L’incendie de Moria : une catastrophe prévisible ?
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Moria c’est fini. Et c’est sans fin. Voilà, mis en mots par l’écrivaine Marie Cosnay, de façon lapidaire, le sentiment et la réalité qui frappe après l’incendie qui a entièrement dévasté le camp situé à Lesbos, en Grèce, où s’entassaient prêts de 13 000 réfugiés pour une capacité d’accueil de 2500 places. Au plus fort des arrivées depuis les côtes turques, le camp comptait plus de 20 000 personnes.
Un peu d’histoire s’impose, elle est rapide et épouse évidemment celle des politiques migratoires européennes. Moria ouvre en 2013, sur un site militaire désaffecté, c’est alors un centre d’enregistrement administratif pour les quelques centaines de migrants qui y font halte sur leur route vers l’Europe du Nord. Deux ans plus tard, dans le sillage de la guerre en Syrie, Lesbos et ses 85 000 habitants voient affluer plus de 450 000 chercheurs d’asile en un an. Moria est le seul lieu disponible, il glissera peu à peu de centre d’accueil à centre de rétention.
La plupart des pays européens ferment alors leurs frontières, Lesbos devient bientôt un goulet d’étranglement pour les réfugiés, et les habitant qui les avaient d’abord accueillis se sentent abandonnés… la situation se crispe. En 2016, L’union européenne signe un pacte migratoire avec la Turquie, qui prévoit le renvoi systématique de tous les migrants vers la Turquie en contrepartie d’un soutien financier de la part de l’UE. Celles-ci met alors en place neuf “hot spots” en Grèce – dont Lesbos – et en Italie. Ces centres sont chargés d’identifier les nouveaux arrivants et de séparer les demandeurs d’asile des migrants économiques.
Manifestement, le président turc Recep Tayyip Erdoğan est résolu à se servir de ce levier migratoire comme outil diplomatique et géopolitique. Le bilan reste pour le moins mitigé.
A cette situation déjà tendue, est venue s’ajouter la pandémie de Covid-19, le camp de Moria a été confiné dès le mois de mars. Ce sont apparemment des nouvelles mesures sanitaires qui ont déclenché des réactions hostiles et l’incendie qui a ravagé le camp.
Alors Incendie Moria : une catastrophe prévisible ?
“La situation est indescriptible.” Aurélie Ponthieu
“Il y a la violence de la catastrophe et celle des demandeurs d’asile.” Camille Schmoll
“Il y a une criminalisation à l’encontre des migrants et de ceux qui leur viennent en aide.” Camille Schmoll
“On tourne dans une boucle sans fin et aberrante.” Marie Cosnay
“Il y a un manque de courage politique.” Aurélie Ponthieu
“On attend une solidarité européenne qui n’existe pas.” Aurélie Ponthieu