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En attendant le conseil supérieur du vivre-ensemble

Le festival des Migrations, un événement rassembleur qui fait figure d’exception. Les CCCI se plaignent de ne pas susciter d’intérêt dans la population.  (Photo : archives lq/hervé montaigu)

Les commissions consultatives communales d’intégration font ce qu’elles peuvent pour le vivre ensemble, mais se plaignent souvent d’un manque d’intérêt la population.

Les commissions consultatives communales d’intégration (CCCI) doivent se réunir au moins quatre fois par an, selon le règlement grand-ducal. Qui s’en soucie ? Déi Lénk, qui demande des comptes au ministère de la Famille et de l’Intégration, censé réceptionner les procès-verbaux des réunions des CCCI. Une requête sans doute difficile à satisfaire, puisque le ministère n’a pu fournir le bilan demandé depuis l’année 2018.

Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, la pandémie est passée par là et les réunions n’étaient pas souhaitables, donc les CCCI n’ont pas forcément respecté les termes du règlement. Surtout, depuis la création du département de l’Intégration au sein du ministère de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région, le bilan de la législation en vigueur, en 2020, a montré plusieurs pistes d’amélioration, formulées par les CCCI, et celle d’enlever l’obligation de transmettre les procès-verbaux des réunions au ministre en faisait partie.

Cela étant dit, les CCCI sont-elles considérées à leur juste valeur au sein des conseils communaux ? Elles doivent transmettre des avis sur tout ce qui relève du vivre-ensemble, par exemple, mais ne sont peut-être pas systématiquement consultées. Ce sont les CCCI qui doivent, de manière proactive, s’approcher du conseil communal pour faire avancer leurs projets. «Cette dynamique inversée n’est pas pour autant perçue comme problématique en pratique, car ces mêmes CCCI obtiennent en règle générale le soutien du conseil communal qu’elles demandent», comme il est relevé dans le bilan. Elles peuvent organiser leur café des langues, la fête des voisins ou encore la réception des nouveaux résidents, comme il est de coutume.

Des attentes au-delà de leur rôle 

Les CCCI ont indiqué au cours de leurs interviews que leurs interactions avec le conseil communal sont «bonnes». En général, il a été souligné que le conseil communal laisse aux CCCI la marge de manœuvre nécessaire pour réaliser leurs missions, idées et actions.

Cependant, ces commissions ont l’impression que les attentes à leur égard vont au-delà de leur rôle d’organe consultatif comme arrêté par le règlement grand-ducal. Le souhait de passer de la simple consultation à un rôle proactif afin de rendre justice au travail mené a été exprimé de manière réitérée.

Les commissions ne voient pas l’utilité d’envoyer les comptes rendus de leurs réunions dans la mesure où elles n’obtiennent aucun retour du ministère. Ce dernier intervient à un autre niveau. Il fournit conseil et expertise par le biais de son département de l’Intégration et grâce à ses partenaires conventionnées, à savoir le Cefis, le CLAE et l’ASTI. Soutien financier, échange de bonnes pratiques, élaboration d’un guide du citoyen sont autant de moyens qui renforcent les relations entre le ministère et les CCCI.

Communes dortoirs

Le rôle du Conseil national pour étrangers n’est pas à négliger, d’autant qu’il a connu des changements ces dernières années et qu’il va être réformé par la loi sur le vivre-ensemble. Pour l’heure, il remplit ses fonctions et avise des projets de loi avant de céder sa place au futur conseil supérieur du vivre-ensemble interculturel, qui remplacera l’actuel comité interministériel à l’intégration et le Conseil national pour étrangers. Il est composé de représentants de l’État, de la société civile et des communes.

Au niveau communal, les commissions du vivre-ensemble interculturel remplaceront les commissions consultatives communales d’intégration actuelles. Le projet de loi prévoit également un soutien financier conséquent aux frais d’un coordinateur pacte communal ainsi que des subventions qui permettront de renforcer la communication et la sensibilisation dans le domaine du vivre-ensemble interculturel.

Tout cela viendra-t-il améliorer l’existant ? Les membres des commissions se sont plaints de ressentir un désintérêt dans la population à l’égard des événements organisés par les CCCI et soulignent la difficulté de trouver des membres motivés et impliqués à long terme.

Autre constat : en raison de la situation du marché du logement au Luxembourg, les CCCI observent que les habitants se contentent de «dormir» dans leur lieu de résidence et ne participent pas à la vie communale. Car souvent le choix de la commune où ils vivent est davantage lié aux prix de l’immobilier qu’à une volonté personnelle. À partir de là, le vivre-ensemble se complique.

Réfugiés : «On se trompe de chemin»

Le Quotidien 31 mars 2023

Un projet de loi de financement prévoit 120 millions d’euros pour le gardiennage des centres gérés par l’ONA.

Photo : archives lq/tania feller

Le Lëtzebuerger Flüchtlingsrot reproche au gouvernement sa logique sécuritaire au détriment de l’autonomie des réfugiés et de leur intégration.

Face au projet de loi déposé en début d’année pour financer le gardiennage, le nettoyage et la restauration au sein des structures d’hébergement des réfugiés gérées par l’Office national de l’accueil (ONA), le Lëtzebuerger Flüchtlingsrot s’étrangle : alors que le texte prévoit une enveloppe globale de 120 millions d’euros étalée sur quatre ans, le Collectif Réfugiés juge cette somme «astronomique» par rapport aux fonds dédiés à des projets d’intégration – à peine 1,5 million d’euros inscrit au budget 2023.

