés trouvent que la proposition de la Commission va trop loin. Nous sommes ainsi dans une situation où même un accord sur le minimum dénominateur commun semble impossible.

Si les perspectives s’annoncent plutôt sombres, la réalité quotidienne l’est déjà. Les refoulements de personnes qui veulent demander l’asile en Europe sont devenus monnaie courante à pratiquement toutes les frontières extérieures.

En Grèce, pays où sont toujours « parqués » des milliers de réfugiés, aussi bien la garde côtière nationale que les agents de Frontex sont accusés de les repousser vers la Turquie. Toujours en Méditerranée, l’Italie et Malte continuent à travailler main dans la main avec les gardes côtes libyens, pour éviter les arrivées de bateaux sur leur territoire. Les naufrages continuent et la Méditerranée renforce son statut de cimetière.

Dans les îles Canaries, confrontées à une augmentation des arrivées depuis plusieurs mois, l’incapacité des autorités à gérer humainement et rationnellement la situation, fait de l’archipel une prison à ciel ouvert, avec des violences envers les réfugiés, presque quotidiennes.

En Bosnie, après l’incendie du camp de Lipa fin décembre 2020, la situation humanitaire est devenue catastrophique. Bloqués à la frontière avec la Croatie, des milliers de personnes attendent un geste de l’Union Européenne qui fait de la Bosnie un « parking » pour migrants indésirables.

Non loin de là, la Hongrie, malgré la condamnation le 17 décembre 2020 par la Cour de Justice Européenne pour violation du droit européen à cause des refoulements de réfugiés, poursuit les pratiques de push-back violents, à tel point que Frontex a décidé de suspendre ses activités dans le pays pour ne pas cautionner les agissements des autorités magyares : une première dans l’Union Européenne !

Après la crise de l’accueil de 2015, la forteresse Europe s’est davantage renforcée, ayant comme conséquence directe l’explosion du trafic, l’empreinte de routes de plus en plus dangereuses par les réfugiés et indirectement la mort de ceux qui pensaient pouvoir y trouver une nouvelle vie.

Dans un récent rapport du Conseil de l’Europe, rendu public ce 9 mars 2021, Dunja Mijatovic, la Commissaire aux droits de l’homme, lance un appel de détresse pour les droits de l’homme ! Ce rapport dresse un constat catastrophique de l’approche des Etats européens qui concentrent tous leurs moyens à empêcher les réfugiés et les migrants d’atteindre les côtes européennes au détriment des droits de l’homme et de la dimension humanitaire.

Le rapport contient 35 recommandations, toutes destinées à prendre des mesures concrètes pour endiguer ce recul dans la protection des vies et des droits des réfugiés et des migrants. Le Conseil de l’Europe appelle, entre autres, à développer des voies de migrations sûres et légales, à mettre fin aux refoulements et aux autres mesures qui entrainent le retour des réfugiés et des migrants vers des lieux où ils sont exposés à de graves violations des droits de l’homme,…

Pour la Commissaire, il est grand temps que les pays européens mettent fin à ces tragédies honteuses et adoptent des politiques migratoires respectueuses des droits humains.

Il est donc temps pour l’Union européenne de cesser l’externalisation à ses frontières de la prise en charges des migrants et candidats réfugiés, de peser de tout son poids pour que cessent les pratiques illégales aux frontières, où des gens qui fuient la violence et la misère sont soumis à des violations flagrantes et répétées des droits humains.

Il est temps également que l’Union européenne mette en place un nouveau système d’attribution des responsabilités qui soit équitable, donne la priorité à la famille et aux liens plus larges et garantisse le respect des règles par des incitations positives (par exemple, les droits de libre circulation lors de la reconnaissance du statut) plutôt que des sanctions. C’est la seule réponse institutionnelle efficace et durable.

Il est temps enfin que l’Union européenne mette en place des voies sûres et légales afin que les personnes fuyant la persécution, la guerre et les conflits ou se déplaçant pour d’autres raisons puissent se mettre en sécurité ou avoir accès à des possibilités de mobilité sans avoir à compter sur des passeurs et des réseaux mafieux.

