Depuis plus de cinq ans, l’association Touchpoints aide les primo-arrivants de pays tiers à créer leur entreprise.
Le Quotidien 21-12-2021
Les obstacles à surmonter pour un primo-arrivant, notamment réfugié, restent nombreux, rappelle l’association Touchpoints, qui a récemment tenu une table ronde. «Un nouveau résident qui souhaite créer son entreprise doit surmonter de nombreux défis dans un système qui lui est inconnu avant même de pouvoir se consacrer à son activité», comme le fait de devoir prouver ses qualifications, mettre à jour son titre de séjour, etc. L’accès à un compte bancaire professionnel en particulier a pris «une ampleur inattendue depuis 2017». Touchpoints rapporte que «de nombreux porteurs de projet se voient systématiquement refuser l’ouverture d’un compte courant professionnel pour leur activité, et ce, souvent sans aucune explication.» Car une banque n’a aucune obligation à informer sur les raisons d’un refus, qu’il soit lié à la politique commerciale de l’établissement ou à la personne, a précisé l’Association des banques et banquiers, Luxembourg lors de la table ronde. «Il existe bien le droit à un compte courant personnel, mais il n’existe pas de droit à un compte professionnel», selon la direction «Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme» du ministère de la Justice. Il faut au préalable constituer un dossier solide et «un vrai travail de préparation de la part du porteur de projet».
La table ronde visait d’une part à informer les participants sur les bonnes pratiques à adopter pour monter leur dossier et, d’autre part, à sensibiliser le secteur bancaire luxembourgeois et les instances publiques sur une problématique «qui freine considérablement l’entrepreneuriat» au Grand-Duché. Si une banque n’a donc pas d’obligation à faciliter l’accès à l’information, souligne Touchpoints, elle peut en revanche «faire le choix de soutenir l’inclusion financière». Ainsi, deux banques de détail ont accepté de participer à l’événement et de montrer leur appui, dont un représentant de Post Finance, partenaire de l’association. Les interlocuteurs se sont aussi prêtés aux questions du public, témoignant de «toute la détresse que peut entraîner la désaffiliation bancaire».
Depuis trente ans, le 18 décembre, est célébrée la Journée internationale des droits des migrants, née à la demande de l’ONU et visant à promouvoir les droits du travail des migrants. À ce jour, très peu de pays de l’UE l’ont ratifiée. Adoptée en 1990, trente ans plus tard, les conditions des travailleurs migrants dans le monde ne se sont pas améliorées, au contraire, des milliers de violations de leurs droits et droits humains fondamentaux sont signalées chaque année. C’est pourquoi aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire de célébrer cette journée pour lutter contre les abus et les exploitations au travail.
À l’échelle européenne, les institutions ont mis en place la « Conférence sur l’Avenir de l’Europe » afin de prendre en compte l’avis et les attentes des citoyens concernant les orientations et politiques de l’UE.
C’est dans ce cadre que les membres de la sous-commission “Avenir de l’Europe” de la Chambre des Députés ont eu un échange avec des organisations de la société civile sur la “gestion des flux migratoires”.
Premier constat
Les États membres de l’Union, comme les autres pays « d’accueil » boycottent la Convention[1] des Nations Unies censée fournir un cadre légal partagé.
Migrer étant un phénomène ancien se vérifiant un peu partout, il se nourrit de raisons multiples allant de la pauvreté, des motivations personnelles, des conflits, des catastrophes naturelles, des discriminations subies, des violations des droits de l’humain, jusqu’aux effets des changements climatiques.
Deuxième constat
Ce ne sont pas les plus pauvres qui partent: ils n’en ont simplement pas les moyens.
Notre perspective euro-centrée fait croire que l’Europe était l’unique centre d’attraction. Or, l’essentiel des migrations se fait ailleurs, souvent entre pays voisins. C’est ainsi que l’énorme majorité des réfugiés se trouvent en Afrique et en Asie.
Troisième constat
L’Union européenne porte haut le drapeau des valeurs humanitaires et ses politiques doivent être confrontées à cette ambition. Ces valeurs sont secouées par des refus de porter assistance aux naufragés dans la Méditerranée et dans la Manche, par des dévoiements de l’aide au développement pour freiner les migrations, alors que le Traité de Lisbonne fixe comme objectif de l’aide au développement la réduction et l’éradication de la pauvreté. Notons au passage que les économies renvoyées par les migrants sont presque le triple de l’aide publique au développement.