Le gouvernement argue que le gardiennage constitue un élément indispensable du système d’accueil des réfugiés déployé par l’ONA, pour assurer leur sécurité et aider au respect des règles internes. Ce sont ainsi 737 agents de gardiennage qui assurent 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 une permanence censée garantir la sécurité des 5 500 personnes qui vivent dans ces foyers. Ils accueillent les nouveaux arrivants, contrôlent les accès, tiennent un registre des entrées et des sorties, et surveillent les équipements et installations dans ces 70 centres d’hébergement.

Des contraintes que le Collectif Réfugiés dit comprendre, tout en s’interrogeant sur l’ampleur de l’effort financier : «On est dans une vision à court terme, même au niveau budgétaire, là où il faudrait mettre en œuvre un accompagnement socio-éducatif pour favoriser l’intégration de ces personnes dès leur arrivée», s’agace Sergio Ferreira, de l’ASTI. «Certains bénéficiaires de protection internationale sont hébergés là depuis plus de cinq ans, c’est bien que quelque chose ne marche pas», poursuit-il.

Le principal problème réside dans la déresponsabilisation des réfugiés, selon le collectif. Il leur est difficile de travailler le temps de la procédure de demande d’asile, qui dure de un à deux ans; ils ne peuvent pas préparer de repas, car de nombreuses structures ne sont pas équipées de cuisine, et reçoivent donc des plateaux-repas de la part d’un prestataire; ils ne sont pas non plus libres de dépenser l’argent de poche symbolique qu’on leur distribue, liste Sergio Ferreira.

«Comme l’accès est limité aux seuls habitants, il leur est également interdit de recevoir des visites.En fait, on les prive de toute possibilité d’être autonome et actif, et donc de s’engager dans un processus d’intégration», résume-t-il. «Or, sur le long terme, cette logique est bien plus onéreuse que des mesures qui encourageraient leur inclusion.»

Sans compter qu’en fermant l’accès à ces hébergements et en brandissant la nécessité d’une présence ininterrompue des agents de sécurité, le gouvernement induit que ces personnes – dont la moitié ont déjà obtenu le statut de bénéficiaires de protection internationale – sont un danger pour la société, déplore le collectif.

«Ils ne se sentent pas chez eux»

«Ils signent une convention avec l’ONA et s’acquittent d’un certain montant, un peu comme un loyer, donc ça reste leur domicile. Mais les réfugiés nous le disent : ils ne se sentent pas chez eux dans ces hébergements, ils n’ont pas d’intimité, les repas sont livrés à heure fixe, les conditions de vie sont difficiles», abonde Marion Dubois, de l’association Passerell.

Des pistes d’action sont régulièrement mises sur la table par le collectif, mais «rien ne se passe». Les membres plaident notamment pour un travail proactif et systématique auprès de chaque nouveau réfugié qui pose le pied sur le sol luxembourgeois, incluant un bilan de ses compétences et diplômes, des stages ou formations professionnelles, de quoi poser les jalons d’une intégration réussie.

«Face à la saturation des structures d’hébergement, c’est dans l’autonomisation des réfugiés qu’il faut massivement investir, pas dans leur surveillance. On se trompe de chemin, en allant à l’opposé de ce que devrait être notre système d’asile», martèlent Sergio Ferreira et les organisations regroupées sous la bannière du Lëtzebuerger Flüchtlingsrot.

Logement vu Flüchtlingen: Lëtzebuerg ze räich fir ze hëllefen?

Offene Bréif un d’Buergermeeschter vun eisem Land an un eise Kardinol

Thierry Hirsch

„Mir wëlle bleiwen, wat mir sinn“: Eisen Nationalmotto kéint eis am Moment net besser mat den Ukrainer verbannen.

An trotzdeem liest een an der Press (sou z.B. am Artikel „Zwischen Ernüchterung und Empörung“ op Reporter.lu), dass eis Autoritéiten a Saache Logement vu Flüchtlingen net brilléieren. Dat ass keen neie Problem – en existéiert scho säit der „Flüchtlingskris“ vun 2015 an huet scho fir sou munch Schlagzeil gesuergt, souwuel wat d’Quantitéit vun deene Wunnengen ubelaangt wéi och d’Qualitéit (Stéchwuert: Al Logopédie zu Stroossen, wou viru Joren e Flüchtlingskand sech d’Hand an engem futisse Lavabo opgeschnidden hat an an d’Urgence musst).

Resultat: Iwwer 1000 Ukrainer hu Lëtzebuerg an Direktioun aner EU-Länner verlooss (Reporter.lu). Eng absolut Schan.

Ech schreiwen hei als Enkel vun enger Lëtzebuergerin, déi während dem 2. Weltkrich zwee Mol landesintern Flüchtling war, wéi d’Kämpf am Norde vum Land besonnesch hefteg waren. Bis un hiert Liewensenn huet si gekrasch, wa si vun dësen Erliefnisser erzielt huet, a war deene Familljememberen am Süde vum Land zudéifst dankbar, bei deenen si mat hiren Elteren an anere Membere vun der Famill an engem klengen Haus opgeholl gouf.

Ech si sécher, dass ech net deen eenzegen Nokomme vun engem Lëtzebuerger Flüchtling sinn: Frot mol an Äre Familljen no.

