E Ronnen Desch fir eis all

Si la venue d’un nombre consistant de demandeurs d’asile a secoué certains pays européens, le Luxembourg s’est distingué par une vague de sympathie dans la population et une action appuyée des pouvoirs publics.

Ces arrivées vont se poursuivre, tout comme le solde migratoire annuel de quelques dix mille personnes. Dès lors, toute la société d’accueil est concernée et ce dans la durée.

Il y a un an l’idée de réunir toutes celles et tous ceux qui se sentent concernés par la question de l’accueil et de l’intégration en général, et par le défi de l’accueil et de l’intégration des demandeurs de protection internationale (dpi) et des bénéficiaires de la protection internationale (bpi) en particulier, a débouché sur la création du Ronnen Desch.

Depuis lors 4 réunions plénières ont eu lieu réunissant « sans hiérarchie ni préséance » des délégués de communes abritant des dpi, des associations, des initiatives nouvelles, les partenaires sociaux, les communautés spirituelles, les partis politiques et des Ministères.

Le Ronnen Desch constitue une plateforme d’échange de celles et de ceux qui sont disposés à s’y prêter. Et ils sont nombreux : plus d’une centaine aux Rotondes, à Strassen, à Steinsel et à Sanem.

A partir des suggestions et pratiques des participants, une corbeille de propositions a été remplie et transmise aux décideurs politiques. Sachant que l’intégration concerne toutes les composantes de la société, les mesures d’intégration doivent être conçues de manière à ce que tout résident puisse en être bénéficiaire.

Cette corbeille embrasse les domaines suivants : la phase d’accueil, la durée de la procédure, le logement, les cours de langue pour adultes, la scolarisation, l’accès au travail, la culture, le sport et les loisirs, l’implication communale, une coordination inclusive et le Ronnen Desch lui-même.

Cette corbeille se situe dans la perspective d’un projet stratégique d’intégration en instance d’élaboration au Ministère de la Famille et de l’Intégration.

Passons en revue quelques – unes des propositions couchées sur 5 pages.

La phase d’arrivée est importante : il s’agit d’y faire un screening de toutes les compétences du dpi tant linguistiques, professionnelles, sociales que culturelles qui seront à partager par toutes les instances concernées dont notamment les Ministères de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Education et de l’ADEM. Si ces dernières semaines, la politique s’est « souciée » de ceux qui n’auraient pas de chance d’obtenir le statut en les dirigeant vers une procédure accélérée, il faudrait offrir à celles et ceux qui ont une « Bleibeperspektive » un accès rapide à formation et travail sans attendre la fin de la procédure d’examen de leur demande. Autant de temps gagné sur le chemin de l’intégration. Il va sans dire que le personnel des Ministères devra être étoffé tout comme celui des structures d’accueil où la priorité (financière) ne devrait pas se situer du côté du gardiennage des foyers, mais de conditions favorisant l’autonomie des concernés. Cuisiner soi – même, acheter ses aliments comme tout le monde au lieu de devoir recourir à une épicerie sur roues très chère, voilà quelques éléments à ce sujet.

Pour ce qui concerne le logement, les réfugiés reconnus et ayant donc le droit de rester au Luxembourg se retrouvent sur un marché où ils ne sont pas les seuls à souffrir de la pénurie de logements à prix abordables. L’Agence Immobilière Sociale joue un rôle important comme interface entre bailleurs et locataires, mais il faudra aménager et construire des logements, beaucoup de logements, dont des logements pour familles nombreuses. Les opérateurs publics comme le Fonds de Logement et la SNHBM doivent augmenter très fortement leurs efforts, de même que les communes, sachant que celles – ci peuvent obtenir jusqu’à 75% de subsides de l’Etat pour du locatif destiné aux couches moins favorisées de la population, de toute la population. Une législation sur la communauté domestique et des modèles de cohabitation intergénérationnelle et interculturelle (Doheem matenen, Cohabit’Age, Neien Ufank, Oppent Haus, Projet intergénérationnel, etc.) sont des pistes à poursuivre et à développer, de même qu’une répartition des dpi sur les communes selon un quota doit être discutée.

Pour répondre au défi de l’apprentissage de langues d’ici, de nombreuses initiatives ont vu le jour, souvent, comme pour d’autres aspects, soutenues par l’Œuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte. Rendre les cours de langue obligatoire doit aller de pair avec une offre à élargir.

Les enfants sont souvent des acteurs d’intégration pour la famille de par la scolarisation prévue (mais pas toujours réalisée) dans les écoles de quartier et non dans le foyer.

Il va sans dire que les Plans Communaux d’Intégration à mettre en place dans chaque commune devraient comprendre aussi un volet spécifique concernant dpi et bpi.

Finalement les efforts entrepris et à entreprendre, la vague d’empathie ainsi que les craintes éventuelles de la population doivent être traités dans un comité interministériel ouvert à la société civile.

Le Ronnen Desch attend les réactions des décideurs politiques.

 

Le groupe de coordination du Ronnen Desch