Edito du Quotidien, David Marques, 22 août 2024
Les réfugiés sont de bons boucs émissaires pour tout et n’importe quoi, surtout ceux qui sont un peu plus exotiques. On les rend responsables de la pénurie de logements, de la montée du chômage, de l’inflation, de la hausse de la criminalité, de l’insalubrité de certains lieux. On oublie simplement qu’il y a toujours eu des réfugiés et que ces personnes dont on ne veut pas font les travaux que les autres ne veulent pas faire.»
Dans notre Interview du lundi de cette semaine, l’Ombudsman, Claudia Monti, a utilisé des mots très clairs. Des mots qui
résonnent et qui laissent songeur. En y regardant de plus près, ce constat est juste. La question posée à l’avocate de formation était en lien avec un manque de volonté grandissant de la part d’administrations et de communes d’accueillir des demandeurs d’asile.
En effet, la réticence reste de mise, en dépit des importants efforts fournis. L’augmentation de la capacité des foyers de 250 %, soit 5 500 lits, entre 2014 et fin 2023 n’a pas suffi à éviter une saturation. L’afflux renforcé de réfugiés à lui tout seul n’est pas suffisant pour expliquer ce manque de capacités.
Au Luxembourg, certains milieux, politiques également, traitent effectivement les réfugiés en «bons boucs émissaires». Il suffit de penser à l’ADR. Certains élus du CSV ne sont pas en reste. L’immigration «illégale, massive et incontrôlée» est considérée comme la principale source des maux listés par Claudia Monti. Malheureusement, ces propos populistes et simplistes, voire racistes, sont partagés par un nombre grandissant de citoyens, alors que, dans les faits, la situation
est à relativiser.
Le Vieux Continent est-il vraiment envahi par les migrants? La réponse est non.
L’UE accueillait, fin 2021, moins de 10 % de l’ensemble des réfugiés dans le monde. Les personnes cherchant à trouver refuge représentaient alors 1,5 % de la population totale de l’UE. La majorité des réfugiés d’Afrique et d’Asie ne viennent d’ailleurs pas en Europe, mais s’installent plutôt dans les pays voisins.
Il est dès lors plus approprié de faire la part des choses, y compris en assurant un traitement digne aux réfugiés qui peuvent espérer rester en Europe et à ceux qui ne pourront pas bénéficier d’un droit de séjour