1945 war Lëtzebuerg a villen Ecke vum Land zerstéiert a war z.D. batter aarm. An dach gouf wuertwiertlech Plaz gemaach, fir nach e puer Leit méi mat un en net räich gedeckten Dësch ze loossen, well déi nach manner gutt dru waren an Hëllef gebraucht hunn.

Haut liewe mir am räichste Land vun Europa. Eisen Dësch ass sou räich gedeckt, wéi eis Grousselteren oder Elteren sech dat während an nom 2. Weltkrich ni hätten dreeme loossen.

Wann een da gesäit, wéi an dësem räiche Land a Saache Logement vu Flüchtlinge geschafft gëtt – wéi wéineg Plaz mer un eisem sou räich gedeckten Dësch wëlle maachen –, da kann ee sech just d’Aen reiwen.

Wann ee bedenkt, dass eis Autoritéite lo scho mindestens 7 Joer laang Erfahrung am Beräich vum Management vun enger „Flüchtlingskris“ missten hunn an dann nach ëmmer sou Saache passéieren, kann ee sech just d’Aen reiwen.

Wann ee bedenkt, dass vill vun deene betraffenen Autoritéiten, déi zécken, fir Décisiounen ze huelen an z.D. débill Reegelen ofzeschafen (am Artikel vu Reporter.lu gëtt d’Beispill genannt vum Schoulsak, deen d’Kanner net dierfe mat an den Iesssall huelen – dat misst ee mol mat de Fonctionnaire-Poschen an der Staatscantine maachen!), an der Fonction Publique eng Prime à responsabilité kréien, kann ee sech just d’Aen reiwen.

D’Asbl LUkraine schléit laut Reporter.lu vir, fir Wunncontainer – wéi de Staat se z.B. an der „Flüchtlingskris“ vun 2015 am Mariendall agesat huet – temporairement op Lëtzebuerg ze bréngen an hei an de Gemengen uechtert Land opzestellen. Nom Krich géifen déi Wunncontaineren an d’Ukrain bruecht, wou se dann dee Moment staark gebraucht géifen, bis Haiser an Appartementer nees opgebaut sinn. Eng intelligent an nohalteg Idee.

E puer Gemengen hu laut deem Artikel schonn zougesot a weisen domat hier Solidaritéit. Dat wëll ëmgedréint heeschen, dass ganz vill vun eisen 100 Gemengen dat nach net gemaach hunn, obwuel se dat kéinte maachen: Vill Gemengen hu genuch Plaz, fir sou Wunncontaineren opzestellen – sief et op Terrainen, déi hinne selwer gehéieren, sief et, andeems se mat de Propriétaire vu Bauland schwätzen, op dat an deenen nächste Jore souwisou nach net sollt gebaut ginn. Et ass ganz einfach eng Fro vu guddem Wëllen a vun Engagement.

Och d’Kierch soll sech un hiert faméist Gläichnis vum baarmhäerzege Samariter erënneren an aktiv no der Sich vu sou Terrainen hëllefen. D’Kierch war ëmmer e Grossgrundbesitzer hei am Land an huet och ënnert hire Scheewecher sou munch Propriétaire vu Terraine sëtzen. Mat engem engagéierten Hierdebréif kéint eise Kardinol sech un d’Gewësse vun dëse Leit riichten.

Net wien mir an eisem Häerz sinn, mä wat mir konkret maachen, définéiert eis.

Et wier un der Zäit, dass eis Autoritéite weisen, ob se Courage hunn a kreativ denke kënnen. Wann d’Autoritéite vu manner räichen EU-Länner dat hikréien, missten eis mat vill méi Mëttelen dat dach och hikréien.

All weidere Flüchtling, dee Lëtzebuerg wéinst Logementsproblemer verloosse muss, ass eng Schan fir eist Land – wéi gesot, dat räichste Land an Europa.

„Mir wëlle bleiwen, wat mir sinn.“ Wat bedeit dat nach haut, wou mir Lëtzebuerger net méi an eiser nationaler Existenz bedrot sinn ?

a) generéis an hëllefsbereet si géigeniwwer Leit, déi eis Hëllef brauchen, a kreativ no Léisunge sichen, andeems mir e bëssche méi no zesummeréckelen, fir nach Plaz un eisem Dësch ze maachen – sou, wéi eis Virfahren dat während an nom 2. Weltkrich gemaach hunn;

b) egoistesch, geldgiereg sinn oder ze feig, fir eventuell onbeléift politesch oder administrativ Décisiounen ze huelen, an all Zentimeter vun eisem räich gedeckten Dësch ganz eleng fir eis halen.

Et wier un der Zäit, endlech e Choix ze treffen.

