Co-location à Esch (et ailleurs) les dpi et bpi concernés aussi!
Manifestation le 26 septembre à Esch Alzette
Manifestation le 26 septembre à Esch Alzette
A quelques jours de la sortie de son dernier ouvrage, « On a tous un ami noir », qui traite de la migration, François Gemenne a une position très critique vis-à-vis du pacte migratoire de l’UE. « Quand on écoute Ursula Von Der Leyen parler du pacte sur la migration, on a l’impression d’entendre une vendeuse de voitures d’occasion qui essaie de faire passer pour neuve une voiture qui est en panne depuis 20 ans. On vit dans une Europe qui va de plus en plus vers l’idée d’une Europe forteresse, qui essaie de réserver un espace de paix et de prospérité à ceux qui sont à l’intérieur. La frontière aujourd’hui permet surtout de rassurer les gens, de leur dire qu’ils sont du bon côté, en excluant ceux qui sont dehors, presque comme s’ils étaient déjà en dehors de l’humanité. »
« On ne parvient pas à trouver un accord entre les 27 pays européens pour avoir une vraie politique d’asile et des migrations commune. » En témoigne d’ailleurs la position de la Hongrie. « On a tellement bien discuté avec Viktor Orban qu’on lui a laissé directement écrire le nouveau pacte. Autant la Commission Junker proposait des choses qui me semblaient aller dans le bon sens, mais qui se heurtaient systématiquement aux refus des états membres. Autant, ici, on a l’impression d’une capitulation en rase campagne de la Commission qui dit à Orban : puisque de toute façon vous allez rejeter ce qu’on propose, écrivez-le directement et on va vous proposer, non seulement une solidarité dans l’accueil, on va vous proposer aussi d’être solidaires dans les expulsions et de vous aider à renvoyer des gens. » Mais si le Pacte de la Commission précédente était intéressant dans les idées, avec ce que François Gemenne décrit comme une situation idéale de progrès, dans les faits il était ingérable sur le plan politique. « Cette fois on a l’impression que la Commission part du point de vue des États et propose quelque chose qui va forcément leur convenir, qui aura sans doute plus de chances d’être accepté. Le problème, c’est que c’est une sorte de nouvelle fuite en avant où les frontières extérieures semblent constituer le seul horizon politique commun. Je le vois comme une sorte de défaite politique et comme une sorte de compromis entre la lâcheté et la xénophobie. Je pense vraiment que la Commission pouvait proposer mieux. »
La Commission Européenne vient de présenter ses propositions pour un nouveau pacte migration et asile. Si les attentes de la société civile envers l’exécutif européen étaient peu élevées, le résultat est bien plus négatif qu’attendu.
Au lieu de proposer une vraie politique commune de migration et d’asile, la Commission a fait le choix de donner aux États membres une large flexibilité, peu contraignante, pour donner des réponses à la venue des réfugiés en Europe. Ce n’est pas une politique de solidarité dans l’humanité qu’elle propose, mais un nouveau paradigme : la solidarité dans la lâcheté ! Si un pays ne veut pas accueillir des réfugiés… pas de souci, la Commission donne les moyens à chaque membre UE de parrainer des expulsions ! Une attitude qui renforce les affirmations xénophobes de certains pays-membres envers l’accueil des réfugiés.
La Commission veut imposer un screening préalable à la demande d’asile et propose une première décision en fonction du pays d’origine. Ceci réduit fortement les chances du réfugié à obtenir la protection internationale en Europe. Cette manière de procéder institutionnalise la négation du droit d’asile, car la logique de la Convention de Genève n’est pas celle du tri selon le pays d’origine du demandeur, mais de considérer la situation de risque personnel du demandeur dans son pays .
Il semble néanmoins avoir quelques signaux positifs en ce qui concerne la proposition de réforme du règlement Dublin dans la mesure où les demandeurs d’asile seraient transférés dans les pays européens où ils ont de la famille, où ils ont étudié, ont déjà travaillé. Encore faut-il que les États-membres soient d’accord !
L’ASTI déplore que la Commission soit restée plus que floue quant aux propositions d’une politique européenne commune d’immigration. Elle annonce juste qu’il va y avoir une consultation et peut-être des changements dans certaines directives. Quant à la création de vraies voies légales d’immigration, silence radio. Or, si l’Europe veut combattre les passeurs et éviter des drames en Méditerranée, il faut donner aux personnes qui fuient que ce soit la guerre et les persécutions ou la misère une vraie perspective d’immigration légale dans l’Union Européenne. L’ASTI regrette ce manque de vision et de propositions de la Commission !