Quatrième constat
Calais, Moria, Lampedusa, les Balkans, la frontière avec la Biélorussie[2], le Détroit de Gibraltar, Melilla, sont autant de lieux de honte où les politiques nationales et européennes dérivent vers le sécuritaire, vers la criminalisation de l’aide humanitaire, vers une violation des droits humains. Pour les associations signataires, il ne s’agit pas d’une “crise migratoire”, mais bien d’une crise de l’accueil pour l’UE. Il ne s’agit pas d’une “gestion des flux migratoire” mais d’un impératif de respecter les principes fondateurs de l’Europe et les droits fondamentaux. Nous rappelons ici que ces textes de droits humains s’appliquent en Europe, et concernent toute personne qui se trouve sur son territoire : ils représentent un acquis précieux que nous nous devons ne pas fragiliser davantage.
Cinquième constat
Toutes les sources confirment que la population de l’Union européenne est de plus en plus vieillissante et, en 2019, le nombre moyen d’enfants par femmes était de 1,53, un chiffre insuffisant pour que la population européenne se renouvelle d’elle-même. Même s’il convient d’éviter des conclusions simplistes, on ne peut s’empêcher d‘évoquer l’immigration comme UN moyen de réagir aux effets de pareil déclin démographique.
Dès lors, la mise en place d’une politique d’immigration et d’asile communes devient inéluctable, quelles que soient les tendances anti-migrants alimentées par d’aucuns pour galvaniser des (re-)sentiments et engranger des votes.
Il ne peut y avoir de réponses en matière d’asile et d’immigration que par une politique commune, basée sur la solidarité entre les États membres.
Sixième constat
Étant donné que les associations issues et héritières de l’immigration sont de véritables acteurs citoyens qui agissent en faveur de l’interculturel, du co-développement et du métissage culturel et à travers de projets visant au développement de nouvelles géographies humaines, elles permettent de dessiner une relation, d’entretenir un espace de dialogue, de rapprocher des espaces économiques, sociaux, politiques et culturels. Il est essentiel et vital de les soutenir, et qu’elles aient accès aux financement publics.
Septième constat
Le Luxembourg, avec la moitié de ses citoyens n’ayant pas de passeport luxembourgeois, est bénéficiaire hors catégorie de l’immigration et 200.000 migrants transfrontaliers quotidiens viennent par ailleurs contribuer à son économie. Se voulant élève modèle, voir donneur de leçons, le vaste chantier de l’accueil et de l’intégration est en friche au Grand-Duché. La récente étude de l’OCDE[3] et les préparatifs en vue d’une nouvelle législation sur l’accueil, soulignent la nécessité d’agir. Une approche cohérente serait davantage garantie si l’accueil et l’intégration étaient abritées dans un même Ministère. L’accès rapide des demandeurs de protection internationale au marché de travail, des visas temporaires pour la recherche d’un travail, des programmes d’insertion et de parcours à l’emploi et une immigration circulaire contribuent à des voies légales d’entrée, tout comme des efforts doivent être faits en matière de régularisation et de combat contre la traite humaine.
Conclusion
La conférence sur l’Avenir de l’Europe est une plateforme qui nous a permis, au Luxembourg, de mettre en avant la thématique de la migration et de l’asile nécessaires au bon fonctionnement de la politique et au renforcement des valeurs européennes. Nous comptons sur les députés pour faire valoir ces points à échelle européenne, pour s’écarter du chemin actuel que prend la politique de migration et d’asile ici et là.