Abbruchreife Schande 

FOYER DON BOSCO Ende 2023 soll die Flüchtlingsunterkunft geschlossen werden

Claude Molinaro tageblatt 24 März 2023
Kaputte Toiletten und kalte Duschen auf dem Hof: Das Flüchtlingsheim Foyer Don Bosco auf dem Limpertsberg ist schon seit Jahren in einem desolaten Zustand. Schon 2015 wurde es als „Schande des Landes“ bezeichnet. Ende des Jahres soll es nun wegen der allgemeinen Verwahrlosung geschlossen werden.
Laut Architekten-Expertise sei es nicht möglich, Arbeiten am Gebäude ohne größeren Aufwand durchzuführen, deshalb werde die Unterkunftsstruktur für Flüchtlinge Foyer Don Bosco am Ende des Jahres wegen der schlechten allgemeinen Bedingungen geschlossen, antwortete das „Office national de l’accueil“ (ONA) auf eine entsprechende Anfrage des Tageblatt.
Mit den „Bedingungen“ sind kaputte Toiletten und kalte Duschen im Hof gemeint. Einige Bewohner wollten ihre Lebensumstände in der Unterkunft nicht weiter hinnehmen und schrieben Mitte Februar einen Brief an das ONA, auf den sie allerdings auch nach mehreren Wochen keine Antwort erhalten haben. Obwohl sie mehrere Male die Mitarbeiter des Roten Kreuzes, das sich um die sozialen Belange der Flüchtlinge kümmert, um Hilfe gebeten hätten, sei bis dato nichts geschehen. In dem in Englisch geschriebenen Brief beschweren sich die Betroffenen, dass sich momentan vor allem um „eine bestimmte Gruppe von Flüchtlingen“ gekümmert werde, doch auch die Bewohner des Foyer Don Bosco hätten menschliche Grundbedürfnisse. In dem Brief flehen sie die Verantwortlichen des ONA quasi an, ihnen endlich Gehör zu schenken. „Wir flohen vor Krieg, verloren unsere Familien, Freunde und Wohnungen. Wir bitten um nichts mehr und weniger, als Gleichbehandlung in Sachen Menschlichkeit und Menschenrechten.“
Laut ONA sind im Foyer Don Bosco keine ukrainischen Flüchtlinge untergebracht, doch hätten alle Flüchtlinge die gleichen Rechte und würden auch gleich behandelt.
Menschlichkeit sei ein anderes Problem, nebst kaputten Toiletten und kalten Duschen auf dem Hof, sagte uns ein Flüchtling, den wir vor dem Gebäude trafen. Die Sicherheitsbeamten würden sich aufführen, als seien sie Generäle, meinte der Mann. „Uns wurde sogar gedroht: Falls wir uns beschwerten, würden wir rausfliegen.“

Respekt

„Wenn sich Leute beschweren, werden sie nicht vom ONA auf die Straße gesetzt“, schreibt das Flüchtlingsbüro in seiner Stellungnahme. Die Menschen könnten sehr wohl ihre Beschwerde in der Struktur abgeben, entweder bei der Sicherheitsfirma, beim Roten Kreuz, oder beim ONA. Etwaige Einschüchterungen werden nicht kommentiert, sondern es wird darauf hingewiesen, dass die Bewohner Grundregeln des Zusammenlebens einhalten müssen, und dass dem Personal Respekt gezollt werden muss. Dass auch das Personal den Bewohnern gegenüber Respekt zeigen muss, wird nicht erwähnt. So sagte uns der oben erwähnte Mann, dass ein Sicherheitsmann einige Bewohner als „arabische Terroristen“ beschimpft habe. „Und für all das muss ich auch noch 640 Euro Miete im Monate zahlen“, erzürnte er sich.
Das von uns kontaktierte Rote Kreuz, welches für die Betreuung der Menschen zuständig ist, verweist auf das ONA, das für die Strukturen verantwortlich sei. Dieses bestätigt, dass sich das Gebäude in der Tat in einem desolaten Zustand befindet. Im Haus befänden sich neun Toiletten und fünf Urinale, davon funktionierten sieben nicht. Die Toiletten seien oft verstopft, weil die Leitungen nicht mehr den aktuellen Normen entsprächen. Deshalb wurden Container mit zehn Toiletten und vier Urinalen vor dem Foyer installiert. In dem Gebäude waren laut ONA zum 20. März 88 Personen untergebracht.
Dass das Heim nun geschlossen werden soll, wurde allerdings schon ein paar Mal angekündigt. 2015, als das Heim „Lily Unden“ eröffnet wurde, hatte man sich schon auf seine baldige Schließung gefreut. Von den damals anwesenden Ministern François Bausch und Corinne Cahen wurde das Gebäude als „eine Schande für unser Land“ und als „Schrott“ bezeichnet. 2018 war es Christof Müller, Direktionsbeauftragter des Roten Kreuzes und Verantwortlicher der Abteilung „Migrants et Réfugiés“, der in einem Beitrag im Le Quotidien abermals die Schließung des Heims zum Ende des Jahres ankündigte. Auch damals waren schon Duschen vor dem Haus aufgestellt worden.
Wo die Bewohner des Don Bosco nach dessen Schließung untergebracht werden sollen, steht noch in den Sternen, es werde noch „analysiert“ und „nach Lösungen gesucht“. Und dass auch Bewohner solcher Strukturen beim Staat Miete zahlen müssen, wird damit erklärt, dass Menschen, denen der Flüchtlingsstatus zuerkannt wurde, sich eben an den Unterkunftskosten beteiligen müssen.
Das Haus ist schon seit Jahren kaum noch bewohnbar
Betreuung oder Überwachung?
Auf 190 Millionen Euro veranschlagt das Ministerium für Einwanderung und Asyl die Finanzierung des Wachdienstes in den vom ONA verwalteten Flüchtlingsstrukturen für die Jahre 2021 bis 2027. Ein diesbezüglicher Gesetzentwurf wurde Anfang des Jahres eingereicht. Laut offizieller Argumentation ist die Beaufsichtigung ein unerlässliches Element, um die Sicherheit der Flüchtlinge zu gewährleisten und die Einhaltung der Rechte und Werte zu unterstützen, die das Zusammenleben in einer Gemeinschaftsunterkunft voraussetzt. 
Kritik an der oben genannten Summe kommt vom „Lëtzebuerger Flüchtlingsrot“ (LF). 737 Wachleute sorgten rund um die Uhr für die Sicherheit der rund 5.500 Personen, die in den Einrichtungen des ONA untergebracht sind, schreibt der LF in einer Mitteilung. Das Wachpersonal kontrolliere den Zugang zu den Unterkünften und sorge u.a. für die Einhaltung der internen Ordnungsvorschriften in den 70 Strukturen des ONA. 
Im Vergleich mit den 1,5 Millionen Euro, die für die Finanzierung von Projekten zur Integration von Flüchtlingen (z.B. „Contrat d’accueil et d’intégration“ und „Parcours d’intégration accompagné“) im Staatshaushalt 2023 vorgesehen sind, handele es sich bei dem Geld für die Bewachung um eine „astronomische Summe“. Der LF verstehe zwar das Bestreben des ONA, eine gute Verwaltung seiner Flüchtlingseinrichtungen zu gewährleisten, stellt sich jedoch die Frage nach dem Nutzen eines solchen finanziellen Aufwands. Stattdessen wäre es besser, Geld in Integration und individuelle psychologische und sozialpädagogische Betreuung zu investieren.

