Crise du logement
Coincée dans une chambre humide, une mère célibataire attend un logement depuis cinq ans
Depuis 2019, une résidente portugaise, aujourd’hui au chômage, attend un logement abordable du Fonds du logement. Il y a 6.000 demandeurs sur la liste d’attente.
Angela, mère célibataire, et ses enfants vivent dans un minuscule appartement d’une chambre à Bonnevoie, au Luxembourg. Cette Portugaise de 34 ans et ses trois enfants, une fille de 13 ans et des jumeaux de 21 mois, dorment dans une seule pièce. Angela et sa fille dans leur lit, les bébés dans leur berceau. Tous blottis l’un contre l’autre.
Outre le manque d’espace, l’appartement a besoin d’être rénové et l’humidité envahit la pièce. Lorsqu’il pleut – et les hivers sont rudes au Grand-Duché – l’eau s’infiltre par les fenêtres de la cuisine. «Un autre hiver arrive, que va-t-il advenir de moi et de mes enfants?» Le propriétaire veut rénover l’immeuble, ce qui signifie que la famille devra quitter l’appartement temporairement. Mais pour aller où?
Angela est au chômage depuis qu’elle a donné naissance à ses jumeaux. Elle vit des prestations sociales, ce qui l’empêche de louer un espace décent sur le marché privé. La tristesse s’empare de la conversation lorsqu’elle se remémore le chemin qui l’a menée à sa situation actuelle. Aujourd’hui, elle souhaite simplement offrir un foyer décent à sa famille.
Angela est née à Matosinhos et a passé son enfance à Campanhã avant d’émigrer au Luxembourg suite à la naissance de sa première fille. Elle a travaillé dans une boulangerie industrielle et comme femme de ménage pour une entreprise de nettoyage. «J’allais là où on avait besoin de moi, je nettoyais les maisons et les bureaux», a-t-elle expliqué à Contacto par téléphone.
Elle travaille d’ailleurs depuis l’âge de 18 ans et a commencé comme serveuse dans un café du Norte Shopping à Porto. Elle a décidé de venir au Luxembourg pour retrouver son père, immigré depuis 2000, à la recherche d’une «vie meilleure». Elle a même habité chez lui pendant un certain temps.
Au chômage depuis la naissance des jumeaux
Mais son père a pris sa retraite et il est retourné au Portugal. Elle a alors loué un appartement d’une chambre et tombe enceinte des jumeaux. Elle se retrouve ensuite au chômage, avec un ventre qui grossit de jour en jour, ce qui la «limite un peu, depuis trois ans».
Aujourd’hui, «il est difficile de reprendre le travail à cause des deux bébés». L’assistante sociale cherche un emploi pour elle, en fonction de sa situation. Pour l’instant, Angela survit grâce au Fonds de solidarité nationale (Revis), soit une somme mensuelle d’environ 2.400 euros.
Un petit coussin pour les dépenses. Le loyer est de 900 euros. Elle cherche à louer un appartement avec deux chambres, mais ne trouve pas. «Les prix sont fous, je ne peux pas me le permettre.» Elle n’a pas non plus de contrat de travail et les propriétaires exigent un revenu mensuel supérieur au loyer éventuel.
Les jumeaux grandissent et ne tiennent plus dans le lit d’enfant. Sa fille est au lycée et «n’a pas de place pour étudier à la maison».
«Je ne pourrai pas louer un appartement plus grand sans soutien social», ajoute-t-elle. Elle a déposé une demande de logement abordable auprès du Fonds du logement et de la commune de Luxembourg-Ville, et attend un toit abordable depuis 2019. «J’ai déjà envoyé plusieurs lettres.» Mais pour le moment, elle n’a jamais reçu de réponse.
6.000 personnes sur la liste d’attente
Angela fait partie des 6.000 personnes inscrites sur la liste d’attente du Fonds du logement pour un logement social, selon les chiffres officiels publiés par le ministère du Logement au début de l’année.
Contacto a interrogé l’organisme public sur le cas d’Angela, mais n’a reçu aucune réponse. Les familles monoparentales, adultes seuls avec enfants mineurs, sont celles qui ont le plus recours aux loyers abordables du Fonds du logement, représentant plus d’un quart (22,7%) de la liste d’attente.
Ce sont les adultes célibataires qui constituent le groupe le plus important de la liste et représentent environ 36,6% (2.192) des personnes inscrites, soit plus que les couples avec un enfant (33,8%), le deuxième groupe le plus important de demandeurs de logements abordables.
En revanche, les couples sans enfants (5,7%) et les familles nombreuses, ou familles composées de trois adultes (1,2%), sont les demandes les moins fréquentes parmi tous les ménages inscrits sur la liste d’attente, selon les statistiques présentées par le ministère du Logement.
La majorité des demandeurs de logement à loyer modéré sont âgés de 28 à 55 ans. Le plus grand nombre de demandeurs (30,1%) est âgé de 36 à 45 ans, suivi du groupe d’âge de 46 à 55 ans (24,2%) et des demandeurs âgés de 28 à 35 ans (22,4%).
Les résidents les plus jeunes, âgés de 19 à 27 ans, et les plus âgés, de plus de 66 ans, sont ceux qui ont le moins recours à ce service public.
Le gouvernement veut augmenter l’offre de logements sociaux
Des caractéristiques telles que la nationalité, le lieu de résidence, la profession ou la durée de résidence dans le pays ne figurent pas dans le portrait des candidats à ce loyer modéré. Claude Meisch, ministre du Logement, refuse de divulguer ces données car «ce ne sont pas des critères d’attribution des logements sociaux».
L’augmentation de l’offre de logements abordables est l’une des priorités annoncées par le gouvernement. Le ministre du Logement a récemment annoncé que le gouvernement a alloué un budget de 480 millions d’euros pour l’achat de projets de logement encore en phase de construction, ce qui représentera environ 800 nouveaux centres de logement.
Cet article a été initialement publié sur le site de Contacto.