La crise sanitaire actuelle va nous obliger à réinventer nos modes de vie. En matière d’asile, l’Europe devra aussi s’engager sur un changement de paradigme, dans le sens d’une vraie solidarité et responsabilité partagées. Fermer les portes et regarder ailleurs n’est pas une solution, c’est, au contraire, aggraver le problème.

« Il s’agit là d’une question de vie ou de mort – et il en va de la crédibilité de l’engagement des pays européens en faveur des droits humains », prévient la Commissaire.

Collectifréfugiésluxembourg-lëtzebuergerflüchtlingsrot

11 mars 2021

François Gemenne : on a tous un ami noir (Fayard 2020)

Raymond Weber, note de lecture  Brennpunkt 3. Welt

– La « crise » des réfugiés » et le « problème » des migrations continuent, même en ce début d’année 2021, où la crise du coronavirus reste omniprésente dans la presse, à occuper la Une des journaux : morts en Méditerranée, conditions de vie scandaleuses dans les camps en Grèce (Moria) ou en Bosnie-Herzégovine (Lipa), destruction de campements à Paris et à Calais. Nous nous trouvons ici devant un « shutdown de l’humanité en Europe » (Heribert Prantl dans la Süddeutsche Zeitung) : c’est une situation indigne d’une Europe, Prix Nobel de la Paix 2012 et d’une Communauté/Union qui se veut garante de « valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, d’état de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme », comme le précise l’article 2 des Traités de l’Union Européenne.

Frontex: abus et dérives !

Vorwürfe gegen EU-Grenzschutzagentur: Langsam wird es unbequem

Das Europäische Amt für Betrugsbekämpfung (Olaf) ermittelt gegen Frontex und soll sogar Büros der Geschäftsführung durchsucht haben. Auch Menschenrechtsverletzungen werden dem EU-Grenzschutz vorgeworfen. Bis kommenden Freitag muss die Agentur zudem Fragen des 
EU-Ombudsmans beantworten.

Besuch bei den Truppen: EU-Grenz-
schutzagenturdirektor Fabrice Leggeri (vierter von links) im August 2018 auf einem Frontex-Schiff im Hafen von Algeciras, Spanien. (Foto: EPA-EFE/A. Carrasco Ragel)

Die EU-Grenzschutzagentur Frontex kommt aus den negativen Schlagzeilen nicht heraus. Am Montag berichtete das Nachrichtenportal „EUobserver“ darüber, wie die Behörde sich alljährlich mit einem großen Event selbst gefeiert und dafür zwischen 2015 und 2019 schlappe 2,1 Millionen Euro ausgegeben hat. Die rauschenden Feste waren aber offenbar nicht der Grund, weshalb nun das Europäische Amt für Betrugsbekämpfung (Olaf) Ermittlungen gegen Frontex aufgenommen hat.

Bereits am 7. Dezember 2020 sollen Beamte des Olaf die Büros des Frontex-Geschäftsführers Fabrice Leggeri und seines Kabinettchefs Thibauld de La Haye Jousselin durchsucht haben. Die Aktion stehe im Zusammenhang mit Vorwürfen gegenüber Frontex, über illegale Zurückweisungen von Asylsuchenden entlang der EU-Außengrenze informiert oder gar daran beteiligt gewesen zu sein, berichtete die griechische Zeitung „ekathimerini“ vergangene Woche. Gegenüber verschiedenen Medien bestätigte der Olaf die Ermittlungen, schwieg sich über die Gründe dafür jedoch aus.

Der Druck auf Leggeri steigt. Bei einer Debatte des Europaparlaments zur humanitären Situation an den EU-Außengrenzen am vergangenen Dienstag wurden der nicht anwesende Frontex-Direktor und seine Organisation mehrmals scharf kritisiert. „Die EU ist manchmal selbst ein Teil des Problems“, sagte der luxemburgische DP-Abgeordnete Charles Goerens und betonte: „Frontex hat die Pflicht, das humanitäre Recht zu respektieren.“ Andere wurden noch deutlicher. Für Leggeri dürfe es eigentlich nur zwei Alternativen geben: „Entweder er tritt zurück oder wir werfen ihn raus!“, forderte die spanische Abgeordnete Sira Rego von der Fraktion Vereinte Europäische Linke/Nordische Grüne Linke (GUE/NGL).