Surveiller au lieu d’encadrer, est-ce la voie à suivre ?

Le Ministre de l’Immigration et de l’Asile a déposé, en début d’année, à la Chambre des Députés, un projet de loi relatif au financement du gardiennage et de divers services, comme le nettoyage ou la restauration, au sein des structures d’hébergement des réfugiés gérés par l’Office National de l’Accueil ONA.
Il s’agit de faire voter à la Chambre des Députés une loi pour permettre à l’ONA de signer des conventions cadres avec ces prestataires de services sur plusieurs années. Or, une loi spéciale est nécessaire en raison du dépassement futur du montant de 40 millions d’euros.

Le Gouvernement argumente en évoquant que le gardiennage constitue un élément indispensable de la mise en œuvre du système d’accueil des réfugiés géré par l’ONA, afin d’assurer leur sécurité et d’aider au respect des droits et des valeurs qu’impose le vivre-ensemble dans un logement collectif.

737 agents de gardiennage assurent, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, une permanence « garantissant » la sécurité des quelques 5.500 personnes séjournant dans les structures de l’ONA. Ces agents accueillent les nouveaux-arrivants, contrôlent les accès aux centres d’hébergement, tiennent un registre des entrées et des sorties, surveillent les équipements et installations techniques et veillent au respect du règlement d’ordre interne des 70 structures d’hébergement mis en place par l’ONA.

Le montant prévisionnel nécessaire serait de 120.000.000 euros sur les quatre prochaines années, raison pour laquelle le gouvernement évoque l’urgence du vote de cette loi.
Des sommes astronomiques à côté des financements de projets d’intégration des réfugiés ! À titre d’exemple, le Budget de l’État pour 2023 prévoit 1,5 millions d’euros ensemble pour le Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI) et le Parcours d’Intégration Accompagné (PIA).

Tout en comprenant le souci de l’ONA de garantir une bonne gestion de ses structures pour réfugiés, le Lëtzebuerger Flüchtlingsrot se pose la question de l’utilité d’un tel effort financier.

Les réfugiés sont des êtres humains ayant fui leur pays, où ils craignent pour leur vie. Souvent traumatisés et en mal de comprendre le fonctionnement de notre société qui les accueille, ils nécessitent un accompagnement psychologique et socio-éducatif individualisé.

Or, cette loi suit la logique de la politique du gouvernement, visant à déresponsabiliser les réfugiés. Ne pouvant travailler que difficilement pendant leur procédure d’asile, qui dure parfois des années, n’ayant pas la possibilité de préparer leurs repas dans la plupart des cas, ne disposant que d’un argent de poche symbolique…, on leur ôte la possibilité d’être autonomes et actifs dans leur processus d’intégration. Ils sont en outre hébergés dans des structures où l’accès est limité aux seuls habitants, sans possibilité d’avoir des visites. Plus de 50% des hébergés des foyers sont des bénéficiaires de protection internationale. Le foyer est donc à considérer comme leur domicile. Cependant, en raison de la nécessité d’une présence ininterrompue des agents de sécurité, le gouvernement induit qu’ils sont un danger pour notre société.

De surcroît, selon le texte du projet de loi, les agents de sécurité peuvent être amenés à accomplir des tâches allant au-delà de ce que prévoient leurs termes de référence. Or, il n’y a rien dans la proposition du Gouvernement sur les besoins et le financement de la formation de ces agents.

Pour le Lëtzebuerger Flüchtlingsrot, la voie choisie, de dépenser dans le sécuritaire à la place d’investir dans l’intégration et dans l’accompagnement psychologique et socio-éducatif individualisé, est fausse ! Face aux problèmes de saturation des structures d’hébergement, il faut investir massivement dans l’autonomisation des réfugiés, pas dans leur surveillance !