ASTI, CERCLE DE COOPERATION, CLAE, LFR, PASSERELL
[1] Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille adoptée par l’Assemblée générale dans sa résolution 45/158 du 18 décembre 1990
Nationaler Ausländerrat möchte mehr Mittel und Einfluss
Sehr höflich und bemüht um politische Unverbindlichkeit wandte sich der Conseil national pour étrangers (CNE) gestern an die Presse, um seine Situation und seine Arbeit vorzustellen. 25 Jahre gibt es dieses Gremium schon, das europaweit einzigartig ist. „Die Ausländer sind in Luxemburg unumgänglich, sie machen 48 Prozent der Bevölkerung aus und tragen maßgeblich zum Wohl des Landes bei“, sagte CNE- Präsident Munir Ramdedovic gestern und fand ausschließlich lobende Worte für die Zusammenarbeit mit der Regierung und besonders Familien- und Integrationsministerin Corinne Cahen (DP). „Wir stoßen stets auf offene Ohren mit unseren Anliegen.“
Le projet de loi 7877 déposé à la Chambre des Députés le 2 septembre 2021 prévoit l’abolition de la période de résidence (actuellement de 5 ans) pour pouvoir s’inscrire sur les listes électorales communales. Une fois le projet de loi adopté, les citoyens non – luxembourgeois pourront s’inscrire jusque 59 jours avant date des élections sans faire valoir une (autre) période de résidence.
Vous pouvez suivre l’évolution du projet de loi, notamment les différents avis, en vous y abonnant sur le site de la Chambre des Députés
Même sans papiers les migrant(e)s ont des droits !
Il y a maintenant 6 mois, le cas d’une jeune femme brésilienne qui a porté plainte contre son employeur pour violence et exploitation par le travail avait eu beaucoup d’attention médiatique. Après avoir porté plainte, la jeune femme s’est fait confisquer son passeport et a reçu une notification d’éloignement de la part de la Direction de l’Immigration du Ministère des Affaires Étrangères car elle n’avait pas d’autorisation de séjour.
Le 28 juin, le Ministre de l’immigration et de l’Asile, Jean Asselborn, décide, à la suite d’une question parlementaire, de suspendre l’éloignement de l’intéressée.
Le 26 novembre l’ASTI, qui a demandé la régularisation de la victime, reçoit une réponse positive de la Direction de l’Immigration: la jeune femme sera régularisée sur base de l’article 98bis de la loi sur la libre circulation des personnes et l’immigration. L’article, inclus dans la loi en 2018, prévoit une possible délivrance d’une autorisation de séjour pour “les victimes d’une infraction à l’interdiction de l’emploi de ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier commises dans des circonstances aggravantes (…)”. C’est la première fois qu’une personne se voit délivrer un titre de séjour en invoquant cet article. Il s’agit d’un pas très important dans la bonne direction et d’un message fondamental pour les victimes: Même sans-papiers, elles ont des droits!
Bien que l’ASTI se réjouit de l’application de l’article 98bis dans le cas concret de la jeune femme brésilienne, ce cas nous a également montré qu’il existe encore des lacunes dans la gestion des cas de violence et d’exploitation envers les migrants sans autorisation de séjour. En attente d’une réponse de la Direction de l’Immigration, la victime – si elle ne tombe pas dans le programme pour victimes de traite des êtres humains – ne reçoit ni un soutien financier, ni un soutien psycho-social. Si la victime était logée par l’employeur, aucun hébergement ne lui est mis à disposition. Dans le cas de la jeune femme brésilienne, elle a pu survivre grâce à la solidarité de particuliers et l’aide alimentaire de l’ASTI.
Les migrants en situation de séjour irrégulier qui sont victimes de violence ou d’exploitation par le travail obtiennent rarement justice et, afin que cela change, il est essentiel de prendre en considération la particularité de leur situation.
Tout d’abord, il faut miser sur la prévention et donner les conditions aux concernés de pouvoir sortir du silence sans se mettre en danger: il serait important de garantir qu’une personne sans-papiers qui dénonce une situation de violence ou d’exploitation ne puisse pas, en conséquence, être expulsée dans son pays d’origine.
Sans cette garantie, ces personnes en situation de vulnérabilité extrême dans notre société ne dénonceront pas les violences dont ils sont victimes. Ensuite, il est essentiel de mettre en place un cadre pour protéger celles et ceux qui ont osé parler et qui se retrouvent dans des situations précaires.
Dans le cadre de l’Orange Week, qui touche à sa fin, et de la Journée des Droits de l’Homme célébrée ce vendredi 10 décembre, l’ASTI appelle à la mise en place de groupes de travail constitués des différents ministères concernés et du monde associatif. Cette collaboration est nécessaire pour que la réflexion sur les possibles solutions se fasse en toute connaissance de cause de la situation sur le terrain.