Mit dieser Haltung ist Rego längst nicht mehr allein. Spätestens seit Leggeri am 1. Dezember, knapp eine Woche vor der mutmaßlichen Durchsuchung seines Büros, im Europaparlament Rede und Antwort stehen musste, haben viele Abgeordnete von seinen Manövern genug. Abermals hatte der Beamte sich darauf versteift, für eine Beteiligung von Frontex an den sogenannten Pushbacks gebe es keine Beweise. Die Fraktion der Sozialdemokraten forderte ihn darauf noch am selben Tag zum Rücktritt auf; man habe jedes Vertrauen in Leggeri verloren.

Anschuldigungen, bei Pushbacks mitzumischen, werden seit vielen Jahren immer wieder gegen Frontex laut. Vergangenen Oktober jedoch präsentierte ein journalistisches Netzwerk um das deutsche Nachrichtenmagazin „Spiegel“ und die Online-Plattform „Bellingcat“ eine Recherche mit vielen Belegen, die den Druck auf die EU-Grenzschutzagentur erhöhte (die woxx hatte darüber in der Ausgabe 1607 berichtet). So sollen beispielsweise im April 2020 knapp zwei Dutzend Flüchtlinge, die bereits die griechische Insel Samos erreicht hatten, von der dortigen Küstenwache wieder auf einem Gummifloß ausgesetzt und in Richtung der türkischen Küste abgedrängt worden sein. Ein Frontex-Flugzeug habe all dies überwacht. Auch an der ungarischen Grenze zu Serbien sollen Beamte der EU-Agentur angesichts von Menschenrechtsverletzungen und Tausenden von Pushbacks systematisch „die Augen verschließen“, so das ungarische Helsinki-Komitee, eine NGO mit Sitz in Budapest, Anfang Januar auf detaillierte Dokumente gestützt.

Auf Berichte wie diese hin hatte der Ombudsman der Europäischen Union, Emily O‘Reilly, im November eine offizielle Untersuchung gegen Frontex eingeleitet; der Olaf zog offenbar nach. Ermittelt wird von der Betrugsbekämpfungsbehörde nicht allein wegen der Pushbacks, wie das Nachrichtenportal „politico“ von vier nicht namentlich genannten Beamten aus der Frontex-Zentrale in Warschau erfahren haben will. Angeblich stehen auch Vorwürfe wegen Belästigung und Fehlverhalten am Arbeitsplatz im Raum. Mehrere Beamte hätten die EU-Agentur aus diesem Grund in den vergangenen Monaten verlassen.

Bild: EU 2015/ EC – Audiovisual Service / Angelos Tzortzinis

„Aktiv widersetzt“

Frontex-Chef Leggeri bestreitet nach wie vor jede Beteiligung seiner Behörde an den illegalen Zurückweisungen. Dennoch sah er sich vergangenen Herbst auf Druck der zuständigen EU-Kommissarin Ylva Johansson genötigt, einer internen Untersuchung zuzustimmen. Man wolle die Vorwürfe genau prüfen, so Leggeri im November, begleitet von einem Versprechen: „Ich bin entschlossen, das Büro des Grundrechtsbeauftragten zu stärken und dessen Budget schrittweise zu erhöhen.“