Le Lëtzebuerger Flüchtlingsrot

EXIT – A Journey Out of the Heart of Human Trafficking

INVITATION
Time For Equality, in collaboration with the Rotondes, present
LUXEMBOURG PREMIERE
EXIT – A Journey Out of the Heart of Human Trafficking
An award-winning documentary directed and produced by Alison Jayne Wilson
2022, Spain I 67 minutes I  Language: OV multilingual EN, ES, PT, with EN ST
Tuesday 28th March 2023 I  18h30
Rotondes, Luxembourg
SYNOPSIS: Through a survivor’s lens EXIT tells the story of three women who were looking for a way out of their extreme poverty and found themselves at the heart of human trafficking networks. It is a story about what it means to be trafficked for sexual exploitation, about the damage it causes and the extreme difficulties faced by those women who try to get out for good. EXIT is not a straight road and many don’t make it to the end.
TRAILER : https://vimeo.com/656562443
The screening will be followed by a Q/A with Alison Jayne Wilson, film director, and a panel discussion with Jessica Lopes, board member of ASTI – Association de soutien aux travailleurs immigrés, Stéphanie Gardini, Médecins du Monde Luxembourg, Ambre Schulz, Passerell. Moderation by journalist Ines Kurschat. Introduction by Rosa Brignone, Time For Equality.
Free entry, registration and tickets at this link
For more information:
EXIT – Expressions of Humanity | Time for Equality
https://www.rotondes.lu/fr/agenda/exit-a-journey-out-of-the-heart-of-human-trafficking
Contact and queries : info@timeforequality.org

Logement vu Flüchtlingen: Lëtzebuerg ze räich fir ze hëllefen?

Luxemburger Wort 18. März 2023
Den Auteur fuerdert d’Gemengen an d’Kathoulesch Kierch op, méi z’ennerhuelen fir Flüchtlingen aus der Ukrain ze logéiren.

All weidere Flüchtling, dee Lëtzebuerg wéinst Logementsproblemer verloossen muss, ass eng Schan fir eist Land, mengt den Auteur.

Vum Thierry Hirsch *

„Mir wëlle bleiwen, wat mir sinn“: Eisen Nationalmotto kéint eis am Moment net besser mat den Ukrainer verbannen.

An trotzdeem liest een an der Press (sou z.B. am Artikel „Zwischen Ernüchterung und Empörung“ op „Reporter.lu“), dass eis Autoritéiten a Saache Logement vu Flüchtlingen net brilléieren. Dat ass keen neie Problem – en existéiert scho säit der „Flüchtlingskris“ vun 2015 an huet scho fir sou muench Schlagzeil gesuergt, souwuel wat d’Quantitéit vun deene Wunnengen ubelaangt wéi och d’Qualitéit (Stéchwuert: Al Logopédie zu Stroossen, wou viru Joeren e Flüchtlingskand sech d’Hand an engem futtisse Lavabo opgeschnidden hat an an d’Urgence koum).

Resultat: Iwwer 1.000 Ukrainer hu Lëtzebuerg an Direktioun aner EU-Länner verlooss („Reporter.lu“). Eng absolut Schan.

Ech schreiwen hei als Enkel vun enger Lëtzebuergerin, déi während dem Zweeten Weltkrich zwee Mol landesintern Flüchtling war, wéi d’Kämpf am Norden vum Land besonnesch hefteg waren. Bis un hiert Liewensenn huet si gekrasch, wann si vun dësen Erliefnisser erzielt huet, a war deene Familljememberen am Süden vum Land zudéifst dankbar, bei deenen si mat hiren Elteren an anere Membere vun der Famill an engem klengen Haus opgeholl gouf.

Ech si sécher, dass ech net deen eenzegen Nokomme vun engem Lëtzebuerger Flüchtling sinn: Frot mol an Äre Familljen no.

1945 war Lëtzebuerg a villen Ecke vum Land zerstéiert a war zum Deel batter aarm. An dach gouf wuertwiertlech Plaz gemaach, fir nach e puer Leit méi mat un en net räich gedeckten Dësch ze loossen, well déi nach manner gudd dru waren an Hëllef gebraucht hunn.

Haut liewe mir am räichste Land vun Europa. Eisen Dësch ass sou räich gedeckt, wéi eis Grousselteren oder Elteren sech dat während an nom Zweeten Weltkrich ni hätten dreeme loossen.

Wann een da gesäit, wéi an dësem räiche Land a Saache Logement vu Flüchtlinge geschafft gëtt – wéi wéineg Plaz mer un eisem sou räich gedeckten Dësch wëlle maachen –, da kann een sech just d’Aen reiwen.

Wann ee bedenkt, dass eis Autoritéiten lo scho mindestens siwe Joer laang Erfahrung am Beräich vum Management vun enger „Flüchtlingskris“ missten hunn an dann nach ëmmer sou Saache passéieren, kann ee sech just d’Aen reiwen.

 

Wann ee bedenkt, dass vill vun deene betraffenen Autoritéiten, déi zécken, fir Decisiounen ze huelen an zum Deel debil Reegelen ofzeschafen (am Artikel vu „Reporter.lu“ gëtt d’Beispill genannt vum Schoulsak, deen d’Kanner net dierfen mat an den Iesssall huelen – dat misst ee mol mat de Fonctionnaires-Poschen an der Staatskantin maachen) an der Fonction Publique eng “prime à responsabilité” kréien, kann een sech just d’Aen reiwen.

Eng intelligent an nohalteg Iddi

D’Asbl LUkraine schléit laut „Reporter.lu“ vir, fir Wunncontainer – wéi de Staat se zum Beispill an der „Flüchtlingskris“ vun 2015 am Mariendall agesat huet – temporaire op Lëtzebuerg ze bréngen an hei an de Gemengen uechtert Land opzestellen. Nom Krich géifen déi Wunncontaineren an d’Ukrain bruecht, wou se dann dee Moment staark gebraucht géifen, bis Haiser an Appartementer neess opgebaut sinn. Eng intelligent an nohalteg Iddi.