La lutte contre l’exploitation des migrants, tout particulièrement des femmes, et la violence à leur égard ne peut que réellement avoir lieu si on encourage activement les victimes sans-papiers à dénoncer leur situation sans qu’elles soient elles-mêmes criminalisées.
Christine Pedotti Témoignage chrétien 2 décembre 2021
Le drame de la noyade de vingt-sept personnes, femmes, hommes et enfants entre les côtes française et anglaise nous donne envie de pleurer. Nous savions pourtant que cela allait arriver ; nous savons que cela arrivera de nouveau. Nous savons aussi que les conditions de survie à proximité des lieux d’embarquement sont épouvantables et inhumaines. Et pourtant, à part pleurer, crier, nous indigner, nous ne savons pas ce qu’il faut faire.
Nous nous sommes fait récemment l’écho dans nos colonnes des trois personnes qui étaient en grève de la faim pour protester contre les exactions des forces publiques françaises qui détruisent les campements de fortune. Mais nous savons aussi que la constitution de camps assurant des conditions de vie moins inhumaines aux abords d’une mer que les autorités de part et d’autre veulent maintenir aussi infranchissable qu’un mur n’est pas une solution non plus… Nous avons également compris que les accords du Touquet, qui déplacent la frontière britannique sur la côte française, aggravent l’impasse dans laquelle nous sommes. Et nous voyons bien que Boris Johnson profite allégrement de la situation pour asseoir la légitimité d’un Brexit qui commence à coûter très cher à ses concitoyens. Nos cris, notre indignation s’opposent en vain au cynisme politique, qui s’appuie des opinions publiques qui partout en Europe redoutent l’afflux de populations réputées inassimilables et nourrissent des fantasmes de remplacement et de destruction de notre modèle culturel.
Et puis, il y a Maryam, une jeune femme kurde de 24 ans qui voulait rejoindre son fiancé, résident légal au Royaume-Uni. Sur les photos qu’elle a postées sur les réseaux sociaux avant son départ, elle est belle comme un soleil, resplendissante de bonheur et d’espoir. Elle croit qu’elle a la vie devant elle. Sauf que le Royaume-Uni a fermé sa frontière ; bien qu’elle ait un visa italien, elle ne peut traverser. L’amour fait des miracles, croit-elle, et, par un jour sombre de novembre, sans crainte, elle embarque sur un frêle esquif et prévient son amoureux qu’elle arrive. La Manche sera son tombeau ; une histoire belle et tragique comme un livret d’opéra.
Combien faudra-t-il de Maryam pour provoquer un sursaut d’humanité ?
La plupart des victimes étaient des Kurdes, originaires d’Irak ou d’Iran. Après ce drame inédit, les autorités ciblent les passeurs et les ONG réclament des voies légales de migration vers le Royaume-Uni.
Le président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré mercredi que « la France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière ». Mais elle l’est, de fait, déjà devenue. A voir les corbillards entrer l’un après l’autre dans la zone portuaire de Calais – où les secours ont débarqué les corps des nombreuses victimes, c’est cette image qui dominait. « Combien de morts vous faudra-t-il ? », interroge une pancarte brandie parmi un groupe de quelques dizaines de personnes, des militants associatifs surtout, venues se réunir devant le port.
Il y a des bougies posées sur les pavés, dans un hommage funèbre. « Quand on dit que les frontières tuent, c’est vraiment ça », souligne Alexine Fougner, 27 ans, engagée à Calais auprès d’une association qui aide les personnes migrantes vivant dans les campements à recharger leurs téléphones. « C’était des hommes, des femmes, des enfants, des humains. On devrait être 5 000 ce soir et on est 50, se désole Olivier Maillard, militant calaisien de 49 ans. L’empathie s’épuise dans ce pays. »
La mer était calme
D’après les premiers éléments d’information partagés par les autorités et le parquet de Lille – où une enquête a été ouverte –, la majorité des victimes seraient des Kurdes, d’Irak ou d’Iran. Deux hommes rescapés ont par ailleurs été pris en charge à l’hôpital de Calais, vraisemblablement de nationalité irakienne et somalienne.