Nach Informationen von „ekathimerini“ hat der ranghöchste Frontex-Beamte in der Vergangenheit jedoch exakt das Gegenteil getan. Laut einer Person, die mit den internen Vorgängen in der Behörde vertraut sei, habe sich Leggeri der vorgesehenen Neueinstellung von 40 Mitarbeiter*innen für das genannte Büro „aktiv widersetzt“, zitiert das Blatt aus einem Dokument. Noch 2020 habe er auf entsprechende Nachfragen aus seinem Team geantwortet, deren Rekrutierung habe „keine Priorität“. Den an Einsätzen vor Ort beteiligten Kräften habe er zu verstehen gegeben, dass „die Meldung von Pushbacks, an denen Frontex-Personal beteiligt ist, weder für Beliebtheit noch für Beförderung“ innerhalb der Agentur hilfreich sei. Das passt ins Bild, denn auch der „Spiegel“ hatte im Oktober vom Korpsgeist innerhalb der Grenzschutztruppe berichtet: Nationale Sicherheitskräfte für beobachtete Rechtsverstöße zu melden, sei unter den Frontex-Beamten „verpönt“.

Angesichts all dessen wurde am Dienstag im Plenum erneut die Einrichtung einer parlamentarischen Untersuchungskommission gefordert. Der deutsche Abgeordnete Erik Marquardt von der Fraktion der Grünen hält eine solche für wichtiger als die auf Leggeri fokussierte Personaldiskussion. „Es ist es ja nicht primär die Verfehlung einer einzelnen Person, die wir beobachten, sondern es handelt sich um ein systematisches Problem“, sagte Marquardt gegenüber der woxx: „Frontex agiert nicht losgelöst von der Politik, sondern setzt im Grunde einen politischen Willen an den EU-Außengrenzen um, den viele Mitgliedsstaaten auch recht offen artikulieren.“ Zögerlichkeit, wie sie beispielsweise innerhalb der sozialdemokratischen Fraktion (S&D) hinsichtlich der Bildung eines Untersuchungsausschusses besteht, versteht er daher nicht. Er hofft jedoch, dass viele der Abgeordneten rasch überzeugt werden können.

„Außer Kontrolle“

Seine holländische Fraktionskollegin Tineke Strik ist skeptischer. „Ich glaube nicht, dass so etwas schnell zustande kommt“, sagte sie dem „EUObserver“ mit Blick auf das geforderte Gremium. Diskussionen werde es nicht zuletzt darüber geben, wie umfassend das Mandat eines solchen Ausschusses gestaltet ist, ob dieser sich also nur auf Frontex fokussiert oder auch das Handeln der Europäischen Kommission sowie der Mitgliedsstaaten miteinbezieht. Mindestens ein Viertel der Abgeordneten muss für die Bildung des Ausschusses votieren.

Die spanische Abgeordnete Sira Rego wiederholte am Dienstag den von verschiedener Seite gemachten Vorwurf, Frontex sei als EU-Agentur „außer Kontrolle“ geraten. Für Erik Marquardt stellt sich mit dem geforderten Ausschuss daher letztlich die Frage, wie ernst das Parlament sich selber nimmt: „Es geht darum, dass man die Ermittlungen nicht einfach nur anderen überlässt, also etwa dem Olaf und dem Ombudsman.“ Immerhin seien dank der Olaf-Untersuchung nun vielleicht Abgeordnete zu erreichen, „die die Kritik an Frontex bislang als Menschenrechtsoptimismus oder so etwas abgetan haben“. Letztlich sei jedoch auch der Olaf darauf angewiesen, „dass es politische Entscheidungsträger gibt, die aus den Ermittlungsergebnissen dann auch die entsprechenden Konsequenzen ziehen“.

Von den genannten Institutionen abgesehen, liegt das Augenmerk bislang auf der Frontex-internen Untersuchung. Ende November wurde vom Verwaltungsrat der Agentur eine Arbeitsgruppe eingesetzt, die eine etwaige Beteilung von Frontex-Beamten an Pushbacks und anderen Grundrechtsverstößen untersuchen soll. Die Übergabe eines ersten Berichts hierzu an den Verwaltungsrat war für dessen Sitzung an diesem Donnerstag geplant, dem Redaktionsschluss dieser Zeitung. Im Frontex-Verwaltungsrat sitzen neben zwei Vertreter*innen der EU-Kommission auch Repräsentant*innen der Grenzschutzbehörden aller Mitgliedsstaaten. Für Luxemburg übernimmt der Leiter der Flughafenpolizei, Christian Steichen, dieses Amt.

