L’Etat condamné à héberger un dpi
Le Tribunal administratif ordonne à l’Etat d’héberger un demandeur de protection internationale
Communiqué de presse – 13 mars 2024
Alors que depuis octobre 2023, les hommes seuls demandant l’asile au Luxembourg sont contraints de dormir dans la rue, le Tribunal administratif vient pour la première fois d’obliger l’Etat à héberger un demandeur de protection internationale au sein d’une structure de l’Office National de l’Accueil (ONA)1.
C’est une décision importante qui intervient après une longue bataille judiciaire menée par les avocats et les organisations de la société civile comme Passerell, qui ont redoublé d’efforts pour que la justice reconnaisse à ces hommes dormant à la rue un droit à l’hébergement le temps de l’examen de leur demande de protection internationale. Le Tribunal Le Tribunal administratif ordonne à l’Etat d’héberger un demandeur de protection internationale
Le Tribunal administratif a en effet admis qu’en dormant à la rue, la personne concernée risquait de subir un préjudice grave avec des séquelles définitives sur sa santé physique et psychique et a exigé quel’Etat mette tous les moyens en œuvre pour qu’elle puisse être logée dans les conditions prévues par la loi, soit dans une structure étatique pour demandeurs d’asile, soit même dans une chambre d’hôtel.
Cette personne, à la rue depuis le dépôt de sa demande de protection internationale le 4 février 2024, a étéhébergée directement après publication de la décision de justice : le respect de cette décision est un signal encourageant pour l’Etat de droit au Luxembourg. Mais cela prouve également qu’il existe bien des places disponibles dans les structures d’hébergement publiques, et met à mal la rhétorique du gouvernement pour justifier leur décision de refuser de loger les hommes seuls.
Il faut cependant préciser qu’il s’agit là d’une mesure de sauvegarde : le juge ne statue pas sur le fait de savoir si l’Etat viole le droit en refusant d’héberger un demandeur d’asile mais exige que le gouvernement le loge le temps qu’un jugement sur cette question soit rendu. Néanmoins, cela reste une décision positive et un signal d’espoir face à la crise de l’accueil dans laquelle le Luxembourg semble s’enliser. Pour rappel, entre le 23 octobre 2023 et le 18 janvier 2024, plus de 280 demandeurs de protection internationale se sont vus refuser l’accès à une place dans une structure de l’ONA2.
« Cette ordonnance nourrit la détermination des organisations de terrain comme Passerell qui continuera, au côté des avocats, à œuvrer pour que chaque personne venue chercher refuge au Luxembourg soit traitée avec dignité et voie ses droits respectés par les autorités, » indique Marion Dubois, directrice de Passerell. La cellule de veille et d’action juridique de Passerell reste joignable pour tous ceux qui souhaiteraient obtenir des conseils sur les procédures – administratives et judiciaires – à intenter.
Personne de contact :
Anke Vandereet – chargée de mission droits humains – contact@passerell.lu – +352 691 811 164
1 Trib. Administratif, ordonnance n°50138R du rôle, 8 mars 2024
2 Réponse du Ministre de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l’Accueil à la question parlementaire n°132
L’ONA obligée de loger un demandeur
Quand Jean Asselborn, encore ministre des Affaires étrangères et de l’Immigration, annonce en octobre dernier que les hommes seuls, déjà enregistrés dans un autre pays, donc qui tombent sous une procédure Dublin, ne seront plus hébergés dans les structures de l’office d’accueil (ONA) au Luxembourg, les associations actives au sein du Collectif Réfugiés voient déjà «les conséquences dramatiques de cette décision».
Dès les premiers jours, les faits leur ont donné raison. La plupart sont des Soudanais et des Érythréens, mineurs pour certains. Ils viennent chercher de l’aide auprès des associations telles que Passerell. Sa directrice, Marion Dubois, témoigne alors de la détresse des demandeurs qui arrivent frigorifiés et déboussolés à la porte de son association.
Autant dire que la décision du tribunal administratif, qui oblige pour la première fois l’État à héberger un demandeur de protection internationale au sein d’une structure de l’ONA, revêt une importance capitale pour Passerell qui parle d’une «longue bataille judiciaire menée par les avocats et les organisations de la société civile» afin que soit reconnu «à ces hommes dormant à la rue» un droit à l’hébergement, le temps de l’examen de leur demande de protection internationale.
Il ne s’agit pour autant que d’un cas isolé pour lequel le tribunal a admis une vulnérabilité incompatible avec une vie à la rue. Les magistrats ont reconnu que «la personne concernée risquait de subir un préjudice grave avec des séquelles définitives sur sa santé physique et psychique et ont exigé que l’État mette tous les moyens en œuvre pour qu’elle puisse être logée dans les conditions prévues par la loi, soit dans une structure étatique pour demandeurs d’asile, soit dans une chambre d’hôtel», explique Passerell.`
Le ministre de la Famille en charge de l’Accueil, Max Hahn, n’est pas impressionné par cette décision et s’empresse de préciser à nos confrères de RTL qu’il n’a pas attendu le tribunal pour trouver des solutions de logement aux demandeurs. Depuis le début, il y a eu des procès et des jugements, mais c’est la première fois que le tribunal décide que la personne doit être hébergée, précise en substance le ministre.
C’est bien pour cela que la décision est importante, parce que jusqu’à présent, les instances judiciaires s’étaient déclarées incompétentes avant que ce premier jugement du tribunal administratif examine l’affaire sur le fond. Mais en partie seulement. Il s’agit d’une mesure de sauvegarde où le juge ne statue pas sur le fait de savoir si l’État viole le droit en refusant d’héberger un demandeur d’asile. Ce ne sont pas les textes de référence qui manquent : la Constitution luxembourgeoise ou la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne consacrent l’inviolabilité de la dignité humaine, la directive de l’Union européenne sur l’accueil des demandeurs d’asile impose aux États membres de garantir la subsistance et de protéger l’intégrité physique et mentale des demandeurs d’asile, et la Convention relative aux droits de l’enfant s’applique à ces mineurs venus chercher la protection au Grand-Duché. En attendant qu’un jugement sur cette question soit rendu, le gouvernement est contraint de loger le demandeur.
Abolir la liste
«Cela reste une décision positive et un signal d’espoir face à la crise de l’accueil dans laquelle le Luxembourg semble s’enliser», se réjouit Passerell, en rappelant que plus de 280 demandeurs de protection internationale se sont vu refuser l’accès à une place dans une structure de l’ONA entre le 23 octobre 2023 et le 18 janvier 2024.
Le ministre Max Hahn précise qu’ils ne sont plus que 40 sur les listes d’attente; les autres ont tous pu trouver un endroit où dormir.
S’il dit ne pas avoir attendu le tribunal, c’est parce que son quotidien consiste à réduire au maximum la liste d’attente des demandeurs qui n’ont pas trouvé de place, explique le ministre, dont l’objectif est de la faire disparaître totalement.
La bataille n’est pas finie. «Cette ordonnance nourrit la détermination des organisations de terrain comme Passerell qui continuera, aux côtés des avocats, à œuvrer pour que chaque personne venue chercher refuge au Luxembourg soit traitée avec dignité et voie ses droits respectés par les autorités», indique Marion Dubois en guise de conclusion.
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Die Entscheidung des Verwaltungsgerichts könnte die Aufnahme für Geflüchtete vor große Herausforderungen stellen. Accueil-Minister Hahn ist jedoch anderer Meinung
ONA muss Dublin-Flüchtling aufnehmen
Luxemburger Wort 14. März 2024