L’inclusion au cœur des doléances
L’inclusion au cœur des doléances
Dès les jours suivant l’annonce de la nomination de Luc Frieden comme formateur du nouveau gouvernement, les lettres ouvertes et courriers de revendications se sont mis à pleuvoir. Ainsi, le CLAE, le CID Fraen an Gender, Rosa Lëtzebuerg, Info-Handicap ou encore le Centre pour l’égalité de traitement (CET) ont tous adressé leurs doléances, dans l’espoir de voir certaines des mesures qu’ils jugent indispensables pour leur communauté se concrétiser dans les cinq ans à venir.
Le CET a réagi dès le 12 octobre, rappelant qu’un projet de proposition de loi est en cours et qu’il ne s’agirait pas de le faire tomber aux oubliettes. Incluant d’autres organes étatiques rattachés à la Chambre des députés – l’Ombudsman et l’OKaJu –, ce texte propose de modifier la loi de 2006 sur le fonctionnement du CET, avec l’objectif d’étendre ses missions et compétences, et de le doter de suffisamment de moyens pour garantir sa totale indépendance politique, idéologique et religieuse.
Dans son courrier, le Centre pour l’égalité de traitement en profite pour pointer une série de problèmes qu’il rencontre régulièrement sur le terrain et qui doivent être pris en compte par les dirigeants du pays. Dans le domaine du handicap, il dénonce par exemple des «déficiences systémiques» et des «lacunes» dans la prise en charge éducative des enfants à besoins spécifiques, de graves dysfonctionnements du service Adapto ou encore le manque de protection des droits des personnes handicapées placées en institution.
Sur ces questions, Info-Handicap adresse pas moins de 28 pages de revendications, détaillant les priorités et besoins des personnes handicapées. Accessibilité, éducation, emploi, tutelles et curatelles, santé, culture et sports, vie affective et sexuelle, logement, mobilité : de nombreux axes figurent dans le document qui reflète «les besoins concrets de notre communauté», précise l’ASBL, porte-voix de 56 associations. Info-Handicap se dit prêt à coopérer avec les autorités pour «un programme de coalition inclusif et équitable».
Même vœu pour Rosa Lëtzebuerg qui place «l’équité, l’acceptation et l’égalité des droits» en tête de ses préoccupations. L’association de défense des droits de la communauté LGBTIQ+ se désole que rien ou presque n’ait été fait pour les personnes queers lors de cette législature. Lors de la campagne électorale, CSV et DP se sont tous deux positionnés en faveur d’un certain nombre de points chers à Rosa Lëtzebuerg : les militants attendent maintenant que les paroles se transforment en actes.
Parmi les revendications, la création d’un ministère dédié à la diversité et à la lutte contre les discriminations, la reconnaissance automatique de la filiation, parents mariés ou pas, l’ouverture au concept de mère porteuse non rémunérée ou encore la prise en charge par la CNS du coût des thérapies de reproduction assistée pour tous les parents, indépendamment de leur identité sexuelle, suscitent de fortes attentes.
Le CSV prié de tenir ses promesses
Toujours dans le volet santé, la communauté queer défend le libre accès et le remboursement des soins trans-spécifiques par la CNS, sans évaluation de la santé mentale. Pour finir, l’association ne cache pas ses craintes pour la pérennité de sa Rainbow House, inaugurée en mai : elle demande donc au futur gouvernement de continuer à soutenir cet espace sûr pour tous les membres de la communauté et indispensable à la visibilité queer au Luxembourg.
Les militantes féministes du CID Fraen an Gender se font entendre elles aussi, alors que les partis politiques ayant obtenu la meilleure note dans leur analyse des programmes électoraux ne seront pas représentés au sein du gouvernement. Elles ont adressé leurs doléances directement au formateur Luc Frieden, sous la forme d’une missive contenant une trentaine de mesures en faveur de l’égalité des genres.
À commencer par l’intégration du genre comme base de toutes les politiques à mener : seul moyen d’avoir un impact réel sur les inégalités liées au genre, estime le CID (lire notre édition du 4octobre). Il rappelle le CSV à ses promesses de campagne, qui «méritent d’être incluses dans le programme gouvernemental», appelant les chrétiens-sociaux à rester fermes face au DP et à imposer les mesures annoncées, notamment en matière de lutte contre les violences.
Attaché à l’idée d’inscrire tous les résidents du Luxembourg dans un projet de société commun, le CLAE, quant à lui, demande au futur gouvernement de mener une politique transversale concernant la citoyenneté, sous l’impulsion d’un ministère dédié. Réunis en assemblée générale, les membres du comité – qui réunit plus de 200 associations issues de l’immigration – viennent d’ailleurs d’adopter une résolution en ce sens.
Celle-ci incite les nouveaux dirigeants à repenser les politiques d’immigration, à l’origine de nombreuses inégalités selon le CLAE, en encourageant le principe de solidarité européenne en matière d’asile et en introduisant une voie légale de régularisation pour les personnes en situation irrégulière. Et pour permettre à chacun de prendre enfin sa place dans l’espace public, le CLAE réclame une nouvelle fois l’octroi du droit de vote aux élections nationales à tous les résident