Eine von Ombudsman Emily O’Reilly im November an Frontex übergebene Liste von Fragen muss die EU-Agentur bis Freitag kommender Woche (29. Januar) beantworten, wie die Pressestelle der EU-Bürger*innenbeauftragten auf Anfrage der woxx zum Stand der Untersuchung mitteilte: „Der Ombudsman wird die Antworten dann analysieren, bevor über die nächsten Schritte entschieden wird.“ Der Fragekatalog richte sich unter anderem auf den Beschwerdemechanismus für Flüchtlinge und Migrant*innen gegenüber Frontex sowie auf die Rolle des Menschenrechtsbeauftragten der Organisation. Die eigene Arbeit sehe man von den nun aufgenommenen Ermittlungen des Olaf nicht tangiert.

Die kostspieligen Jahresfeiern, so ließ Frontex übrigens verlauten, seien für die Zukunft nicht mehr vorgesehen.

4 mineurs non accompagnés accueillis

Four Unaccompanied Minors from Greek Camp Relocated to Luxembourg

Luxembourg Airport; Luxembourg’s Ministry of Foreign and European Affairs has announced the arrival in Luxembourg of four unaccompanied minors from the Moria camp in Greece.

In accordance with the commitments made by the Minister of Immigration and Asylum, Jean Asselborn, following the fire which destroyed the Moria camp on the Greek island of Lesbos at the beginning of September 2020, Luxembourg is participating in the relocation of refugees from Greece with the aim of alleviating the precarious situation in the country’s overcrowded refugee camps.

Following the arrival of two families of Afghan origin on 29 September and 30 November 2020, four unaccompanied minors from the Moria camp arrived in the Grand Duchy today, Thursday 7 January 2021. The children are Afghan and Burundian nationals.

With the arrival of these four young people, in addition to the twelve unaccompanied minors having already arrived on 15 April 2020, Luxembourg has fulfilled its commitments made in 2020 to Greece by relocating a total of 25 refugees, including sixteen unaccompanied minors.

Earlier today, representatives of the Directorate of Immigration of the Ministry of Foreign and European Affairs and the National Reception Office (Office national de l’accueil – ONA) welcomed the new arrivals at Luxembourg Airport.

It is expected that relocated applicants for international protection will go through the asylum procedure in Luxembourg as provided for by the law of 18 December 2015 on international protection and temporary protection.

 

 


Refoulement des migrants aux frontières

Des pratiques de refoulement des migrants aux frontières dénoncées par plusieurs groupes du Parlement européen

Un Livre noir recense des centaines de cas de personnes dont les droits fondamentaux n’ont pas été respectés. L’agence Frontex est mise en cause.

Le Monde 18 décembre 2020

C’est un Livre noir, lourd de 1 500 pages réparties en deux volumes, élaboré par des ONG regroupées depuis 2016 autour du projet Border Violence Monitoring Network (BVMN). Ce réseau collecte des témoignages et mène des enquêtes sur les cas de refoulements illégaux de demandeurs d’asile et de migrants aux frontières de l’Union européenne, et sur les violences qui les accompagnent.

Neuf cents cas recensés, 12 600 personnes concernées : le document, relayé au Parlement européen par la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) et remis vendredi 18 décembre à la commissaire Ylva Johansson, chargée des affaires intérieures, compile des centaines de récits et autant de violations des droits humains. Cartes, photos des lieux et des personnes, données précises complètent, dans le livre, les témoignages collectés en Grèce, en Italie, en Croatie, en Slovénie et en Hongrie, le long de la route des Balkans.

Démentis plus ou moins vagues

L’ensemble forme un très violent réquisitoire contre les pratiques exercées à ces frontières extérieures dont l’Europe dit vouloir renforcer encore le contrôle : c’est d’ailleurs l’un des axes principaux du « pacte sur la migration » élaboré par la Commission de Bruxelles et actuellement soumis aux Etats membres. Ce projet évoque la nécessité d’un système indépendant de supervision incluant des juristes.

