Lutte contre le racisme : quel plan pour le Luxembourg ?
Luxembourg, le 21 mars 2025
À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les discriminations raciales ce 21 mars 2025, l’ASTI tient à exprimer sa profonde préoccupation face à l’absence de progrès significatifs dans l’élaboration du Plan national de lutte contre le racisme. Alors que le racisme et les discriminations persistent dans de nombreux domaines de la société luxembourgeoise, le retard du gouvernement en la matière est inacceptable. Initialement prévu pour fin 2023, il tarde à voir le jour…
L’ASTI rappelle que le Luxembourg est confronté à plusieurs problématiques majeures en matière de racisme et de discriminations. En septembre 2023, dans son 6ème rapport sur le Luxembourg[1], l’ECRI (Commission européenne contre la racisme et l’intolérance), pointait du doigt le Luxembourg pour ses manquements. Entre autres, l’ECRI évoquait les discours de haine dans le milieu politique, qui banalisent le rejet de l’autre et alimentent un climat de défiance et de division. Depuis 2023, il est clair que la situation a empiré et déjà cette année, un député de l’ADR s’est permis de souscrire un appel à « éliminer » les personnes LGBTQIA+. Cette haine en milieu politique va de pair avec les discours de haine auxquels il est laissé libre cours sur les réseaux sociaux et qui prend une ampleur alarmante et appelle à des mesures concrètes pour protéger les victimes et responsabiliser les auteurs.
Un autre problème qui tarde à être résolu concerne les limites d’action du Centre pour l’Égalité de Traitement (CET), qui n’est toujours pas compétent pour traiter les discriminations fondées sur la nationalité. S’ajoute le besoin d’une extension des compétences, dans la mesure où le CET ne peut quasiment rien faire à part envoyer des courriers.
De plus en plus alarmants sont les incidents racistes en milieu scolaire, dont les conséquences sur la santé mentale des enfants sont sous-estimées et insuffisamment prises en charge.
Les discriminations dans l’accès à l’emploi ainsi que pour l’accès au logement, qui pénalisent de nombreuses personnes en raison de leur origine ou de leur religion supposée, que cela soit avéré ou non, limitent les opportunités d’intégration et de stabilité des populations concernées.
L’absence d’un système effectif d’enregistrement et de suivi des incidents racistes, empêche de mesurer la réelle ampleur du phénomène, ceci en raison de statistiques fragmentaires et d’une sous-déclaration des faits. En 2017, l’ASTI avait proposé de créer d’un Observatoire des phénomènes racistes, xénophobes, antisémites et islamophobes, organisme de veille et de communication, doté de moyens matériels et humains correspondant à l’importance de l’enjeu. Jusqu’à présent, le monde politique a fait la sourde oreille.
Face à ces constats, l’ASTI exhorte le gouvernement à agir avec détermination et à élaborer puis mettre en place, sans plus tarder, un Plan national de lutte contre le racisme à la hauteur des enjeux. Les engagements internationaux du Luxembourg en matière de droits humains et en tant que pays d’immigration, exigent des actions concrètes et mesurables pour combattre efficacement toutes les formes de racisme et de discrimination. Face à l’urgence il n’est pas acceptable de rester dans cette inaction coupable.
L’ASTI reste disponible pour travailler aux côtés des autorités et les autres acteurs de la société civile afin de faire du Luxembourg un pays plus juste, inclusif et respectueux des droits de chacun.
ASTI asbl
[1] https://rm.coe.int/sixieme-rapport-de-l-ecri-sur-le-luxembourg/1680ac8c46