E puer Gemengen hu laut deem Artikel schonn zougesot a weisen domat hier Solidaritéit. Dat wëll ëmgedréint heeschen, dass ganz vill vun eisen 102 Gemengen dat nach net gemaach hunn, obwuel se dat kéinten maachen: Vill Gemengen hu genuch Plaz, fir sou Wunncontaineren opzestellen – sief et op Terrainen, déi hinne selwer gehéieren, sief et, andeems se mat de Propriétaire vu Bauland schwätzen, op dat an deenen nächste Jore souwisou nach net sollt gebaut ginn. Et ass ganz einfach eng Fro vu guddem Wëllen a vun Engagement.

Och d’Kierch soll sech un hiert faméist Gläichnis vum baarmhäerzege Samariter erënneren an aktiv no der Sich vu sou Terrainen hëllefen. D’Kierch war ëmmer e Groussgrondbesetzer hei am Land an huet och ënnert hire Scheewercher sou muench Propriétairen vu Terrainen sëtzen. Mat engem engagéierten Hierdebréif kéint eise Kardinol sech un d’Gewëssen vun dëse Leit riichten.

Net wien mir an eisem Häerz sinn, mä wat mir konkret maachen, definéiert eis.

Et wier un der Zäit, dass eis Autoritéiten weisen, ob se Courage hunn a kreativ denke kënnen. Wann d’Autoritéiten vu manner räichen EU-Länner dat hikréien, missten mir mat vill méi Mëttelen dat dach och hikréien.

All weidere Flüchtling, dee Lëtzebuerg wéinst Logementsproblemer verloossen muss, ass eng Schan fir eist Land – wéi gesot, dat räichste Land an Europa.

„Mir wëlle bleiwen, wat mir sinn.“ Wat bedeit dat nach haut, wou mir Lëtzebuerger net méi an eiser nationaler Existenz bedrot sinn?

– Generéis an hëllefsbereet si géigeniwwer Leit, déi eis Hëllef brauchen, a kreativ no Léisunge sichen, andeems mir e bësschen méi no zesummeréckelen, fir nach Plaz un eisem Dësch ze maachen – sou, wéi eis Virfahren dat wärend an nom Zweeten Weltkrich gemaach hunn?

Oder

– Egoistesch, geldgiereg sinn oder ze feig, fir eventuell onbeléift politesch oder administrativ Decisiounen ze huelen, an all Zentimeter vun eisem räich gedeckten Dësch ganz eleng fir eis halen.

Et wier un der Zäit, endlech e Choix ze treffen.

* Den Auteur ass Chercheur en lettres classiques.

Ces gens auxquels la loi interdit de travailler

Zeineb est ingénieure informatique, mais, barrée par la loi, elle ne trouve pas de travail. (Photo : maulne tasson)

Arrivées au Luxembourg depuis la Tunisie dans le cadre d’un regroupement familial, Zeineb et Meryam, hautement qualifiées, n’ont pas le droit de travailler.

Leur situation est redoutable et frustrante et vous trouverez peu de personnes à qui elle sera exposée qui ne s’en trouveront surprises, voire choquées. Imaginez que vous êtes une femme dotée d’une qualification recherchée dans le monde du travail, que vous disposez d’une expérience professionnelle certaine et que lors d’entretiens d’embauche, l’employeur se pâme devant vos compétences et que, donc, il vous choisit. Et puis, non : vous ne détenez pas l’autorisation de travail requise par la loi pour les ressortissants de pays tiers venus au Luxembourg au bénéfice d’un regroupement familial.

C’est la situation vécue par Meryam, 35 ans, et Zeineb, 38 ans, deux Tunisiennes. Toutes deux ingénieures informatiques aguerries, elles habitent à Differdange et leur parcours est identique. Elles sont arrivées avec leurs enfants en bas âge au Grand-Duché il y a moins de deux ans pour rejoindre leurs maris. Si ces conjoints les avaient devancées, c’est que leurs compétences très recherchées dans les technologies de l’information leur avaient valu d’être embauchés par un employeur au Luxembourg, qui avait eu alors la patience d’attendre qu’ils aient rempli toutes les formalités d’immigration nécessaires.

« On ne peut imaginer un tel obstacle »

Meryam : «J’ai passé un premier entretien d’embauche quelques mois après avoir emménagé. Face à l’employeur, tout s’est très bien passé. Il m’a seulement dit qu’il fallait que je m’inscrive préalablement à l’Adem pour obtenir le poste. Et c’est à l’Adem qu’on m’a expliqué que je n’étais pas autorisée à travailler en tant que ressortissante d’un pays tiers venue pour un regroupement familial.» Zeineb, confrontée plusieurs fois à la même expérience : «C’est une grosse déception. En aucun cas, on ne peut imaginer un tel obstacle.»