Déjà mises en cause à diverses reprises par d’autres organisations, les autorités des pays ciblés par le Livre noir se sont généralement limitées à des démentis plus ou moins vagues. Le document du réseau BVMN analyse en profondeur, cette fois, ce qui ressemble, selon Hope Barker, porte-parole du groupe, à « une pratique systématique continue ». Il va plus loin : la réalité des violences est beaucoup plus répandue encore que ce que les enquêteurs ont pu enregistrer.

Eurodéputée allemande du parti Die Linke, Cornelia Ernst, qui a visité plusieurs lieux d’accueil de migrants, évoque « des récits sans fin de violence impitoyable, sadique ou dégradante ». Les innombrables témoignages, plus accablants sans doute pour certains pays (la Croatie, la Hongrie) que pour d’autres (l’Italie), impliquent police, armée et gardes-frontières.

Ce catalogue, brutal et accusateur, devrait, en tout cas, relancer le débat sur les « pushbacks », ces refoulements illégaux contraires aux règles internationales

Ils mettent en évidence des pratiques récurrentes de vol, d’enfermement, de violences − y compris sur des mineurs −, de tirs destinés à effrayer, de signatures extorquées sur des documents non traduits, etc. Des migrants racontent comment ils ont été « traînés par terre, comme des ordures », « poussés dans une rivière et arrosés de cailloux », ou confrontés à des chiens. Beaucoup des personnes interrogées ont lancé le même cri : « Nous ne sommes pas des animaux ! »

Ce catalogue, brutal et accusateur, devrait, en tout cas, relancer le débat sur les « pushbacks », ces refoulements illégaux contraires aux règles internationales qui stipulent que des personnes ne peuvent être renvoyées vers un pays avant un examen de leur situation, si leur existence est en danger en raison de leur race, de leur religion, de leur nationalité ou de leur appartenance à un groupe social ou politique.

Au début novembre, des médias avaient détaillé six épisodes au cours desquels des embarcations avaient été bloquées en mer Egée. Le conseil d’administration de Frontex avait été invité à fournir des explications, réclamées notamment par la commissaire aux affaires intérieures, Ylva Johansson. Avant cela, l’Agence européenne avait minimisé, évoquant son respect des lois et l’ouverture d’une enquête par la Grèce. Celle-ci démentait, en tout cas, toute participation à de tels refoulements même si elle faisait face, depuis des mois, à de nombreuses accusations pour son action présumée en mer Egée et à la frontière terrestre avec la Turquie, dans l’Evros.

Sous pression

On sait désormais que ces révélations ne reflétaient qu’une partie infime de la réalité. Elles avaient, pourtant, beaucoup agité et abouti et à une mise en cause de Frontex, l’agence européenne des gardes-côtes et gardes-frontières, qui a engagé en Grèce quelque six cents agents dotés de divers moyens de surveillance. Le corps européen avait, avant cela, déjà fait l’objet d’autres accusations, qu’il a démenties. Sans détailler, en tout cas, la manière dont ses contrôles sont exercés. L’action de son service interne en charge du respect des droits fondamentaux n’a pas été davantage explicitée.

Lire aussi Frontex sous pression après des accusations de refoulement de migrants aux portes de la Grèce

Mis sous pression, le Français Fabrice Leggeri, directeur de Frontex, a été entendu début décembre au Parlement européen. Il a affirmé ne disposer d’aucune preuve quant à l’implication de son personnel dans des refoulements et a évoqué la situation extrêmement compliquée en Méditerranée.

La médiatrice de l’Union européenne, Emily O’Reilly, a, quant à elle, ouvert une enquête sur l’action de Frontex et sur le rôle de son « officier aux droits fondamentaux »

Peu convaincus, des députés ont réclamé sa démission. Interrogée, le 9 décembre, sur le fait qu’elle maintenait, ou non, sa confiance à M. Leggeri, Mme Johansson a répondu « oui », sans donner davantage de détails. La médiatrice de l’Union européenne, Emily O’Reilly, a, quant à elle, ouvert une enquête sur l’action de Frontex et sur le rôle de son « officier aux droits fondamentaux ».