Nous savons que le Luxembourg, ne pourra pas impulser seul une politique européenne migratoire et d’asile plus humaniste.
Nous pouvons, néanmoins, transposer la législation européenne dans notre droit national, en faisant preuve de cohérence et en se dotant d’une législation à la hauteur de notre rhétorique humaniste et progressiste !
L’ASTI ne manquera pas d’avancer avec ses propositions sur une vraie politique migratoire !
ASTI asbl
Luxembourg, le 25 septembre 2020
Le Mag Inter: l’Europe peut-elle sortir de la crise migratoire ?
Le « pacte pour la migration » présenté aujourd’hui à Bruxelles relance le débat sur le traitement des réfugiés. L’Europe peut-elle sortir de la crise migratoire qui la divise depuis 5 ans ? On en parle dans ce nouveau numéro du Mag Inter.
Autoprésentation par la Commission européenne:
Une nouvelle approche en matière de migration en Europe
La presse internationale
EU-Kommission setzt auf rigorose Abschiebungen
Länder wie Griechenland und Italien sollen bei der Rückführung von Menschen ohne Bleiberecht entlastet werden. Das sehen die neuen Vorschläge der EU-Kommission für eine Asylreform vor.
Ein Kommentar von Maximilian Popp
Die Europäer sind nicht bereit, Verantwortung für Schutzsuchende zu übernehmen. Das zeigt der Reformvorschlag der EU-Kommission. Die Genfer Flüchtlingskonvention ist in Europa faktisch außer Kraft gesetzt.
Flüchtlinge sollen rascher aufgenommen und integriert werden, Illegale umso schneller abgeschoben werden
Le texte présenté mercredi à Bruxelles entend surmonter les divisions apparues depuis 2015 entre les pays membres et trouver un compromis entre contrôle et solidarité.
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a présenté, mercredi, un nouveau « pacte pour la migration » qui doit remplacer le règlement de Dublin, devenu au fil du temps inapplicable.
La Commission a présenté sa proposition de réforme de l’asile et de la migration, dont l’élément clé, une solidarité obligatoire mais à la carte, risque d’être difficile à vendre aux pays membres.
Mit neuen Vorschlägen will die EU-Kommission Bewegung in die blockierten Asylreform-Verhandlungen bringen
Un nouveau pacte européen sur la migration a été présenté hier par laCommission européenne.
L’objectif:éviter la cacophonie entre les pays
EU-Kommission kommt osteuropäischen Mitgliedstaaten weit entgegen
Manifestations symboliques au Luxembourg (aussi) le 20 septembre
RTL télé le 20.09.2020
Le Quotidien du 21.09.2020
Luxemburger Wort 21.09.2020
tageblatt du 22.09.2020
Philippe De Bruycker est spécialiste du droit de l’immigration européen et professeur à l’ULB.
Philippe De Bruycker a codirigé une proposition de réforme du paquet asile et migration élaborée par des universitaires, « De Tampere 20 à Tampere 2.0 ».
La réforme du paquet asile et migration est bloquée depuis des années. Pourquoi ?
C’est l’héritage des décisions de relocalisation imposées en 2015 aux Etats membres qui n’en voulaient pas. Pour ces derniers, ces relocalisations obligatoires sont considérées comme contraires à leur vision de souveraineté, une ligne rouge à ne pas franchir, totalement inacceptable. L’idée d’un mécanisme de solidarité à la carte aurait de plus grande chance d’être accepté… Mais peut-être suis-je trop optimiste.
A l’époque le geste fort de la Commission, son sens de solidarité et d’humanisme, avait été largement salué. C’était une erreur ?
C’était la solution idéale dans un monde théorique. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. On a complètement bloqué le débat politique et les relocalisations n’ont quasi pas eu lieu : les Etats de Visegrad (Hongrie, Pologne, Tchéquie, Slovaquie) n’y ont pas ou à peine participé, préférant essayer une condamnation devant la Cour de justice de l’UE. La situation s’est d’une certaine manière débloquée en négociant avec les Turcs et les gardes-côtes libyens pour bloquer les flux. L’Italie a même conclu un accord de coopération avec le soi-disant gouvernement libyen. On est sorti de la crise du point de vue numérique mais on reste dans un climat de crise car des problèmes persistent : l’arriéré des dossiers en Grèce et les psychodrames à chaque débarquement de bateau qui impliquent à chaque fois une nouvelle négociation de relocalisations.
Il y a un grand écart idéologique entre les deux approches : la solidarité européenne pour gérer l’asile, puis la sous-traitance à des autorités. questionnables.