Leur embarcation serait partie des environs de Loon-Plage, une commune proche de Dunkerque (Nord). Il est probable que les personnes venaient des campements voisins de Grande-Synthe. Dans l’après-midi, c’est un bateau de pêche qui a signalé des corps en mer, tout près des eaux anglaises, avant qu’un patrouilleur de la marine nationale, une vedette de la gendarmerie maritime et un canot tous temps de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Calais soient dépêchés sur la zone. « Le bateau a été retrouvé dégonflé, il flottait encore un peu », rapporte Bernard Barron, président de la SNSM de Calais. Les naufragés étaient à l’eau.
Mardi, le temps était propice aux traversées. La mer était calme. Pas de vent, pas de brume. « Ça devait arriver, c’était écrit, réagit Alain Ledaguenel, président de la SNSM de Dunkerque, dont les équipages bénévoles ont réalisé plusieurs dizaines de sauvetages cette année, fréquemment appelés en renfort des bateaux de l’Etat. On sait que les moyens des secours en mer sont insuffisants. »
Le phénomène dit des small boat est apparu en 2018 mais il a explosé en 2021. Depuis le début de l’année, plus de 25 000 migrants ont ainsi réussi à rejoindre l’Angleterre et près de 8 000 ont été secourus, en détresse, et ramenés sur les côtes françaises. Les canots pneumatiques sur lesquels ils embarquent souvent à plus de 30 « viennent de Chine, sont très fragiles, étroits et longs, avec des moteurs qui ne sont pas suffisamment puissants, explique M. Ledaguenel. A bord, ils n’ont même pas de compas pour se diriger. Ils n’ont aucun feu de navigation, sont indétectables au radar et quand ils sont éloignés des côtes, la portée d’un téléphone n’atteint pas le rivage. Si celui qui est à la barre n’a pas de point de repère, il ne va pas savoir compenser la dérive due au courant de marée et va se trouver déporté et, rapidement, en panne sèche. » « La Manche est une autoroute, ajoute son collègue Bernard Barron. Imaginez qu’un canot surchargé se retrouve dans le sillage d’un pétrolier, surpris par le remous de ses hélices. Ca fait comme un tsunami qui déferle ».
Une rhétorique qui exaspère le milieu associatif. « C’est une hypocrisie immonde de dire qu’on va lutter contre les passeurs. Ce sont eux qui les ont fabriqués, tempête Vincent de Coninck, chargé de mission migrants au Secours catholique de Calais jusqu’en 2018. J’ai connu au début des années 2010 une période où les gens passaient sans argent. C’est la sécurisation à outrance qui a fait les réseaux. »
De fait, le phénomène des traversées de la Manche est apparu concomitamment au tarissement des passages en camion, résultat notamment de la sécurisation technique du port de Calais et du tunnel sous la Manche. Les ceintures de barrières coiffées de barbelés n’ont de cesse de fleurir dans la ville.
« Il n’y avait pas de passeurs avant que la frontière ne soit verrouillée, corrobore Olivier Cahn, membre du Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (Cesdip). Si on considère le nombre de traversées, de naufragés et de morts, on est à la fin d’un système. La répression seule ne fait que renforcer les organisations mafieuses et augmenter le prix du passage. »
Des procédures de migration compliquées par le Brexit
« Cela fait des mois qu’on alerte le ministère de l’intérieur en disant que sans voies légales de migration, on va vers davantage de drames, ajoute Lucie Bichet, juriste au sein de l’ONG Safe Passage. On n’a jamais eu de réponse. » Safe Passage soutient notamment des mineurs isolés et des familles qui souhaitent rejoindre légalement le Royaume-Uni. « Depuis le Brexit, les procédures de réunification familiale sont extrêmement compliquées, constate Mme Bichet. Avant, le règlement de Dublinnous permettait d’accompagner des dizaines de personnes [le règlement européen prévoit qu’un demandeur d’asile peut rejoindre un membre de sa famille situé dans un autre pays de l’Union européenne que celui dans lequel il est enregistré]. Cette année, en s’appuyant sur le droit interne britannique, on n’a pu obtenir qu’un seul visa. Nous n’avons plus de solution. »
« Il faut organiser une répartition équitable des demandeurs d’asile entre nos deux pays », estime Thierry Le Roy, président de France terre d’asile, pour qui « les traités bilatéraux du Touquet et de Sangatte [qui localisent la frontière en France] font obstacle à ce que les gens puissent demander l’asile au Royaume-Uni ». D’après une étude de l’ONG britannique Refugee Council, depuis 2020, 98 % des personnes arrivées en small boat au Royaume-Uni y ont demandé l’asile. La majorité est de nationalité iranienne, irakienne, soudanaise ou syrienne.