Au Parlement européen, cinq groupes politiques (les Verts, les socialistes, les libéraux, la gauche radicale (GUE) et les eurosceptiques (ECR)) membres de la Commission des libertés, de la justice et des affaires intérieures ont adressé, le 14 décembre, 56 questions complémentaires au directeur de Frontex, ce qui illustre la défiance d’une bonne partie de l’Assemblée. M. Leggeri devra donc fournir, à la rentrée, de longues explications sur le fonctionnement de son agence, le contrôle exercé sur celle-ci, son rapport avec les autorités nationales ou l’utilisation des moyens dont elle dispose, appelés à connaître une forte augmentation dans un proche avenir.

Newsletter du Ronnen Desch

Bonjour

Voici quelques informations qui peuvent vous intéresser:

Dans l’Union européenne

Pour ce qui est de l’intégration en général dans l’UE le Portail Européen sur l’Intégration (EWSI) ici peut vous intéresser. Vous y trouvez des nouvelles, de bonnes pratiques, des documents, etc

Vous pouvez vous abonner à la Newsletter de EWSI: ici

L’UE a publié le 25 novembre un Plan d’Action pour l’Intégration et l’Inclusion : ici

Le 19 septembre dernier la Commission européenne a lancé son Plan d’Action quinquennal contre Racisme: ici .

Il en ressort e.a. que les Etats membres sont obligés d’élaborer un Plan d’Action National d’ici la fin 2021

Pour ce qui est du Grand-Duché :

Lancement de l’appel à projets 2021 dans le cadre du Plan National d’Intégration (PAN Intégration) par le Ministère de la Famille et de l’Intégration,
La date limite pour la soumission des demandes de financement de projets est fixée au 6 janvier 2021 à 12h00 (midi),
Vous savez que le Ministère de la Famille a déménagé. La nouvelle adresse : 13c, rue de Bitbourg L-1273 Luxembourg-Hamm,
L’Annuaire interne du Département de l’Intégration

L’index de l’intégration  MIPEX avec les résultats concernant le Luxembourg,

et finalement le Ronnen Desch:

Vous connaissez sans doute le site internet du Ronnen Desch

N’hésitez pas à nous faire part d’informations en mailant à: info@ronnendesch.lu
Vous pouvez établir un link sur votre page web

Activités du Ronnen Desch:

Couverture Sanitaire Universelle / Accès aux soins , le groupe de travail SANTE a élaboré des recommandations et des mesures qui ont déjà pu être évoquées avec les Ministères de la Sécurité Sociale, de la Famille et des Affaires Etrangères, l’AMDD, l’Entente des Offices Sociaux,le LCGB, l’OGBL, la Patientevertriedong, l’UEL. Une entrevue au Ministère de la Santé est prévu pour la mi – décembre. Vous trouvez toutes les infos à ce sujet : ici

Accès aux droits: pour la mise en place sur internet d’un répertoire renseignant sur tous les prestataires d’nformations sur les droits, des démarches sont en cours pour le financement de l’ordre de 10 000 €.

La contribution de la coordination du Ronnen Desch à la consultation sur la relance de la politique d’intégration : ici

Restez en bonne santé et que 2021 puisse nous permettre de nous revoir en plénière.

La coordination du Ronnen Desch

The EC reveals its new EU Action Plan on Integration and Inclusion (2021-2027)

The European Commission presented the new EU Action Plan on Integration and Inclusion (2021-2027).

The responsibility for integration policies lies primarily with the Member States. However, the EU has established a large variety of measures to incentivise and support national, as well as regional and local, authorities and civil society in their efforts to promote integration. The current action plan proposes concrete actions, gives guidance and delineates funding for initiatives meant to bring inclusion for all.

Présentation sommaire: ici

Le document de la Commission: ici