Le contraste est très frappant. On le voit dans l’attitude ambivalente de l’Allemagne, qui ouvre les frontières puis quelques semaines plus tard dit qu’il faut bloquer les flux et passe un accord avec la Turquie. La position de Merkel sur l’ouverture des frontières était lourde à porter politiquement en Allemagne. Et les solutions qu’on a trouvées via ces accords avec des pays tiers posent des questions morales et politiques : la Turquie est-elle bien un pays tiers sûr pour les demandeurs d’asile ? Répond-elle strictement aux conditions de la Convention de Genève ? Cela n’a pas vraiment été tranché. Avec la Libye, c’est bien pire : personne ne va prétendre que la Libye est un pays tiers sûr, certainement pas pour les demandeurs d’asile. Au fond, l’UE délègue à la Turquie et aux gardes-côtes libyens la gestion des flux migratoires en leur demandant de retenir les demandeurs d’asile, des sortes de « pull back ».
D’autres tentatives de réformes ont été amorcées depuis, pourquoi n’ont-elles pas davantage abouti ?
En 2016, la Commission a proposé un mécanisme de crise avec relocalisation obligatoire dès qu’un pays dépassait 150 % d’une charge de demandes d’asile considérée comme normale. Le Parlement européen est allé encore plus loin en proposant d’enclencher le mécanisme dès 100 %. Ce qui était tout à fait inacceptable pour le groupe de Visegrad. Le dossier est revenu en juin 2018 en Conseil européen avec des conclusions très nébuleuses. On introduisait le concept de plateformes de débarquement, censées faire le tri entre les personnes, et l’idée de centres de contrôles d’où s’opéreraient les retours. La Commission a fait le service minimum avec des « non papers » très, très vagues pour expliciter ces mécanismes, semble-t-il pas convaincue et n’ayant pas apprécié le fait de se voir refiler la patate chaude. Toutes ces idées ont disparu une fois les conclusions adoptées.
Quel a été l’impact, au-delà des seules questions migratoires ?
La crise migratoire a été médiatisée à l’extrême – il faut dire qu’il est rare de voir 1 million de personnes converger en quelques mois vers l’Europe –, montrant des Etats agissant dans le désordre le plus complet. La route des Balkans, qu’on a laissé les gens traverser, n’aurait jamais dû exister en vertu des règles européennes. Et on peut applaudir la position de l’Allemagne d’ouvrir ses frontières, mais c’est une transgression du règlement Dublin. Ce désordre extraordinaire a montré une incapacité à résoudre la crise de l’asile qui était d’ailleurs surtout une crise de gestion : 1 million de personnes, ça ne devrait pas être ingérable à l’échelle de l’UE, il suffit de voir ce qui s’est passé au Liban où un nombre similaire de réfugiés a été absorbé. Cette crise a montré que l’Union européenne ne fonctionnait pas, alors même que c’est fondamentalement une responsabilité des Etats membres dans la mise en œuvre de la politique d’asile. Plus largement, elle a mis en lumière les divergences de vues quant au futur de l’Union européenne. Le groupe de Visegrad a posé le débat : l’Europe doit-elle être un territoire d’immigration ? Accueillir une population musulmane ? Cela a permis d’installer l’idée d’un agenda caché de Bruxelles visant à faire des Etats européens des Etats multiethniques. La Pologne a même plaidé pour que l’homogénéité ethnique de sa population, qu’elle ne voulait pas entacher, soit reconnue comme son identité constitutionnelle. La crise de l’asile a généré un débat très profond sur l’identité de l’Union européenne alors qu’on sait très bien que les flux ne peuvent pas être endigués à long terme. La crise financière ou, à présent, la crise du Covid n’ont jamais suscité d’opposition de blocs avec un débat Est-Ouest sur un enjeu aussi symbolique que la migration. L’impact a été extrêmement profond.
Vous êtes optimiste pour la suite ?
Non. Les premiers éléments donnent l’impression que le pacte est une mise sur le papier de l’expérience vécue en Grèce et je ne vois pas bien pourquoi tout à coup ça fonctionnerait. J’ai l’impression qu’on n’a pas trouvé de solution et qu’on s’en contente. Les accords avec les pays tiers permettent de gérer les flux, donc, pour les politiques, s’il n’y a pas d’urgence, il n’y a pas de problème. La question est de savoir ce qui va se produire quand une nouvelle crise arrivera.
Le Soir 22 septembre 2020
De Rick Mertens freet d’Integratiounsministerin, wat d’Regierung mécht fir de Rassismus zu Lëtzebuerg ze bekämpfen.
Le nombre de demandes de protection internationale s’élevait à 91 au mois d’août 2020, pour le même mois de l’année précédente il était de 184.
Tous les chiffres publiés par la Direction de l’Immigration ici
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