Obtenir cette si précieuse autorisation de travail est possible, mais très compliqué dans les faits, car, légalement, priorité doit être donnée à un candidat à l’embauche disposant du droit de travailler. Mais si le candidat à l’emploi obtient quand même un contrat de travail, il pourra alors se tourner vers les services de l’immigration. Il se verra dès lors délivrer une autorisation de travail au bout d’une procédure qui peut prendre de trois à six mois. Sauf que le futur employeur n’est généralement pas en mesure d’attendre et refusera donc de délivrer un contrat de travail à une personne qui ne détient pas d’autorisation de travail. Pas de contrat, pas d’autorisation. Pas d’autorisation, pas de contrat. «On tourne en rond», dit Meryam, qui ajoute : «Je comprends l’employeur. Il n’a pas à subir cette attente.»

Un programme pour faciliter l’intégration

«C’est déprimant, nous dit Zeineb, même pour seulement postuler, on doit parfois, en tant que candidat, indiquer si l’on dispose de l’autorisation de travail.» Est en cause ici l’attitude des employeurs, qui disent avoir été refroidis par une mauvaise expérience : un employé qui a obtenu l’autorisation de travail grâce à une embauche et qui démissionne ensuite très vite une fois le sésame en poche.

Et Zeineb en connaît quelques-unes dans son cas, rencontrées lors des ateliers du Work Readiness Program tenu par l’ASBL Dress for Succes. Ce programme de préparation au travail propose, entre autres aux femmes comme elle, les moyens de faciliter leur intégration dans la vie professionnelle. Elle nous cite aussi le cas de cette amie devenue professeur à l’université du Luxembourg et dont le mari, qui vient de rejoindre son épouse au titre du regroupement familial, partage son infortune.

Une pétition, une question parlementaire

Alors Zeineb s’est bougée, direction l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI) et son Guichet info-migrants, qui connaît bien le problème. Là, outre lui dérouler l’implacable réalité de sa situation, on lui a offert l’occasion, à elle, mais aussi à Meryam, de rencontrer des députés de tous bords afin de leur exposer leur problème. Et à chaque fois, la même surprise face à leur situation absurde et la même incompréhension de se priver de compétences dans un pays où l’emploi est abondant et qui souffre d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

Il en est ressorti une question parlementaire, posée par la députée déi Lénk Nathalie Oberweis. Il y a été répondu en début d’année, par le ministre de l’Immigration et de l’Asile, Jean Asselborn, qu’un avant-projet de loi visant à donner accès au marché du travail aux personnes dans cette situation était en cours de préparation. Le hic, c’est que cet avant-projet de loi est dans l’air depuis 2021 déjà. Aux dernières nouvelles, ce texte devrait être soumis dans quelques semaines au Conseil de gouvernement.

Pour faire avancer les choses, Zeineb s’est aussi tournée vers l’outil de la pétition. Celle qui porte le n° 2479 réclamait d’«accorder l’autorisation de travail aux membres de famille d’un ressortissant non européen dès l’obtention du premier titre de séjour». Hélas, elle a fait chou blanc en récoltant à peine plus de la moitié des signatures permettant l’ouverture d’un débat à la Chambre des députés. Zeineb se console en se disant qu’au moins «l’information est passée», la pétition ayant connu une certaine médiatisation, car beaucoup de gens «ne savent pas ce problème : des gens résident légalement au Luxembourg, mais sont privés du droit de travailler».

«On reçoit régulièrement des personnes comme elles» 

Intégration dans la société, lutte contre la précarité financière des ménages et contre le travail au noir, moyen de soustraction à la violence conjugale. À écouter Jessica Lopes, de l’ASTI, abroger l’article de la loi sur l’immigration qui empêche les ressortissants de pays tiers venus au bénéfice d’un regroupement familial de travailler aboutirait à beaucoup de vertus.

«Au Guichet info-migrants, explique l’assistante sociale, nous recevons régulièrement autant de femmes que d’hommes qui, dans le cadre d’un regroupement familial, s’aperçoivent qu’ils n’ont pas le droit de travailler. Ils sont dans une énorme détresse.» Jessica Lopes insiste sur le fait que Zeineb et Meryam, qu’elle a conseillées, ne sont pas les plus mal loties : «Pour des personnes sans qualification, c’est pire. Il n’y a vraiment aucune chance par exemple qu’une entreprise de nettoyage patiente le temps que la personne obtienne une autorisation de travail.» Cette dernière se tournera alors vers le travail au noir parce que son ménage ne sera pas en mesure de se passer d’un second salaire.

«Il faut faire sauter le verrou»

L’ASTI ne cesse d’alerter les politiques à ce sujet ou les fonctionnaires de la direction de l’Immigration que l’association rencontre de manière informelle. Selon elle, ces derniers «savent que ça n’a plus de sens aujourd’hui et qu’il faut faire sauter le verrou». L’ASBL avait d’ailleurs décidé d’inviter en novembre dernier Zeineb et Meryam à témoigner à un apéro politique avec des députés de tous bords dans le cadre de l’Orange Week, la campagne contre les violences faites aux femmes. Non qu’elles soient concernées au premier chef, mais parce que l’impossibilité de travailler ne facilite pas le sort des femmes issues de l’immigration victimes de violence domestique. En effet, si elles ne sont pas en mesure de travailler, comment pourraient-elles prétendre s’émanciper d’un éventuel conjoint violent?

Jessica Lopes ne croit pas du tout que la loi en cause ait une chance d’être modifiée à court terme. «Cela fait plus d’un an qu’un avant-projet de loi est en cours à ce sujet.» En attendant une évolution, comme le dit Zeineb : «Ma situation est infernale. Je suis coincée. Je ne peux ni faire marche arrière – mes enfants sont scolarisés ici – ni avancer.»