Pour beaucoup, l’Angleterre est aussi devenu un recours ultime. Patron de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, Didier Leschi constate que lors des démantèlements de campement à Calais, seul « un migrant sur deux ou trois accepte d’être hébergé ». Les autres préfèrent rester sur le littoral dans l’attente d’un passage.
A proximité du port de Calais, mercredi soir, ils étaient quelques-uns à s’être abrités sur les quais de chargement d’un hangar logistique. Leurs récits d’exil disent à quel point ils sont les perdants du système européen d’asile, qui veut qu’une personne ne peut solliciter la protection que d’un seul Etat membre.
Beaucoup de ceux qui échouent à Calais ou à Grande-Synthe n’ont pas réussi à obtenir une protection internationale et errent en Europe depuis parfois plusieurs années. Mohamed Moge, un Soudanais de 19 ans, a déjà passé un an et demi en Sicile avant de se rendre en Allemagne. En vertu du règlement de Dublin, il a été renvoyé en Italie. Aujourd’hui, il a l’Angleterre comme horizon.
« Je n’ai pas d’attache là-bas mais je dois y aller pour trouver un futur », explique-t-il. Son compatriote, Ali Abdi, est arrivé en Italie en 2019. « J’avais 17 ans, témoigne-t-il. Au bout de sept mois, je suis parti demander l’asile au Luxembourg. Il m’a été refusé. J’ai deux sœurs et deux frères au pays. Ma mère me demande souvent de leur envoyer de l’argent. J’ai besoin d’aller en Angleterre, par camion ou par la mer. Je resterai ici jusqu’à en mourir. » En mer, certains sauveteurs en sont à espérer que la météo tourne au mauvais temps pour dissuader les gens de tenter la traversée. Ils voudraient que le vent se lève.
The Action Plan outlines concrete steps, provides guidance and delineates funding for initiatives that promote inclusion for everyone. It is centred around multi-stakeholder partnerships, including close cooperation with migrant-led organisations. Its main actions include:
Inclusive education and training from early childhood to higher education, focusing on easier recognition of qualifications and continued language learning;
Improving employment opportunities and skills recognition to fully value the contribution of migrant communities, and women in particular, and ensure that they are supported to reach their full potential;
Promoting access to health services, including mental healthcare, for people with a migrant background;
Access to adequate and affordable housing, funded through the European Regional Development Fund (ERDF), European Social Fund Plus (ESF+), Asylum and Migration Fund (AMF) and Invest EU.
Après les paroles, les actes. Par la littérature à l’école et par la musique en dehors, le réseau afrodescendant Finkapé entend faire tomber les stéréotypes et favoriser l’avènement d’une société meilleure.
Au Grand-Duché, selon les chiffres de l’OCDE,
la population est constituée pour 48 pour
cent de personnes nées à l’étranger (dont un
quart au Portugal). Leur nombre a connu une
augmentation de 53 pour cent en dix ans. Leur
contribution budgétaire a atteint le niveau
exceptionnel de 7,64 pour cent du PIB, cinq fois
plus que la moyenne de l’OCDE sur la période
2006-2018. Le pays classé deuxième, l’Australie,
n’affiche que 3,46 pour cent. Le Luxembourg
est aussi le seul pays (sur 25) où la contribution
des immigrés est supérieure à celle des natifs
(4,47 pour cent seulement). Après affectation
des coûts indirects, la contribution reste positive
de 2,81 pour cent (meilleur chiffre des 25 pays
étudiés) alors que celle des natifs est négative de
3,92 pour cent. Comme ses voisins les Pays-Bas
et la Belgique, le Luxembourg n’a enregistré
qu’une baisse relativement modeste des entrées
permanentes en 2020 (-15,5 pour cent). Il a
accueilli 19 100 personnes contre 22 600 en 2019,
année record, et retrouve le niveau de 2014. gc